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4 nov. 2015
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Le Chameau continue sans son usine française

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4 nov. 2015

Le Chameau ne pourra plus faire valoir son Made in France. D’ici la fin du premier trimestre 2016, la marque, propriété depuis 2012 du fonds britannique Marwyn Management Partners, fermera définitivement sa dernière unité de production française. Les 55 salariés de l’usine de Cahan, dans l’Orne, ne produiront plus les bottes haut de gamme de l’entreprise française née en 1927.

La marque perd son made in France - Le Chameau


Les négociations concernant la mise en place d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) débuteront le 10 novembre. Les salariés, rapporte la presse locale, ont vu un nouveau directeur du site arriver en 2014, puis la situation se dégrader avec la fin d’activités considérées comme porteuses et les fermetures des magasins d’usine de la marque jusqu’à une coupure nette de la présence de la direction.

De son côté, la direction, via le directeur général adjoint Jean-Philippe Dubs, explique que la volonté est à présent de trouver une solution de reclassement concertée. Le manager de transition, qui a pour mission d’optimiser cette fin d’activité du site et a annoncé le projet de la société aux salariés vendredi dernier, explique notamment que l’entreprise va mettre des ressources en œuvre si besoin via une entreprise de reclassement. La possibilité d’une reprise du site par un autre acteur, sur un autre segment d’activité, n’est pas exclue. Le directeur général adjoint précise que pour permettre la continuité d’activité sur les quatre prochains mois, la direction et les salariés ont trouvé un accord sur un aménagement du temps de travail.

Cette décision de fermeture du site français, berceau de la marque, est légitimée par une production n’étant plus compétitive. « La marque a été créée en 1927 en Normandie, mais dès les années 1940, une seconde usine a été construite à Casablanca, au Maroc, précise Jean-Philippe Dubs, avec quasiment exactement le même savoir-faire. Casablanca réalisait déjà 87 % de la production. Le fonds de l’affaire, c’est que, déjà avec le groupe Lafuma, il y avait une troisième unité, basée en France, qui avait été fermée. Le maintien de l’activité en Normandie était une façon de s’octroyer un made in France. Mais concernant le coût de production, il y a un rapport de 1 à 3 entre les deux unités. D’autant que les droits de douanes sont inférieurs pour les exportations marocaines sur le marché américain. L’usine était vieillissante et la situation n’avait pas été traitée en amont. »

Selon le dirigeant, le fonds d’investissements britannique aurait injecté 10 millions d’euros dans Le Chameau, notamment pour compenser des pertes. Côté salariés, on réfute cette vision et dénonce une casse volontaire diligentée par le fonds pour un outil de production qui avait un potentiel de rentabilité.

Le Chameau conserve cependant son service après-vente à Bourges et une équipe de direction et de marketing à Paris. La marque, qui aurait vu son chiffre d’affaires reculer de 25 %, réaliserait près de 20 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’ensemble de la production, focalisée sur la botte, sera donc basée à Casablanca. Et le fonds prévoit d’injecter 10 millions d’euros supplémentaires sur les trois prochaines années, hors coût de cessation de l’activité de l’usine de Cahan.

Ce montant doit permettre de soutenir la transition de la production vers Casablanca. Mais aussi permettre de développer d’autres marchés. Alors que la France reste le premier marché de la marque, sa direction vise un développement sur la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Alors qu’elle travaillait via des grossistes, elle entend densifier sa relation commerciale avec les retailers locaux.

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