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Donald Trump s'en prend à l'enseigne Nordstrom

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8 févr. 2017

Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a critiqué mercredi la décision « injuste » de la chaîne de magasins de luxe Nordstrom de cesser de vendre la ligne de vêtements de sa fille aînée, Ivanka.

Ivanka et Donald Trump - AFP


"Ma fille Ivanka a été traitée de manière si injuste par Nordstrom. C'est une personne incroyable qui me pousse toujours à faire le bon choix. Terrible!", a écrit le président sur Twitter, quelques minutes après avoir prononcé un discours sur la sécurité intérieure devant l'association des shérifs américains.

Depuis son élection en novembre, le président Trump s'en est déjà pris directement à plusieurs multinationales (General Motors, Ford...) pour leurs délocalisations au Mexique, mais c'est la première fois qu'une de ses charges est directement liée à une entreprise du clan familial.

Donald Trump a par ailleurs décidé de donner le maximum d'écho à cette attaque en la répercutant sur son compte personnel @realDonaldTrump comme sur celui, officiel, de la présidence américaine @POTUS.

Environnement électrique

Le courroux présidentiel répondait à la décision, annoncée la semaine dernière, de la chaîne de magasins de luxe Nordstrom de retirer de ses rayons les sacs, chaussures et vêtements de la marque Ivanka Trump.

Le groupe, visé par un appel au boycott, a toujours nié toute dimension politique et assuré avoir pris cette décision sur le seul critère de la "performance".

"Au cours de l'année passée, spécialement au cours du second semestre 2016, les ventes de la marque ont régulièrement décliné au point que cela ne faisait plus sens économiquement de continuer pour le moment", a déclaré mardi une porte-parole dans un courriel à l'AFP.

La Maison Blanche a toutefois défendu une toute autre lecture. "Il y a très clairement des tentatives pour salir le nom (d'Ivanka Trump) en raison de mesures précises prises par son père", a accusé le porte-parole de la présidence, Sean Spicer, lors de son briefing quotidien, jugeant la décision de Nordstrom "inacceptable".

Cette controverse illustre d'une part l'environnement électrique auxquels les grands groupes américains sont désormais confrontés. Uber, New Balance, Pepsi ou Budweiser ont ainsi fait l'objet d'appels au boycott lancés par des pro ou anti-Trump.

Nordstrom, qui compte près de 350 magasins aux Etats-Unis et au Canada, figurait, lui, sur la liste des entreprises à boycotter établie par le site "Grab Your Wallet" parce qu'il vendait des articles Ivanka Trump.

Selon le New York Times, une autre enseigne, TJMax, a d'ailleurs ordonné à ses employés de faire disparaître les articles Ivanka Trump de ses présentoirs. Contacté, le groupe n'a pas réagi dans l'immédiat.

Soupçons

Cette passe d'armes vient également renforcer les craintes que la présidence Trump ne brouille les frontières entre politique, intérêts commerciaux et liens familiaux.

"Cela donne l'impression qu'il utilise sa fonction pour promouvoir les intérêts commerciaux de sa fille", affirme à l'AFP Richard Briffault, expert en éthique gouvernementale à la Columbia Law School.

Lors de son briefing, Sean Spicer a tenté par avance de déminer le terrain en défendant le droit de Donald Trump de "prendre la défense de sa famille".

Mais les soupçons sont tenaces et n'ont cessé de grandir depuis l'accession de Donald Trump à la Maison Blanche.

Contre l'avis des experts, le président américain a refusé de couper entièrement ses liens avec l'empire immobilier qui a fait sa fortune. Il en a simplement confié les rênes à ses deux fils aînés et a posé certaines règles, comme l'interdiction de nouveaux contrats à l'étranger.

Il conserve ainsi ses parts dans la Trump Organization, au risque notamment de bénéficier de paiements effectués par des ressortissants étrangers en violation d'une des clauses de la Constitution américaine.

En relançant une vieille action en diffamation à New York, son épouse Melania est également venue accréditer l'image d'un clan déterminé à tirer un avantage commercial de la présidence Trump.

Dans la plainte déposée en son nom, ses avocats soutiennent ainsi que cette ancienne mannequin avait, en devenant Première Dame, "une occasion unique dans une vie, en tant que personne extrêmement célèbre, (...) de lancer une marque commerciale sur une gamme étendue de produits, dont chacun lui aurait garanti des millions de dollars".

Par Jeremy TORDJMAN

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