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A la Biennale du design de Londres, une exploration sensorielle du monde

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4 sept. 2018

Londres, 3 septembre 2018 (AFP) - Humer l'odeur d'une forêt lettone ou le parfum du canard rôti de Hong Kong : à l'heure du Brexit, la Biennale du design de Londres propose une exploration sensorielle du monde pour « corriger la mentalité insulaire du pays ». Le thème de cette deuxième édition est "états émotionnels », car « de toute évidence, nous vivons une époque très agitée émotionnellement et politiquement divisée », a expliqué lundi Christopher Turner, directeur artistique de la manifestation, en présentant l'événement à la presse.


La Biennale de Design de Londres - AFP / Daniel LEAL-OLIVAS


Au moment où le Royaume-Uni divorce d'avec l'UE, la Biennale, qui ouvre ses portes au public mardi et jusqu'au 23 septembre à la Somerset House, est « en quelque sorte celle du Brexit », poursuit-il. Elle vise à "corriger cette mentalité insulaire » et affirmer que « Londres est ouverte, non seulement aux entreprises, mais à la communauté artistique ».

En déambulant dans les installations de 40 pays, de la Chine à l'Arabie saoudite, en passant par le Canada, le visiteur prend le pouls du monde, ses cinq sens en éveil. Il est transporté au milieu d'un atelier de travailleurs indiens fabriquant la teinture indigo, grâce à la projection d'images vidéos le plaçant virtuellement au milieu des ouvriers, tandis que résonnent les bruits de leur labeur et que l'odeur terreuse de l'indigo envahit la pièce.

Il peut aussi remonter la piste du cachemire en Mongolie, en parcourant une installation qui retrace le cycle de la précieuse fibre, des éleveurs nomades de chèvres jusqu'aux vêtements. Le visiteur est encouragé à sentir sa texture nuageuse en passant la main dans de grands bacs transparents.

A quelques mètres de là, une atmosphère toute différente. Bercé par les bruits d'un orage, enveloppé de l'odeur de la forêt lettone, le visiteur peut laisser un mot éphémère sur une vitre recouverte de condensation. Une expérience inspirée par le climat humide de Riga et destinée à « questionner l'existence de la nature dans nos vies quotidiennes et, avec un peu de chance, réévaluer son importance », selon le conservateur, Arthur Analts.

Du côté de Hong Kong, c'est l'odeur de l'opium ou du canard rôti qui chatouille les narines. En grattant un papier peint coloré, différentes effluves jaillissent. Un voyage aromatique mettant en évidence le lien entre odeurs et émotions, clin d'oeil assumé à la célèbre madeleine de Proust.

Ludique

D'autres expériences ludiques sont proposées comme le projet grec « Désobéissance », un thème lié au tempérament grec, explique le designer Nassia Inglessis, évoquant les mythes d'Icare, Antigone ou Prométhée. Il a conçu un tunnel de 17 mètres de long qui ondule et se transforme au fur et à mesure qu'on le traverse, reflétant les différentes émotions vécues par celui ou celle qui s'affranchit des règles, de la curiosité à la frustration en passant par l'excitation ou l'émerveillement.

Représentant le Royaume-Uni, le collectif d'artistes, d'architectes et de journalistes Forensic Architecture expose lui son travail avec l'ONG yazidie Yazda dans le nord de l'Irak afin de documenter les destructions commises par l'organisation Etat islamique. Le collectif, sélectionné cette année pour le prestigieux Turner Prize, qui récompense une oeuvre d'art contemporain, forme des citoyens à prendre des images et réaliser des modèles en 3D des sites yazidis détruits, constituant ainsi des preuves mais aussi de précieux outils pour reconstituer les temples détruits.

Ils montrent à la Biennale leur façon de travailler et les techniques utilisées, y compris des outils bricolés comme un appareil photo protégé par une bouteille en plastique et attaché à un cerf-volant pour prendre des vues aériennes des sites détruits.

« Nous ne pensons pas que le design peut sauver le monde », concède Christopher Turner, « mais nous espérons que, dans une petite mesure, des événements comme (la biennale) peuvent aider à perpétuer cette attitude d'inclusion et d'échanges internationaux créatifs et culturels ».

Par Pauline Froissart

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