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La blockchain, technologie du bitcoin, séduit dans les campus américains

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6 nov. 2017

(AFP) - La « blockchain », technologie derrière la monnaie virtuelle bitcoin, séduit jusque dans les prestigieuses universités américaines dont certaines en ont fait une vedette en lui consacrant des cours et des conférences.


« C'est la plus importante technologie depuis Internet », vante le club des étudiants férus de technologies appliquées à la finance de Berkeley-Haas pour promouvoir une de leurs rencontres en mars dernier.

Dans cette école de commerce de l'université de Berkeley, près de San Francisco, l'engouement autour de la blockchain a débouché sur un cours spécifique, une première, pour étudier et examiner comment cette technologie peut et va transformer la vie des entreprises et notre quotidien.

A compter de janvier 2018, soixante élèves, triés sur le volet dans les départements de commerce, d'ingénieurs et de droit vont ainsi plancher par groupe de six sur ses usages plausibles et économiquement viables.

Berkeley promet des conférenciers venus d'horizons divers : des financiers classiques aux jeunes entrepreneurs ne jurant que par des algorithmes en passant par des juristes, banquiers et chefs d'entreprises.

« Quand les gens entendent blockchain, ils pensent crypto-monnaies et fraude », explique à l'AFP Greg LaBlanc, un des deux enseignants à l'origine du cours. « Or nous pensons qu'elle va avoir un gros impact sur les contrats, la logistique, la santé, les transactions financières. Quasiment toute activité économique va être affectée », s'enthousiasme-t-il.

« Nous essayons d'exposer les élèves aux idées et pratiques qui vont les rendre le plus efficaces possibles dans leurs fonctions » futures, renchérit Fritz Foley, enseignant à Harvard.

La blockchain utilise des blocs de transactions codés et authentifiés s'ajoutant les uns aux autres et se présente sous la forme d'un grand registre public réputé infalsifiable car toute modification d'information doit être simultanément faite chez tous les utilisateurs.

La grande distribution espère qu'elle pourra garantir la traçabilité des denrées alimentaires et permettre de limiter les scandales sanitaires, tandis que la haute joaillerie mise sur elle pour détecter les diamants « du sang » et ceux liés au travail forcé des enfants.

Dans la finance, la blockchain devrait rassurer le vendeur d'un produit financier sur la solvabilité de l'acheteur et réduire les coûts de nombreuses opérations financières.

Ces espoirs interviennent au moment où l'industrie financière est de plus en plus automatisée et bousculée par des startups (Fintech), qui révolutionnent le secteur bancaire, du prêt à l'épargne en passant par le courtage à coup de technologies.

Les traders doivent apprendre à coder, tandis qu'il est recommandé aux banquiers de comprendre des algorithmes permettant d'analyser des masses de données (big data) pour gagner de nouveaux clients, détecter de nouveaux marchés ou élaborer des stratégies d'investissements.

« Nous recrutons des candidats qui sont familiarisés avec des technologies sophistiquées. S'ils ne comprennent pas la blockchain, s'ils ne comprennent pas comment évaluer une entreprise qui veut utiliser la blockchain, ils ne seront pas des bons candidats pour nous », affirme à l'AFP Stephen Daffron, associé chez la société de capital-investissement Motive Partners, qui investit principalement dans des « Fintech ».

Le financier, qui est également intervenant à l'école de commerce de l'université de Yale (Connecticut, est), indique que le secteur de l'investissement alternatif cherche de jeunes diplômés techno-compatibles.

Le message a été entendu dans les campus : « Nous avons observé un nombre croissant d'élèves qui choisissent d'explorer les sciences informatiques afin d'être mieux préparés à l'utilisation croissante des technologies dans beaucoup de domaines » dont la finance, raconte Barbara Hewitt, responsable du département placement à l'école de commerce de Wharton (Pennsylvanie). A Yale, un cours sur les technologies financières a vu le jour depuis la dernière rentrée.

Les banques et institutions financières sont un des premiers pourvoyeurs d'emplois et de stages pour les diplômés de grandes écoles de commerce. Environ 20 % des élèves de la promotion 2016 de Yale ont trouvé un emploi dans la finance, selon des chiffres fournis par l'école.

Si l'engouement autour de la blockchain est indéniable, les qualités traditionnelles d'analyse, de maîtrise de la comptabilité, de jugement, de connaissances en économie, en mathématiques et en sciences physiques restent encore les premiers critères de recrutement pour de nombreuses entreprises, dit-on à Harvard et à Wharton.

« Les entreprises continuent à vouloir des diplômés avec des capacités de management », tempère également Abigail Kies, vice-doyenne en charge du développement des carrières à Yale.

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