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Pas de crise pour les Moscovites, grands fans de culture et de mode londoniennes

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AFP
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17 juil. 2007

MOSCOU, 17 juil 2007 (AFP) - A un jet de pierre des célèbres murs rouges du Kremlin, une fenêtre toute anglaise donne sur la Place Rouge, un îlot britannique qui attire toujours plus de visiteurs malgré les tensions diplomatiques entre Moscou et Londres.


Paul Smith Campagne publicitaire 2007

Il ne s'agit pas d'une annexe de l'ambassade du Royaume-Uni que les services secrets russes qualifient parfois de repère du MI-6, les services secrets de sa Majesté.

C'est une boutique de mode, celle du couturier britannique Paul Smith.

Londres et Moscou ont beau s'être précipités dans ce que la presse russe appelait mardi 17 juillet "une guerre diplomatique", dans les rues de Moscou les jeunes Russes font tout pour se mettre dans la peau de Londoniens branchés.

"Je suis ici depuis que nous avons ouvert en novembre et il y a chaque mois plus de clients", dit Nikita, un vendeur élégant approchant la trentaine, devant des rayonnages de costumes à 2 000 euros ou de cravates vendues 150 euros.

C'est justement en novembre 2006 qu'Alexandre Litvinenko, ex-agent russe devenu opposant ouvert du Kremlin, a été assassiné à Londres, un événement à l'origine d'une crise diplomatique qui a abouti lundi à la décision d'expulser quatre diplomates russes.

La boutique Paul Smith a rejoint des marques britanniques comme Burberry ou Pioneer Gragney London pour tirer parti de la folie britannique qui a gagné ce que Nikita appelle "la classe moyenne riche" de Moscou.


Burberry Campagne publicitaire 2007

Cette tendance "s'est transformée en une épidémie qui affecte toutes les couches de la société", selon un récent numéro spécial du magazine russe Hooligan dédié à cette mode anglaise.

Les Bentley et Rolls-Royce font maintenant partie du décor devant tout grand restaurant. L'architecte britannique Norman Foster a été chargé d'une poignée de projets prestigieux à Moscou et Saint-Pétersbourg.

A peu de choses près, nombre d'adolescents moscovites ne se distinguent pas de leurs contemporains londoniens.

"La moitié environ de nos clients viennent ici parce qu'ils savent que c'est un magasin anglais", dit Macha, 19 ans, vendeuse dans un espace du fabricant britannique de prêt-à-porter Top Shop, la voix couverte par un air d'indie rock, rock indépendant anglais.

Autour d'elle des couples à la coiffure déstructurée vêtus de jeans étroits et T-shirts fouillent dans les rayonnages à la recherche de vêtements quasiment identiques à ceux qu'ils portent.

"Lorsque je suis arrivé ici il y a trois ans, tous les gamins avaient l'air de sortir d'une vidéo de P. Diddy", explique Julian Evans, 29 ans, journaliste indépendant né à Londres, en référence à la superstar hip hop connue auparavant sous le nom de Puff Daddy.

"Maintenant ils ont tous l'air de sortir d'une vidéo Britpop: partout où vous allez vous voyez des types efféminés en jeans moulants et cardigan", ajoute-t-il.

Le goût pour la musique britannique a accompagné l'engouement pour la mode.

"Nous chantons en anglais car c'est la musique sur laquelle nous avons grandi, des Beatles à Oasis", dit le musicien moscovite Nochrevan Tavkhelidze, qui dirige un club bondé le week-end de jeunes Russes venus danser sur du rock britannique.

"Nous aimons la musique anglaise, nous adorons la culture anglaise et nous nous foutons de ce que font les diplomates", dit M. Tavkhelidze depuis Londres où son groupe fait justement une tournée et enregistre un album.

Cette folie n'est pas nouvelle. Dès les premières pages du roman culte en vers du grand poète russe Alexandre Pouchkine, Eugène Onéguine, le jeune héros est lancé dans la haute société de 1825 "vêtu comme un dandy de Londres".

Par Stephen BOYKEWICH

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