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Les Toiles de Mayenne, une saga familiale de 200 ans

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24 sept. 2006

LA-FONTAINE-DANIEL (Mayenne), 24 sept 2006 (AFP) - Depuis 200 ans, l'entreprise Toiles de Mayenne fabrique ses tissus de coton dans le même village avec aux commandes une famille qui continue à parier sur le haut de gamme pour résister à la mondialisation.


Une chaîne de production des Toiles de Mayenne


Raphaël, Michael et Grégoire Denis, les directeurs actuels, forment la septième génération à créer, fabriquer et vendre des étoffes sur le même site de La-Fontaine-Daniel, au nord de Laval. "Nous faisons tous les métiers, du tissage à la vente dans nos propres boutiques, en passant par la teinturerie et la confection", explique Raphaël.

Avec son frère Grégoire et son cousin Michael, il a fait évoluer ces dernières années l'entreprise familiale vers la vente dans ses boutiques de tissus d'ameublement haut de gamme, "un marché de niche".

L'entreprise a également su évoluer avec son temps, chaque génération apportant sa pierre à l'édifice. "Si on est encore là c'est qu'on a une bonne réputation au niveau qualité-prix", affirme Raphaël Denis. "Cela nous a permis de résister à la disparition de la filière textile en France".

La longévité de l'entreprise n'est d'ailleurs pas sa seule curiosité. Le site lui-même, une ancienne abbaye cistercienne achetée en 1806 par deux Parisiens pour ouvrir une filature et un tissage de coton est devenu au fil des ans un village ouvrier où espaces de travail et d'habitation se sont harmonieusement imbriqués.

"Cette entreprise représente une aventure collective à la fois industrielle, sociale et architecturale", explique Raphaël Denis. Le village a été créé autour de l'abbaye et de l'usine "sous l'inspiration d'une pensée sociale et d'une recherche esthétique en évolution continuelle".


Des rouleaux de tissus Toile de Mayenne

Les premiers bâtiments collectifs apparaissent vers 1830 suivis, 90 ans plus tard, par des maisons individuelles. Les nouvelles constructions sont réalisés par les corps de métier de l'entreprise, dans un style architectural sobre, en granit.

Pour Raphaël Denis, "l'histoire textile et sociale de La-Fontaine-Daniel s'inscrit entre paternalisme et utopie". Les patrons ont ainsi toujours refusé le principe du dividende et les bénéfices sont "en permanence réinvestis". "Le mot paternalisme a une connotation négative pour beaucoup de gens, pourtant, à l'heure de la mondialisation, on revient sur cette notion", assure-t-il.

Quant aux ouvriers habitant un logement appartenant à leur employeur, "leur loyer était symbolique".

L'évolution de l'entreprise l'a amenée ces dernières années à vendre progressivement les logements, le plus souvent à leurs locataires, employés et cadres de l'usine. Cette dernière ne fait plus travailler que 150 personnes contre 500 en moyenne au XIXè siècle et et 350 au XXe.

L'année du bicentenaire voit une autre page se tourner avec l'arrêt de la fabrication de tissu pour l'habillement, "qui payait mal" selon M. Denis.

Mais, au delà de ces bouleversements, les dirigeants espèrent que l'entreprise, qui réalise 9 millions d'euros de chiffre d'affaires, restera dans la famille : "l'objectif est d'arriver à faire assez de bénéfice pour réussir à subvenir à nos besoins".

Par Emmanuelle TRECOLLE

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