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L'intérêt de LVMH pour Le Parisien déconcerte les analystes du secteur Luxe

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26 mai 2015

En annonçant son intention de racheter Le Parisien, LVMH déconcerte certains analystes du secteur du luxe qui ne voient pas le bénéfice stratégique d'un nouveau titre de presse pour le géant qui possède déjà les Echos, mais doit avant tout gérer une soixantaine de marques prestigieuses.

Bernard Arnault

Le numéro un mondial du luxe a indiqué mardi être en négociations exclusives avec le groupe Amaury pour lui racheter Le Parisien/Aujourd'hui en France, dont les ventes cumulées atteignent 378.000 exemplaires par jour, soit le 2e rang des quotidiens français derrière Ouest-France.

Le groupe de Bernard Arnault avait déjà racheté en 2007 le groupe Les Echos - qui comprend le quotidien économique Les Echos, mais aussi Radio Classique ainsi que les magazines Investir et Connaissance des Arts - pour 240 millions d'euros. Les Echos ont été le seul quotidien à avoir accru ses ventes l'an dernier dans un secteur de la presse imprimée laminé par la concurrence d'Internet.

« Autant on pouvait comprendre le rachat des Echos car ils font de l'actualité économique, mais Le Parisien ? Je ne vois pas ce que cela peut amener au profil Luxe du groupe », ou en quoi cela l'aiderait « à être meilleur sur le secteur, il n'y a aucune synergie avec les métiers du groupe », a commenté à l'AFP un analyste parisien qui souhaite garder l'anonymat.

« Bernard Arnault a suffisamment de surface financière pour s'offrir tout seul un journal, alors pourquoi il passe par LVMH ? On n'est pas dans une logique économique », poursuit-il, se disant « sceptique ».

Le géant LVMH compte dans son escarcelle plus de 60 marques, dans la mode (Louis Vuitton, Fendi, Givenchy, Marc Jacobs), les spiritueux (Hennessy, Moët et Chandon, Dom Perignon), la joaillerie et l'horlogerie (Bulgari, Chaumet), les parfums et cosmétiques (Guerlain) ou encore la distribution sélective (Sephora).

Si le groupe de Bernard Arnault ne détaille pas les raisons de son intérêt pour Le Parisien/Aujourd'hui en France, le groupe Amaury, propriétaire des deux titres, indique dans son communiqué que LVMH « souhaite renforcer ses activités dans le secteur des médias en se dotant d'un très bel actif ».

Le Parisien va ainsi « continuer son développement en s'appuyant sur la puissance du pôle presse du groupe LVMH », a commenté Philippe Carli, directeur général du groupe Amaury.

Le rachat des Echos n'est pas le seul investissement dans la presse décidé par LVMH : Mediapart avait révélé en 2014 - en publiant des documents déposés au tribunal de commerce - qu'une filiale du groupe avait financé à hauteur de 6 millions d'euros le quotidien libéral l'Opinion, lancé en mai 2013, et qu'une de ses filiales avait également injecté 300.000 euros dans la société éditrice de slate.fr.

« Cet achat n'est pas du tout dans le coeur du business, LVMH fait du luxe. Donc ce type d'investissement est vraiment considéré comme secondaire. Et puis quel est l'intérêt du groupe sinon peut-être d'avoir une presse un peu plus favorable ? Mais c'est la stratégie des grands groupes industriels dans tous les pays d'acheter des journaux », note un analyste basé à l'étranger.

« Ce type de journaux ne rapportent pas vraiment d'argent, c'est peut-être pour cela que Bernard Arnault ne le rachète pas personnellement mais via LVMH, car pourquoi perdre de l'argent tout seul quand on peut partager les pertes ? » s'interroge-t-il.

En 2014, LVMH a dépassé les trente milliards d'euros de chiffre d'affaires et son bénéfice net a atteint les 5,65 milliards d'euros.

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