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2 déc. 2016
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A l'Institut de France, 70 ans de "sculptures vivantes" signées Cardin, académicien-couturier

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2 déc. 2016

Depuis la création de l'Institut de France en 1795, jamais un défilé de mode n'avait été organisé dans ce haut lieu du savoir et des arts : l'Académie des Beaux-Arts a fait une exception mercredi pour l'un de ses illustres membres, Pierre Cardin, 94 ans, pour fêter 70 ans de carrière.


Sous les bustes de Mansart, Montaigne ou Lavoisier, Pierre Cardin a présenté mercredi dans la grande salle des séances de l'Académie des Beaux-Arts qui en a fait l'un des siens en 1991, un défilé-fleuve de quelque 150 modèles, passant en revue 70 ans de création et de « sculptures vivantes » (robes sur mannequins).

Coupeur chez un tailleur pour homme, Pierre Cardin devient en 1946 collaborateur de Christian Dior, avant de créer sa propre maison de couture. Il présente son premier défilé en 1953. Le succès de ses robes-bulles, totalement futuristes, lui permet d'ouvrir ses premières boutiques, avant de lancer en véritable pionnier des licences de sa griffe dans 140 pays.

« Immigré arrivé à deux ans de Vénétie avec vos parents ruinés par la Première Guerre Mondiale, vous avez réussi l'exploit consistant à devenir, et rapidement, l'un des Français les plus connus au monde ! » a déclaré dans un vibrant hommage le graveur Erik Desmazières, président de l'Académie, devant les académiciens et 200 invités, dont le styliste Azzedine Alaïa.

« C'est un jour exceptionnel pour moi. C'est la première fois qu'un couturier présente son travail à l'Académie des Beaux-Arts. Jusqu'ici, il n'y a avait que des peintres, des architectes... » a confié à l'AFP Pierre Cardin, seul styliste français indépendant, propriétaire à 100 % de sa griffe.

« Un immense honneur »

« Pour la première fois en 70 ans de mode, je n'ai pas dormi de la nuit. Je n'ai jamais eu un tel trac avant un défilé », a-t-il ajouté, visiblement très ému. « Depuis que mes pairs académiciens m'ont accueilli en 1991, je ressens un immense honneur. Je n'en ai pas connu de plus grands. L'Académie des Beaux-Arts m'a encouragé à dire et à faire. »

Pour cet anniversaire de carrière, Pierre Cardin a sélectionné ses créations les plus emblématiques dont son célèbre manteau pour femme en laine rouge « plissée Soleil » de 1952 qui a créé sa renommée aux Etats-Unis, mais aussi ses vestes sans col pour hommes que les Beatles ont adoptées.

Des robes cocktail « silhouettes flottantes » en jersey ou lamé, ornées de cerceaux ou d'empiècements géométriques ou de martingales de cuir, les tenues « Cosmocorps » en lainage de 1967, d'autres à effets cinétiques inventées deux ans plus tard, les robes « Cardines » thermo-formées de 1971, les robes manches Pagode, inspiration des nombreux voyages en Asie du couturier, des pantalons pour hommes retenus par de larges bretelles à porter torse nu, étaient au cœur de cette rétrospective qui a mobilisé 50 mannequins.

Selon la tradition, une mariée dans une robe lamée argent sous un long voile de soie blanche a fermé la marche.

Ambassadeur de bonne volonté de l'Unesco, Pierre Cardin est venu saluer en tenue d'académicien, entouré de deux mannequins également en habit vert, sa couleur préférée.

« La raison d'être de ma vie, c'est la mode », a confié à l'AFP le couturier, précurseur du prêt-à-porter. « Je suis un enfant des Faubourgs, je suis devenu Pierre Cardin ! Quand j'étais jeune, bien avant d'être célèbre, une cartomancienne m'a annoncé que mon nom flotterait partout dans le monde. »

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