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Lionel Tixeire
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28 mars 2017
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Ralph Toledano confirme son départ du groupe Puig

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Lionel Tixeire
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28 mars 2017

Ralph Toledano, l’un des dirigeants les plus respectés dans la mode et le luxe français, a quitté ses fonctions de président de la division mode du groupe Puig, ainsi que de la présidence de Nina Ricci et Jean Paul Gaultier. Comptant parmi les dirigeants les plus respectés dans la mode et le luxe français, il restera président de la Chambre Syndicale de la Haute Couture, un poste qu’il occupe depuis 2014. Puig annonce de son côté que c’est José Manuel Albesa qui lui succédera à la tête de sa division mode.

Ralph Toledano - Puig


« En fait, je suis parti fin janvier. Je suis parti parce que j’ai fait ce qui devait être fait, en remettant Jean Paul Gaultier sur la bonne voie, et en ayant introduit tous les éléments du succès chez Nina Ricci, comme l’a montré Guillaume Henry lors de sa dernière présentation ce mois-ci », a ainsi déclaré Ralph Toledano à FashionNetwork.com.
 
Ralph est depuis longtemps reconnu pour sa capacité à trouver de nouveaux talents. Alors qu’il était chez Guy Laroche à la fin des années 90, il a découvert et recruté Alber Elbaz, lançant ainsi l’une des plus belles carrières dans le monde de la mode de ces deux dernières décennies. Il a aussi recruté Guillaume Henry chez Nina Ricci et Julien Dossena chez Paco Rabanne – deux jeunes créateurs français aujourd’hui acclamés par les critiques.

« J’ai terminé mon travail et le moment est venu de passer à autre chose. J’ai vraiment apprécié ces cinq années – en particulier en travaillant avec les équipes que j’ai montées. Les gens qui sont maintenant en place sont très bons », a-t-il par ailleurs ajouté. L’homme d’affaires a aussi révélé à FashionNetwork qu’il allait faire son retour à l’automne, à un poste qu’il a déjà identifié, après un peu de repos bien mérité.
 
Chez Nina Ricci, Ralph Toledano a choisi Sophie Templier pour assumer la direction de la Maison. « Sophie a travaillé avec moi pendant 15 ans et je l’ai formée pour prendre ces nouvelles responsabilités », a précisé Ralph Toledano, qui a aussi nommé Sophie Waintraub à la direction de Gaultier.
 
Chez Gaultier, il a géré la restructuration des activités mode de la Maison, en abandonnant le prêt-à-porter, non rentable, tout en maintenant l’activité de haute couture. La division parfums de Gaultier, autrefois sous l’aile du Japonais Shiseido, est très profitable, et a rejoint le giron du groupe Puig l’an dernier.
 
Ces deux dernières années, Kering a remplacé plus de la moitié des PDG de ses griffes de luxe, alors que Burberry a recruté son nouveau PDG chez Céline – Marco Gobbetti – et que Ralph Lauren a remercié son PDG, Stefan Larsson. À la question de savoir si son départ s’inscrit dans le cadre de ces grands bouleversements dans le secteur du luxe, Ralph Toledano a répondu par la négative.
 
« Je dirais que chez Kering, nous avons assisté au départ de l’équipe montée par Tom Ford au sein du groupe Gucci – et cela a pris presque une décennie », a d’ailleurs précisé Ralph Toledano, se référant ainsi au créateur américain qui, avec Domenico de Sole, le PDG d’alors de Gucci, avait acquis une kyrielle de marques – notamment Bottega Veneta, Stella McCartney, Balenciaga et Alexander McQueen – au début du siècle, pour un groupe qui allait plus tard devenir Kering.
 
En ce qui concerne Burberry, Ralph Toledano estime que l’entreprise a « simplement réalisé que c’était une mauvaise idée d’avoir un créateur –Christopher Bailey – qui soit aussi PDG, et ils ont donc après deux ans recruté un dirigeant, Marco Gobbetti, pour corriger la situation. Et je souhaite rappeler que Marco a officié chez LVMH pendant près de 10 ans. Et chez Ralph Lauren, je dirais qu’il s’agit d’une histoire classique qui illustre les difficultés à intégrer un nouveau manager dans une entreprise familiale. »
 
Toutefois, il a aussi concédé l’existence « d’un système de bouc-émissaire. Si les choses ne vont pas bien, on rejette la faute soit sur le PDG, soit sur le créateur. Et, en réalité, le marché actuel est difficile. »
 
Basé à Barcelone, le groupe Puig est l’un des 10 plus grands groupes de luxe au monde. La majeure partie de son chiffre d’affaires est généré par sa division parfums, principalement ceux liés à ses Maisons de haute couture : Carolina Herrera, Paco Rabanne, Nina Ricci et Jean Paul Gaultier. Le groupe familial crée aussi des parfums sous licence pour Valentino, Prada et Comme des Garçons.
 
Alors que les Puig ont bâti leur succès dans le parfum, avec des ventes annuelles d’environ 1,5 milliards d’euros, leurs investissements dans le secteur de la mode ont donné des résultats moins spectaculaires. Il existe une certaine analyse selon laquelle leur assurance toute catalane, qui fait du groupe l'équivalent du FC Barcelone dans le monde de la mode, expliquerait qu’ils se soient révélés des dirigeants moins avisés dans la haute couture, tributaires de l’octroi d’une indépendance créative à leurs designers et de leur soutien financier.

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