Par
AFP
Publié le
3 avr. 2008
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Le luxe confiant d'échapper à la crise en 2008

Par
AFP
Publié le
3 avr. 2008

BALE (Suisse), 3 avr 2008 (AFP) - Faisant fi de l'assombrissement de la conjoncture en 2008, l'industrie de l'horlogerie et de la joaillerie de luxe s'attend à un très bon cru cette année et mise sur la frénésie consumériste en Asie.


Philippe Patek campagne publicitaire

"Notre industrie et notre économie pourraient être fragilisées à tout instant" par la crise des "subprimes", reconnaît Jacques Duchêne, président de l'exposition Baselworld qui a ouvert ses portes jeudi à Bâle.

Malgré ces propos alarmistes, l'ambiance est au beau fixe dans les allées du plus grand salon mondial de l'horlogerie et de la bijouterie, où plus de 2 000 exposants présentent pendant sept jours leurs plus prestigieux modèles aux visiteurs et professionnels du monde entier.

La crise des crédits hypothécaires américaine, qui devrait provoquer un ralentissement conjoncturel mondial cette année, "aura des répercussions dans tous les domaines", y compris dans l'horlogerie, estime Claude Peny, directeur général de la marque genevoise Patek Philippe.

Mais "après cinq années de boom, face à une situation de surchauffe, (un ralentissement) peut nous faire du bien", a-t-il déclaré à l'AFP, ajoutant que les carnets de commandes du secteur dépassent de 20 à 30 % les capacités.

Les exportations horlogères de la Suisse, l'un des leaders mondiaux du secteur, ont enregistré en 2007 une année record avec une hausse de 16,2 % à 15,96 milliards de francs suisses (9,9 milliards d'euros).

De nombreux horlogers se retrouvent face à des carnets de commandes remplis à ras bord, ne pouvant livrer leurs clients avant de nombreux mois.

La marque française Yema anticipe également une poursuite de sa croissance en 2008, selon son président Louis-Eric Beckensteiner.

"L'engouement pour l'horlogerie est toujours là (...) les gens achètent de plus en plus de montres haut de gamme", indique M. Beckensteiner, ajoutant que la marque va développer son activité en Chine, notamment à Hong Kong et Macao, mais aussi à Taiwan.

Chez le suisse Chopard, qui produit également des bijoux haut de gamme, "les carnets de commande sont plein", selon son co-président Karl-Friedrich Scheufele, qui voit des perspectives de croissance dans les pays de l'Est, l'Inde et la Chine.

Les pays émergents sont devenus l'un des grands débouchés du luxe. Pour les horlogers helvétiques, Hong Kong est passée fin 2007 devant les Etats-Unis en matière d'exportations, avec une hausse des ventes de 18,3 %.

Hong Kong est devenu en quelques années un marché clé pour la Suisse, non seulement en raison du goût prononcé de ses habitants pour le haut de gamme helvétique, mais aussi grâce aux Chinois venant y faire leurs emplettes.

"Le niveau de vie et les revenus en Chine continuent de croître (...) les gens doivent trouver les moyens" de dépenser leur argent, affirme Benjamin Chau, directeur adjoint de la Chambre de commerce de Hong Kong.

"La joaillerie, les montres et la cosmétique sont des produits +obligatoires+" pour les nouveaux riches en Chine, précise-t-il.

Seule voix dissonante, le très influent président du groupe suisse Swatch, Nicolas Hayek, juge que "les marques horlogères suisses ont tort de se focaliser uniquement sur le luxe".

Dans un récent entretien au quotidien La Tribune de Genève, le patron du numéro un mondial de l'horlogerie estime que le secteur risque "de revivre exactement ce qui s'est passé il y a 25 ans".

La Confédération n'avait alors plus de part de marché dans le bas de gamme, moins de 1 % dans le moyen de gamme et produisait des montres de luxe à hauteur de 92 %, selon M. Hayek.

"La seule façon de remonter la pente était d'attaquer dans le bas de gamme", selon le président de Swatch.

Par André LEHMANN

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.