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12 nov. 2018
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Economie circulaire : comment la mode peut-elle devenir plus vertueuse ?

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12 nov. 2018

A l’occasion d’un état des lieux de l’économie circulaire dans l’univers du textile/habillement, l’Institut national de l’économie circulaire pointe les limites du recyclage textile, et la nécessaire anticipation de la réutilisation des matériaux dès la phase de création.


Shéma du cycle de vie d'un produit textile par l'Ademe - Ademe


Car la réutilisation des textiles demeure techniquement limitée, selon l’observatoire. Le recyclage mécanique du coton est désormais maîtrisé, mais il dégrade la qualité de la fibre, limitant à 20 % la part de fibres recyclées dans les futurs vêtements.

Une situation bien différente de la laine, réutilisable plusieurs fois, tandis que le polyester peut être retransformé en fibres. Un cas particulier, le polyester textile étant principalement transformé en isolant, tandis que les vêtements en polyester recyclé proviennent surtout de bouteilles en plastique, engendrant des transformations fortement consommatrices d’énergies. Mais le principal défi du secteur reste les fibres mélangées, dont l’usage est presque généralisée avec la fast-fashion, et qui rend difficile tout recyclage du fait de la nécessaire séparation des différents composants.

« Un fort investissement est nécessaire pour développer les technologies de recyclage afin que les matières recyclées deviennent aussi rentables que les matières vierges », relève l’institut pour qui une réflexion en amont doit se mettre en place. « Les choix stylistiques peuvent considérablement limiter l’impact environnemental d’un vêtement et améliorer sa circularité », pointe ainsi l’organisme, affirmant que chaque vêtement générerait entre 20 et 30 % de chutes de tissus. Un point jugé « optimisable », à l’instar du choix des matériaux.


Quantification des dépenses énergétiques du secteur - Institut national de l’économie circulaire


L’Institut national de l’économie circulaire prend en exemple le denim, indiquant que seul 30 % d’un jean peut être recyclé du fait des coutures et rivets. Là où des tissus mono-matières faciliteraient le recyclage. Le choix d’utiliser dès le départ des matériaux durables pousse également en ce sens. Sans surprise, l’organisme incite à privilégier le coton biologique au coton conventionnel, ou le lyocell (cellulose d’eucalyptus) plutôt que la viscose, sans oublier des fibres naturelles plus vertueuses telles que le lin.

La place de la teinture n’est pas oubliée, l’INEC reprenant l’affirmation de Greenpeace selon laquelle l’économie des produits chimiques toxiques est préalable à une économie circulaire dans le secteur.

Reste que l’industrie n’est pas la seule à devoir faire un pas vers le circulaire. Le consommateur doit aussi en prendre le chemin, souligne le rapport, qui rappelle que le nombre d’achats de vêtements a accéléré depuis les années 2000 tandis que la durée d’usage d’un vêtement a reculé. Au-delà d’un appel à un rythme de consommation plus raisonné, le rapport pointe les possibilités ouvertes pour des offres alternatives. « Les services de personnalisation et les ateliers de couture ou d’upcycling sont autant de services annexes qui pourraient être proposés par les marques, indique le document. Ces stratégies de marketing aval impliquent le consommateur, lui permettant de cocréer un produit qui correspond à ses goûts et besoins, augmentent son attachement et, en fin de compte, allongent la durée de vie du produit ».


L'explosion des achats d'habillement et l'utilisation moindre de ces derniers reste l'un des premiers défis pour établir une économie circulaire du textile - Institut national de l’économie circulaire


En 2015, l’Union européenne a consommé 6,4 millions de tonnes de vêtements. Un secteur des textiles, linges de maison et chaussures (TLC) qui pèse en France 9,5 kilos de produits mis sur le marché par habitant chaque année. En 2017, ce sont 3,4 kilos de TLC qui auraient été collectés. Soit seulement 36 % du gisement potentiel, souligne l’INEC, qui souligne que 80 % des textiles utilisés par l’UE ne sont aujourd’hui pas recyclés.

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