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Yohann Petiot (Alliance du commerce) : "Il y a un défaut d’information sur les métiers du commerce de mode"

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3 juil. 2018

Face à une certaine méconnaissance des métiers du commerce de mode, l’Alliance du commerce initie une campagne d’information auprès des 15-25 ans, avec notamment le lancement d'un site dédié Metiersdelamode.com. Yohann Petiot, directeur général de l'organisation professionnelle représentant le commerce organisé dans les secteurs de l'habillement et de la chaussure ainsi que les grands magasins, évoque pour FashionNetwork.com la perception de cette filière dont le vendeur reste le premier ambassadeur.


Yohann Petiot - Alliance du Commerce


FashionNetwork.com : Quel est le point de départ de cette campagne ?

Yohann Petiot : Tout part d’un double constat. Le premier est celui d’une difficulté de recrutement sur certains métiers chez les enseignes de mode, des métiers liés à la création jusqu’à ceux de la vente. Le second est une nécessité de faire mieux connaître nos différents métiers, au-delà de la vente, puisqu’on s’aperçoit que les jeunes ont connaissance du métier de vendeur, le plus exposé, mais connaissent très peu tout ce qui se situe en amont. Et probablement, à l’origine, il y a un défaut d’information sur nos métiers. Ce qui ressort d'une étude sur l’attractivité des métiers de la mode, c’est qu’une information existe, les jeunes savent où aller la chercher. Mais elle n’est pas assez complète pour eux et manque d’informations réelles sur les métiers dans leur diversité. Il y a donc un gros travail de valorisation à mener.

FNW : Les difficultés actuelles de l’habillement compliquent-t-elles l’attractivité du secteur ?

YP : C’est clairement un enjeu, dans cette période qui n’est pas simple pour les enseignes, de porter un message positif sur le secteur. Il va y avoir en cela un soutien de l’Etat puisque notre campagne va rejoindre le site institutionnel Orientation Pour Tous, qui est un portail d’information essentiel pour les gens. Niveau financement, cette campagne est principalement financée par le Défi et le Centre technique du cuir (CTC).

FNW : La formation des équipes demeure-t-elle un autre enjeu clef ?

YP : Nous poursuivons actuellement notre formation « top vendeur », qui vise à former les vendeurs à leur nouveau métier, compte tenu des nouvelles compétences nécessaires à l’heure du digital et de l’éveil des consciences écologiques des enseignes. La formation porte également sur les bonnes pratiques pour l’accueil des clients internationaux. Tout est pensé pour être une palette d’outils qui permet aux vendeurs de se repositionner dans leur métier et de comprendre ce que l’on attend à ce jour des équipes de vente.

FNW : Les jeunes connaissent le métier de vendeur, mais ont-ils conscience de ces nouvelles missions ? Et les enseignes ?

YP : Non, je pense que les jeunes ont une vision du vendeur qui ne prend pas en compte la diversité de son rôle. Car il y faut derrière gérer les commandes, les approvisionnements… Il y a aussi une possibilité de promotion sociale du vendeur qui est mal connue. Les vendeurs peuvent évoluer en chef de rayon puis responsable de magasin. C’est donc à nous de dire aux jeunes de venir vers ce métier, même si à la base ils ont des formations moins élevées, pour les former et les faire évoluer. Les enseignes, elles, ont bien compris ce nouveau rôle des vendeurs et ont mis en place des formations. Peut-être pas toutes à la même échelle, mais la prise de conscience est générale.


La campagne passe notamment par des portraits illustrant les différents métiersdu commerce de mode - Alliance du Commerce


FNW : La vision de « petit boulot alimentaire » du vendeur chez une grande enseigne complique-t-elle le travail de sensibilisation ?

YP : Je ne crois pas, car ce ne sont pas ce que les chiffres montrent. Le commerce est effectivement un métier de jeunes, avec une moyenne d’âge d’environ 34 ans, mais avec 61 % des équipes qui ont moins de 35 ans, et une personne sur quatre qui a moins de 26 ans. Donc c’est vraiment un métier dynamique. Mais pour autant, on voit que ces gens restent puisque l’ancienneté moyenne est supérieure à sept ans. Ce qui, avec la moyenne d’âge, montre que les jeunes s’installent dans ce métier, contrairement à l’image que l’on peut avoir de l’extérieur.

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