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Le jean amorce un retour aux sources pour les exposants du salon du denim

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5 déc. 2007

PARIS, 5 déc 2007 (AFP) - Le jean, décliné sous toutes les coutures depuis de nombreuses années jusqu'à des versions luxueuses, va succomber à la mode du "vintage" pour se rapprocher de son aspect originel de vêtement d'ouvrier, selon des exposants au premier salon du denim, qui se tient mardi 4 et mercredi 5 décembre à Paris.



Les rapiéçages et traces d'usure ou délavages "n'auront rien à voir avec ceux qu'on voit dans la rue aujourd'hui", affirme Pascaline Wilhelm, directrice de la mode du salon. "On a une sophistication du détail, de l'usure, qui n'existait absolument pas il y a encore deux ou trois ans".

"Il y a vraiment un travail d'addition de techniques (...) On n'est pas juste sur du trou, du délavage. Il y a beaucoup plus de subtilité dans les résultats visuels et tactiles", souligne-t-elle.

Baptisé "Denim by Première Vision", le salon a rassemblé 45 entreprises d'Europe, d'Amérique et du Japon, spécialisées dans le tissage du denim et le délavage du célèbre pantalon à cinq poches et à rivets né en Californie, au XIXe siècle, en pleine ruée vers l'or. Les exposants présentaient leurs collections printemps-été 2009 comprenant de nombreux jeans usés, maculés, froissés, déchirés et rapiécés.

"La tendance du denim aujourd'hui, c'est le vintage", affirme Massimo Munari, styliste pour la société italienne Rad Rags qui utilise notamment des moisissures pour obtenir un aspect rouillé.

Depuis quelques saisons, "les jeans étaient redevenus propres, nets" mais maintenant "nous misons entièrement sur le vintage, avec des tissus tachés, un aspect usé" ou "froissé", explique José Luis Zabaleta, directeur commercial de Tavex Algodonera, une entreprise hispano-brésilienne qui produit tous les ans 250 millions de mètres de denim.

Jusqu'aux années 80, explique-t-il, "le textile avait évolué dans d'autres types de tissage, mais le denim était toujours le même". Puis "est apparu le délavage, apportant des possibilités infinies en matière de couleurs", et les progrès technologiques ont ouvert la voie aux innovations.

L'aspect vieilli résulte d'un "process complexe de manipulations où les interventions sont manuelles", explique Philippe Friedmann, consultant pour le salon. "Ce travail équivaut à un tiers du prix du produit fini".

Un jean peut subir une dizaine de traitements qui nécessitent jusqu'à deux jours, explique Maurizio Amati, l'un des dirigeants de l'entreprise italienne Nuova Lac SpA. Outre le délavage à la pierre ponce (stone wash), il peut être séché, gratté, traité à la résine ou aux polyuréthanes, déchiré, rapiécé... Un "accélélateur chimique" permet de réduire la durée du délavage, et le jet de sable a remplacé le papier de verre pour obtenir l'aspect usé.

Les Français Marithé et François Girbaud, spécialisés dans le jean de luxe, viennent de renoncer au délavage à l'eau, lui préférant une nouvelle technologie, le laser, au nom de la préservation de l'environnement.

D'autres fabricants affichent également des préoccupations écologiques. Nuova Lac SpA récupère ainsi une partie de l'eau, après l'avoir débarrassée des miettes de pierre ponce, utilisées pour fabriquer du ciment.

Tavex a créé une ligne en coton bio mais elle se développe "lentement", parce "la matière première et tout le processus de production est beaucoup plus cher", explique M. Zabaleta.

"Il n'y a pas assez de coton bio pour alimenter les trois milliards de mètres de denims produits par an sur la planète", relève le directeur du salon, Philippe Pasquet.

Dans tous les cas, le jean a de beaux jours devant lui car il lui reste des terres à conquérir, souligne M. Zabaleta, en citant l'Inde et le Pakistan.

Par Dominique SCHROEDER

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