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25 oct. 2017
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Mathieu Dubech (Videdressing) : "Notre force, c’est le milieu de gamme"

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25 oct. 2017

Lancé en 2009, le site de vente en ligne dédié à la mode de seconde main Videdressing a levé au printemps 5,4 millions d’euros dans le cadre d’un changement de direction. A l’occasion des BigBoss Mode et Beauté les 19 et 20 octobre derniers, le directeur marketplace du portail, Mathieu Dubech, évoque pour FashionNetwork.com l’évolution du positionnement, les changements technologiques et les ambitions internationales de l’entreprise.

Mathieu Dubech - VideDressing


FashionNetwork.com : Comment a évolué le positionnement de Videdressing depuis son lancement ?

Mathieu Dubech : Nous sommes passés d’un site qui était orienté magazine de mode vers un site orienté mode responsable et bienveillante avec un état d’esprit s’appuyant fortement sur la tech. A l’inverse de nos concurrents qui sont davantage dans un contenu éditorialisé et qui s’appuient énormément sur des influenceurs mode. Notre mission aujourd’hui est d’avoir une expérience fluide de A à Z, sans accroc pour nos utilisateurs. Nous souhaitons que nos vendeurs puissent mettre en vente leurs produits très facilement et rapidement. Côté acheteur, nous continuons à assurer notre rôle de tiers de confiance, avec une garantie "satisfait ou remboursé" que nous sommes le les seuls à offrir. Nous poussons des produits tendances accessibles en termes de style et de prix. Nous avons donc des marques grand public, milieu de gamme ou très luxe. Le but est de permettre de dégager du pouvoir d’achat grâce à une commission faible par rapport à nos concurrents : 15% et plafonnement à 300 euros quand certains de nos concurrents peuvent aller jusqu’à 50% de commission. Depuis nos débuts, en 2009, nous avons reversé plus de 100 millions d’euros à nos vendeurs. Sur les produits de luxe, qui sont rarement décotés, nous avons permis aux acheteurs d’économiser 20 millions d’euros en 2016. Et nous avons aussi des produits neufs avec étiquettes qui représentent 25 % du catalogue.

FNW : Cela n’a pas toujours été le cas. Pourquoi cette évolution dans votre positionnement ?

MD : Il y a tout ce mouvement sur la "détox vestimentaire" qui prend de l’ampleur. Avant, les clients achetaient beaucoup de produits qui finalement restaient au fond du placard. Maintenant, nous défendons nous aussi un aspect durable pour réduire le gaspillage. Il y a environ 12 kilos de vêtements jetés par an et par personne, ce qui n’est pas négligeable. Videdressing propose de donner une seconde vie à ces produits. C’est dans ce cadre que nous venons notamment de lancer une collaboration avec l’illustratrice Margaux Motin, qui a réalisé un t-shirt en coton bio brodé en France et vendu au profit de la fondation GoodPlanet - Domaine de Longchamp qui milite pour la préservation de l’environnement..

FNW : Quelle est la place du luxe dans l'offre et les ventes, aujourd’hui ?

MD : Nous nous sommes lancés avec le leitmotiv "De Zara à Prada". Nous avons beaucoup poussé le luxe en 2014 et 2015, mais nous voulons nous adresser à tout le monde, pas juste à une élite. Aujourd’hui, notre force, c’est de proposer tous les types de marques. Le milieu de gamme (Sandro, Gérard Darel…) est notre force notamment. Nos concurrents sont soit sur le bas de gamme, soit sur le très haut de gamme. La moitié de notre chiffre est fait sur des produits Luxe, d’où l’importance d’avoir des produits garantis 100% authentiques grâce à une équipe de juristes qui contrôlent les produits à l’entrée. Mais notre catalogue compte aussi 50% de produits de marque plus grand public comme Zara, Minelli, H&M, Nike, etc.

FNW : A quel rythme achètent les utilisateurs en général ?

MD : Nous avons aujourd’hui plus d’un million de membres et plus de 300 000 vendeurs. Le nombre de produits mis en ligne est en croissance de 25 %, notamment sur le milieu et haut de gamme. Les clients ont tendance à acheter en moyenne 2 à 3 fois par an, avec certains utilisateurs qui vont passer jusqu'à 10 ou 20 commandes par mois. Ce sont des fashion addict qui achètent et vendent beaucoup. Près de la moitié de nos acheteurs sont aussi des vendeurs, d’où notre volonté de continuer à faciliter la mise en vente.

FNW : De quelle manière simplifiez-vous cette mise en vente des produits ?

MD : Notamment via l’application mobile, car toutes nos optimisations sont "mobile first". Aujourd’hui, mettre en vente un produit avec notre application met cinq fois moins de temps que sur PC. Pour le futur, nous travaillons notamment sur la reconnaissance d’image, pour pouvoir aussitôt définir "c’est un sac noir Chanel" et le catégoriser automatiquement à la place de l’utilisateur. Et il y a bien sûr des outils de détection des contrefaçons. Cela permet de faire un tri encore plus rapide en amont. Ces choses sont amenées à se développer, en interne et/ou via des partenaires.

FNW : Le site a-t-il senti la montée en puissance d’acteurs comme LeBonCoin ?

MD : Pas vraiment, car ce sont des gens qui s’adressent surtout aux produits d'entrée de gamme et qui n’apportent pas forcément de sécurité à l’acheteur. Quand on achète sur des sites d’annonces par exemple, on reçoit beaucoup de messages d’arnaques et il n’y a pas de service client en cas de problème. Nous nous différencions en proposant une sécurité totale dans la transaction. Le paiement transite par VideDressing, ce qui élimine les risques de fraudes. Si l’acheteur rencontre un problème, il est remboursé. Et sur la partie luxe, nous sommes l’un des rares acteurs à pouvoir proposer une certification garantie à vie.

FNW : Quels sont vos objectifs en termes de croissance ?

MD : Le chiffre d’affaires était de près de 34 millions d’euros en 2016. Nous tablons sur une croissance à deux chiffres cette année. Nous sommes pour l’heure très concentrés sur le marché français. Mais, sur l’année 2018, il est dans nos projets de développer nos activités à l’international. Le site est déjà disponible en quatre langues : français, anglais, italien et allemand. Nous faisons 85-90 % de notre chiffre d’affaires en France, notamment grâce à une forte notoriété spontanée. Maintenant, nous savons que nous avons des leviers importants à l’étranger qui seront déployés une fois que nous aurons réduit les frais de port, la majorité des produits venant de France, et instauré des modes de paiement locaux.

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