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24 févr. 2016
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De la maroquinerie en cuir ou galuchat de truite basque

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24 févr. 2016

Transformer la peau de truite en cuir ou galuchat pour de la petite maroquinerie de luxe, c'est le pari de la famille Goicoechea à Banca, au Pays basque, une famille renommée tant pour sa truite très prisée des gourmets que pour ses poteries fabriquées entièrement à la main.


Des articles en cuir produits à partir de peaux de truites sont exposés dans le magasin de la famille Goicoechea à Banca, le 10 février 2016 - I.GAIZKA / AFP


L'idée de transformer la peau de poisson en un cuir original n'est pas nouvelle: le maître gainier-maroquinier du roi Louis XV, Jean-Claude Galluchat (mort en 1774) fut le premier à travailler la peau de raie, donnant ainsi son nom - Galuchat, un l ayant disparu au passage - à ce cuir particulier.

A Banca (Banka en langue basque), petit village blotti dans la vallée pyrénéenne des Aldudes, à la beauté sauvage, les eaux pures et limpides de la source Arpéa, au pied d'un ancien moulin du XVe siècle, accueillent depuis 1965 l'élevage de truites de la famille Goicoechea.

« Ici », argumente Peio, 28 ans, représentant de la troisième génération des Goicoechea, « la truite grandit dans des conditions très proches de l'état naturel. La pureté de l'eau, la qualité des aliments et la faible densité des poissons sont les secrets de la qualité de nos produits », insiste-t-il.

La pisciculture produit 8 à 10.000 truites par an. Elles atteignent 4 à 5 kg, un produit haut de gamme présent à la table de la fine-fleur des restaurateurs jusqu'à Paris et à l'étranger.

« J'ai toujours conservé les peaux des plus grandes truites. Elles sont douces, presque élastiques et très résistantes à la fois, explique Peio. Je savais que de petits objets de maroquinerie étaient fabriqués en peau de certains poissons ou de reptiles. Je me suis dit pourquoi ne pas utiliser celles de nos truites ? »

« Une peau somptueuse »

L'idée prend forme dans la tête du jeune entrepreneur jusqu'à dénicher en Bretagne un tanneur spécialisé dans les peaux précieuses de reptiles ou de certains poissons comme le saumon. « Nous lui avons envoyé nos plus belles peaux » et, quand il est venu, « il a été séduit par nos méthodes de travail, par notre pisciculture qui se visite contrairement à la plupart d'entre elles, par notre savoir-faire et notre notoriété ».

Suite à cette rencontre, le tanneur breton met au point un processus de fabrication. Le résultat est à la hauteur des attentes : « une peau somptueuse » avec tous « les effets de nature », où l'empreinte des écailles est bien visible sur le cuir, attestant d'un produit élevé avec soin.

La suite est allée crescendo. Le tanneur breton met en contact Peio Goicoechea avec un couple de maroquiniers qui a travaillé 40 ans pour Hermès. Et, dès l'été 2014, le magasin de la pisciculture s'enrichit d'une gamme de petite maroquinerie, porte-cartes ou porte-feuilles aux couleurs éclatantes rose, bleu, rouge, ou sobres, marron, bleu marine, gris.

Il est vrai qu'en matière de couleurs, la famille Goicoechea n'a pas grand-chose à apprendre tant elle en joue dans son autre métier de potier-céramiste, sous la houlette de Michel Goicoechea, père de Peio, avec la mise en oeuvre de la rare technique de la corde. Le styliste de la poterie a ainsi mis sa griffe dans la conception des objets en galuchat de truite estampillés « Banka ».

Les prix varient entre 50 à 150 euros, selon le modèle. La pochette, produit phare, se vend à 249 euros.

« Une niche, explorée à pas de loup »

« La pisciculture attire entre 40.000 à 50.000 visiteurs qui s'arrêtent devant notre vitrine de maroquinerie, ce qui permet de réaliser notre propre étude de marché », note Peio. « Nous voulons tout maîtriser, de la fabrication à la vente, c'est la philosophie de la maison », insiste-t-il.

Pour Peio Goicoechea, « c'est une niche qu'il faut explorer à pas de loup ». Pour l'heure, la vente sur place ou par Internet de la maroquinerie concerne environ 2.000 peaux et représente modestement 15.000 à 20.000 euros du chiffre d'affaires global de 700.000 euros.

Son prochain projet est de « développer des espadriles en peau de truite avec le chausseur Donquichosse à Mauléon » (Soule).

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