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Fashion Tech Lab : lancement en grande pompe à Paris

Publié le
3 oct. 2017

Si elle joue sur l'illusion de grandeurs via des murs en miroirs, la salle de réception du Google Arts & Culture Lab (Paris IXe) s'est vite avérée trop étroite pour les embrassades entre designers et dirigeants du secteur, accourus nombreux pour le lancement du Fashion Tech Lab. Se sont croisés au siège de Google ce 2 octobre François-Henri Pinault ou Diane von Fürstenberg, mais aussi Delphine et Antoine Arnault, Azzedine Alaïa, Guram Gvasalia, Alber Elbaz, Jonathan Saunders, José Neves ou Haider Ackermann…

A la veille du dernier jour de la Paris Fashion Week se tenait en effet cet évènement visant à soutenir financièrement les développeurs de technologies alternatives et durables pour l’industrie de la mode.

Miroslava Duma, François-Henri Pinault et Stella McCartney lors du lancement du Fashion Tech Lab, le 2 octobre à Paris - Mathieu Guinebault


Sept vitrines présentaient des technologies et procédés alternatifs applicables au secteur de la mode : des fils Bionic, issus de la collecte de plastiques polluant les océans, au procédé de recyclage Worn Again, permettant de séparer cotons et polymères, en passant par la technique Osomtex, de transformation de tissus usagés en fil uniforme. Mais également le Bolt Threads, qui reproduit à grande échelle la soie arachnéenne, et le dispositif de traitement anti-odeur à base de menthe Mint Materials.

Les deux technologies les plus étonnantes étaient sans doute Diamond Fondry, capable de produire de véritables diamants purs via un réacteur au plasma, et Vibrolabs, qui permet de cultiver en laboratoire du cuir à partir d'ADN de vache, crocodile, autruche et autres.

Pour accueillir les invités de l'événement, une Stella McCartney, enthousiaste, qui a récemment intégré le conseil d’administration du FTL et était venue prêter main forte à l’instigatrice du projet, Miroslava Duma (Buro 24/7, The tot, Reformation, RewardStyle...). Pour celle-ci, une assemblée de tel renom était essentiel.

« Il faut que tout le monde joigne ses forces pour que ce mouvement se fasse de manière plus fluide et rapide, explique-t-elle à FashionNetwork.com. Car cela se fera, avec ou sans nous. La question pour les professionnels est de savoir s’ils en seront ou non. (...) Dans presque tous les pays, il y a des gens qui inventent de nouveaux procédés. Et FTL ne fait pas qu’investir dans les nouvelles technologies. Nous les amenons aussi vers l’industrie. »

C'est notamment ainsi que FTL a investi dans Orange Fiber, société qui, comme son nom l’indique, propose des tissus à base de peau d'orange. Une technologie ayant déjà donné naissance au printemps à une collection capsule avec Salvatore Ferragamo.

« C’est le sens de l’histoire »

« Il est clair que certains matériaux que nous utilisons aujourd’hui pourraient disparaître ou être interdits : notre responsabilité est de trouver des alternatives intelligentes, explique à FashionNetwork.com François-Henri Pinault, PDG du géant Kering. C’est notamment le rôle des grands groupes. Cela rejoint un travail que l’on fait sur les nouveaux matériaux depuis quelques années. Nous travaillons même avec certaines sociétés présentées ici. »

FTL


« C’est le futur, s'enthousiasme quelques minutes plus tard Antoine Arnault, administrateur du groupe LVMH et directeur général de Berluti. Et je vois déjà les utilisations que l’on pourrait en faire dans notre industrie. Par exemple, avec la création de cuir par cellule souche. Si l'on peut avoir un cuir de même qualité que l’existant sans avoir à abattre des animaux, ce serait quelque chose d’extraordinaire et révolutionnaire. On est ouvert à toutes les idées. C’est le sens de l’histoire. Le jour où nous trouverons une matière de substitution, nous l’utiliserons, sans aucun scrupule. »

« C’est génial car c'est le côté optimiste de ce qui arrive à l’humanité », explique de son côté Diane von Furstenberg, qui siège également au conseil du FTL. C’est le moment de prendre conscience. Il y a un chamboulement total qui est difficile à accepter et à prévoir, mais il faut se jeter dedans. Les designers doivent participer. Il faut oser ! »

« Maintenant, nous pouvons utiliser le futur, par la technologie et l’innovation, pour changer. Et si un designer n’est pas enthousiasmé par le durable, très franchement, je ne comprends pas », s’agace pour sa part Stella McCartney. Pour la designer, au-delà les impératifs moraux, le simple attrait de la nouveauté devrait séduire le secteur créatif (lire notre interview à paraître de la créatrice).

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