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12 avr. 2017
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Véronique Leroy : « Le see now, buy now me paraît contradictoire avec l’idée même du luxe »

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12 avr. 2017

Maison de luxe indépendante lancée en 1991, la marque Véronique Leroy est aujourd’hui présente dans une centaine de points de vente dans le monde. Après le lancement du premier e-shop de la marque et le succès de sa ligne de lunettes, portée par Nicki Minaj, la créatrice belge fait le point sur le développement et les projets de sa marque.

FashionNetwork : Vous venez d’ouvrir votre e-shop, pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Véronique Leroy : Pendant longtemps, j’ai eu le sentiment que mes vêtements devaient être absolument essayés avant d’être achetés, mais j’ai changé d’avis. Etre distribuée partout dans le monde ouvre des champs nouveaux. Je fais d’ailleurs mes courses sur Internet, c’est donc logique !


Véronique Leroy DR


FNW : Les lunettes que vous avez réalisées et qui étaient portées par la chanteuse Nicki Minaj lors de la dernière Fashion Week parisienne se sont d’ailleurs très bien vendues ?

VL : Cela a été effectivement un succès auquel je ne m’attendais pas forcément. Les photos de Nicki Minaj ont fait le tour du monde et fait connaître la marque auprès de nouvelles clientes, nous obligeant d’ailleurs à relancer les productions.

FNW : Au point de vouloir développer davantage l’accessoire ?

VL : J’ai toujours développé de l’accessoire comme un élément devant compléter une silhouette avec l’idée d’accessoiriser les looks, mais sans chercher à vendre absolument. Ce genre d’expérience devrait permettre de développer davantage les accessoires en collection sous licences ou autres partenariats lors des prochaines saisons. J’aime aussi produire des collections capsule, à l’image de celle réalisée en collaboration avec Erès.

FNW : La stratégie du see now, buy now vous intéresse-t-elle ?

VL : L’envie me paraît logique et légitime, mais la question du désir satisfait immédiatement me fait un peu peur et fait perdre au final des valeurs et de la consistance. D'ailleurs, le principe me paraît même contradictoire avec l’idée même du luxe. Je réfléchis au sujet, mais je n’ai pas de solution, j’ai l’impression que cela est bien plus facile pour une marque aux forts moyens. Cela semble moins adapté à des maisons indépendantes, sans investisseur, comme la mienne.

FNW : Vous avez récemment fermé votre boutique du Ier arrondissement de Paris. Pourquoi ?

VL : Nous avons repositionné quelques éléments depuis plusieurs mois avec notamment l’arrivée d’une collaboratrice m’aidant à la structuration de la société. Nous voulions à l’origine trouver une boutique plus grande et située dans un autre quartier, et miser davantage sur le développement de l’e-shop. L’idée d’une boutique n’est pas abandonnée et nous sommes toujours en recherche, mais de façon progressive et réfléchie.

FNW : Quels marchés vous intéressent aujourd’hui ?

VL : Nous sommes présents via une centaine de boutiques dans le monde avec une stratégie très sélective concernant les emplacements. Le Bon Marché à Paris, Opening Ceremony ou Maryam Nassirzadeh à New York, et les marchés asiatiques – Corée, Taïwan, Hong Kong – représentent aujourd’hui nos gros clients, et nous n’oublions pas l’Europe – notamment le Benelux et l’Italie – où nous cherchons à être encore plus présents. Nous gardons ce cap en fonctionnant avec nos moyens. Nous restons ouverts à la venue d’éventuels investisseurs sans accélérer absolument le mouvement.

FNW : Le luxe est-il de plus en plus compliqué à vendre ?

VL : Pendant longtemps, nous avons été inondés par les produits de luxe. On doit continuer à faire des produits différents avec la plus grande honnêteté possible. La clientèle a changé, consomme moins de façon frénétique. Certains produits ne sont plus nécessaires et la prise de conscience d’une consommation raisonnée, et notamment du luxe, fait partout son chemin. Cette mutation m’intéresse.

FNW : Vous proposez un film accompagnant votre dernière collection sur le site d’Another Mag, l’idée d’imposer une nouvelle image Véronique Leroy ?

VL : Si j’ai déjà travaillé sur quelques films dans le passé, j’avoue que l’expérience m’a encouragé à développer davantage encore ce genre de format pour animer, pourquoi pas à chaque saison, mes collections. Le film donne du grain, de la densité et le focus sur le rythme, et le sens du geste correspond à l’idée que je me fais de mes produits.

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