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Brexit : un divorce sans accord "plus probable que jamais"

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15 oct. 2018

Luxembourg, 15 octobre 2018 (AFP) - Les dirigeants européens et britanniques ont dit lundi croire encore possible de parvenir à un accord sur le Brexit, malgré l'échec du dernier cycle de négociations qui rend le scénario d'un divorce sans accord "plus probable que jamais" selon Bruxelles.


Philippe Huguen / AFP


« Responsables comme nous le sommes, nous devons préparer l'UE à un scénario sans accord, qui est plus probable que jamais », a écrit Donald Tusk dans son invitation adressée aux membres du Conseil européen, qui se déroulera mercredi et jeudi.

« Nous devons néanmoins rester optimistes et déterminés, car il y a de la bonne volonté à poursuivre ces discussions des deux côtés », a-t-il remarqué. « N'abandonnons pas », a-t-il exhorté, à un peu plus de cinq mois de la date de sortie, le 29 mars.

Ces propos contrastent avec ceux tenus dans l'après-midi par la Première ministre britannique Theresa May. « Je continue de penser qu'un accord négocié est ce qu'il y a de mieux pour le Royaume-Uni et l'UE, je continue de croire qu'un tel accord est réalisable », a-t-elle affirmé devant la Chambre des Communes à Londres. « Personne ne veut » un divorce sans accord, a-t-elle insisté.

Au cours d'une rencontre avec des industriels à Berlin, la chancelière allemande, Angela Merkel, s'est voulue confiante, tout en soulignant la nécessité de préparer un potentiel échec des négociations. « Malheureusement, nous devons actuellement nous préparer à divers scénarios (...) Nous ne devons pas nous mettre la tête dans le sable et dire "tout finira par s'arranger" », a-t-elle averti.

Emmanuel Macron a également estimé possible « d'avancer » vers un accord, tout en rappelant que la France était « prête et préparée à tous les scénarios ».

La Grande-Bretagne et l'UE n'ont « pas d'alternative » que trouver un accord, a souligné pour sa part le chancelier autrichien Sebastian Kurz, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union. « Nous ferons tout notre possible pour éviter un Brexit dur », a-t-il ajouté.

Dimanche, les dernières négociations avant le sommet qui s'ouvre mercredi n'avaient rien donné. Londres et Bruxelles se sont engagés à ne pas réinstaurer de frontière matérielle sur l'île d'Irlande, conformément à l'accord de paix du Vendredi saint signé en 1998, mais cet engagement va à l'encontre de la volonté du Royaume-Uni de quitter le marché unique et l'union douanière européenne.

« Référendum sur l'unification »

Le petit parti d'Irlande du Nord DUP, dont les dix députés sont nécessaires à Theresa May pour disposer d'une majorité absolue au Parlement et qui refuse tout statut spécial pour la province britannique, complique les arbitrages que Theresa May va devoir faire.

« Je ne vois pas quel accord obtiendrait la majorité » au cours d'un vote au Parlement, a déclaré lundi le porte-parole du DUP sur le Brexit, Sammy Wilson, au journal Belfast Newsletter. « Donc il est probablement inévitable que nous aboutissions à un scénario sans accord », a-t-il affirmé.

« S'il y a un crash, s'il y a un Brexit dur, alors il y aura une demande immédiate pour un référendum sur l'unification de l'Irlande », a prévenu Mary Lou McDonald, la dirigeante du Sinn Féin, l'autre principale formation nord-irlandaise, partisane de l'unification.

« Il ne serait pas acceptable que tous les dégâts d'un Brexit dur reposent sur l'île d'Irlande et que le gouvernement britannique s'attende à ce que l'Irlande, du Nord et du Sud, prenne cela avec philosophie », a-t-elle ajouté.

Le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a souligné que l'UE travaillait « dur pour un accord ». « Mais notre travail de préparatifs en vue de toutes les éventualités se poursuit et s'intensifie » pour le cas d'une absence d'accord.

« Novembre ou décembre »

Les dirigeants des 27 partenaires du Royaume-Uni doivent décider de la marche à suivre lors d'un dîner de travail mercredi, juste après une réunion à laquelle la participation de Theresa May a été confirmée.

Il est probable qu'ils délivreront un double message: les négociations se poursuivent mais l'UE doit se préparer à l'hypothèse d'une séparation sans accord, « non parce qu'un accord ne serait plus possible mais parce que le compte à rebours est engagé », a confié à l'AFP un négociateur européen.

Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a, lui, dit s'attendre à un accord plutôt en « novembre ou en décembre ». Un sommet européen extraordinaire consacré aux négociations est envisagé à la mi-novembre, mais n'a pas été confirmé.

« Nous sommes toujours ouverts au compromis mais il y a des fondamentaux sur lesquels un compromis n'est pas possible », a averti le dirigeant irlandais, qui demande au Royaume-Uni de « faire en sorte qu'aucune frontière dure ne sera mise en place sur l'île d'Irlande », quel que soit le scénario du Brexit.

Selon un négociateur, « les Britanniques n'ont pas été en mesure d'accepter » le dispositif négocié pour éviter une frontière. « Il y a un blocage à ce stade mais ce n'est pas définitif. Il appartient aux Britanniques de trancher », a-t-il averti.

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