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La mode islamique, confidentielle en France, s'achète sur internet

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21 avr. 2010

PARIS, 21 avr 2010 (AFP) - Il existe sans doute autant de façons de porter le voile que de contes des mille et une nuits mais la mode islamique reste confidentielle en France et s'achète surtout sur le net où le débat sur l'interdiction du voile intégral dope les visites des internautes.


www.jahida.com

Abdelali, 28 ans, qui a fondé Jahida.com, une société de vente par correspondance islamique fondée en 2003, le confirme: "les débats sur l'interdiction du port du niqab (que le gouvernement veut interdire dans tout l'espace public, ndlr) font grimper la demande comme les visites d'internautes, 8.000 à 10.000 contre 5.000 habituellement en moyenne".

Jahida.com compte quelque "30.000 clients", selon lui. Elle vend aussi bien des niqab que des petits pots bio pour bébés estampillés "halal".

La mode islamique, qui repose sur une interprétation rigoriste du coran, obligeant la femme à se voiler, s'est développée au cours des cinq dernières années mais reste ultraminoritaire parmi les cinq millions de musulmans de France, selon les spécialistes interrogés par l'AFP.

"Le jilbab, petit prix, qui a tout d'un grand, soldé 17,99 euros en kaki" annonce Al Moutazimoun.com pour vendre cette cape intégrale, souvent marron ou noire, ne laissant voir que l'ovale du visage, et auquel il suffit d'ajouter un sitar (voile couvrant le visage sauf les yeux) pour obtenir un niqab (voile intégral). Adil Chaab, son responsable, explique à l'AFP vendre surtout "des hijab (voiles courts) et jilbab, 60% de son activité".

Le site Muslima Tendance vante les charmes de l'abaya (djellabah) "col mao" et Hasna-style des tuniques dans lesquelles "la pudeur souligne la beauté". Muslima Confection offre un savon à l'huile de nigelle "pour deux jilbab achetés".

Bassma Wehde, 42 ans, a créé son site Zaynab.fr il y a trois ans. Elle fait confectionner ses articles, "sur mesure", à Nice : "parce que je porte le voile moi-même et que j'ai besoin de travailler". Sa clientèle, "en majorité des converties" augmente "depuis janvier".

A Paris, Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), seules quelques boutiques proposent des vêtements traditionnels aux couleurs sombres, à prix modestes. "Ce n'est pas une mode ! On doit cacher ses formes, être discrète", s'offusque une jeune femme en jilbab accompagnée de sa cousine en jeans et voilée. "Mon jilbab, c'est l'aboutissement de mon cheminement spirituel. Je ne me montre pas au regard étranger. Chez moi, je fais ce que je veux", assure-t-elle.

Pas de défilés, pas de magazines. Pas de confusion possible non plus avec les boutiques spécialisées dans les tenues de fête colorées et scintillantes, prisées dans tout le Maghreb.

Chaque année, les tendances s'exposent néanmoins aux rencontres de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) au Bourget (Seine-Saint-Denis).

En 2009, la presse s'était intéressée au burkini (maillot de bain islamique) et à des T-shirts avec des symboles comme la profession de foi musulmane, un doigt levé vers le ciel.

Ce code vestimentaire concerne d'abord une minorité, très active, "au moins 50.000 personnes" se reconnaissant dans les différents courants salafistes et "séduites par le discours d'idéologues islamistes", selon Mohammed Sifaoui, journaliste et auteur de "Pourquoi l'islamisme séduit-il ?" (Armand Colin).

Samir Amghar, spécialiste du salafisme à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) estime "qu'un quart à un tiers d'entre elles sont des converties".

Par Sandra LACUT

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