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4 juil. 2014
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Henri Sebaoun: "Carven n'est pas une marque de luxe"

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4 juil. 2014

Après une période riche en ouvertures de points de vente, le président de Carven, Henri Sebaoun, commente dans FashionMag le parcours de la griffe française au positionnement singulier dans le monde de la mode.

Henri Sebaoun


FashionMag : Où en êtes-vous dans le plan de marche de Carven ?
Henri Sebaoun : Nous n’avons pas de plan de marche avec des étapes. On s’était donné l’ambition de refaire de la griffe un acteur de la mode. C’est en quelque sorte fait aujourd’hui avec Guillaume (Guillaume Henry, le directeur artistique de la griffe NDLR.). Aujourd’hui, on modélise le business.

FM : Vous avez ouvert beaucoup de boutiques ces derniers temps. Combien en comptez-vous aujourd’hui ?
HS : Aujourd’hui, nous avons plus de 25 points de vente à l’enseigne. Sept sont des succursales, quatre à Paris, une à Cannes, une autre à New York et encore à Londres. Les autres sont des boutiques partenaires avec une forte présence en Asie. Par exemple, nous comptons quatre points de vente à Hong Kong, trois à Taïwan, un à Tokyo, un à Singapour, à Jakarta, à Manille. Nous avons aussi 4 boutiques en Chine et une au Qatar. Nous allons ouvrir deux boutiques à Pékin. Il faut ajouter à tout cela huit shop-in-shops au Japon, quatre en Corée du Sud, trois à Paris. Nous allons en ouvrir un en Russie ce mois de juillet.

FM : Carven, c’est une marque mondiale à voir la présence de la griffe un peu partout ?

HS : Depuis le début de notre histoire chez Carven, la France n’a jamais dépassé 20% de l’activité, même si c’est le premier pays devant le Japon et les États-Unis. On a aussi constaté que l’Asie, naturellement, a apprécié notre style.

FM : Vous avez un partenaire musclé dans cette région du monde…

HS : De fait, nous avons comme distributeur le groupe Bluebell qui diffuse nombre de grandes griffes dans la région. Sur la Chine continentale, nous sommes même en joint-venture.

FM : Et le wholesale ? Combien avez-vous de clients multimarques dans le monde ?
HS: Nous comptons quelque 600 revendeurs multimarques dont 90 en France.

FM : Comment expliquez-vous l’engouement pour Carven ?

HS : Notre positionnement correspond à une demande de la part de la clientèle aujourd’hui. Carven n’est pas une marque de luxe. Aux États-Unis, on parle de design contemporary. Sauf que les marques américaines équivalentes sont plus casual. Les grands magasins américains consacrent d’ailleurs plus de surface aux marques contemporary. Nous privilégions la créativité, mais nous n’avons pas comme certains créateurs un discours de rareté. D’ailleurs, nous revendiquons une accessibilité en prix avec des robes autour de 350 euros. Le style Carven, c’est aussi de la fantaisie, de l’humour. Et puis, il faut faire attention à l’usage du mot luxe. C’est quasiment un code poubelle aujourd’hui. D’ailleurs, les grandes Maisons du luxe s’en rendent compte puisqu’elles lancent toutes des lignes plus haut de gamme, plus luxueuses.

Visuel collection resort 2015


FM : Mais alors, sur quel segment du marché vous sentez-vous le plus à l’aise ?
HS : Carven peut plaire à des gens différents. La marque est d’une certaine manière transgénérationnelle. Des clientes du luxe viennent chez nous. Aux États-Unis et au Japon, nous avons aussi une clientèle plus jeune qu’en Europe. Mais je pense qu’il s’agit surtout d’une question de moyens de leur part. Pour autant, nous nous reconnaissons aussi un parti pris créatif qui est segmentaire. Mais cela nous permet aussi d‘exister dans le monde de la mode.

FM : De fait, le travail de Guillaume Henry est manifestement apprécié par le milieu de la mode. Cela est une satisfaction pour vous et les équipes, j’imagine.
HS : Bien sûr, c’est un élément important d’autant plus que c’était notre volonté. Cela passe par les défilés. Cela peut toutefois, d’une certaine manière, être un frein à notre développement. Certains consommateurs pourraient penser que nous ne sommes pas pour eux, que nous serions trop cher, etc. C’est d’ailleurs pour cela que nous choisissons des artères pour nos boutiques qui ne sont pas des artères du luxe. Saint-Sulpice, par exemple, nous va très bien. On doit travailler pour que ces consommateurs, que nous pensons pouvoir séduire, n’aient pas peur de pousser la porte de nos boutiques. Pour cela, nous venons par exemple de refondre notre site internet avec l’agence Mazarine. Nous souhaitons garder le contact avec les jeunes, utiliser les réseaux sociaux, faire savoir notre actualité. Cela sera aussi mis en œuvre dans le choix de nos prochaines campagnes. C’est notre objectif pour cette année. Cela mérite bien un frein dans les ouvertures, d’autant plus que depuis un moment nous connaissons des progressions d’activité à deux chiffres. A ce titre peut-être, on peut parler d’une nouvelle étape !

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