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Marguerite Capelle
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24 sept. 2021
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A Milan, un triomphe pour Tod’s et un Missoni fier à bras mais pas très classe

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Marguerite Capelle
Publié le
24 sept. 2021

À Milan, le vendredi matin était entièrement consacré à deux maisons emblématiques du savoir-faire italien: Tod’s et Missoni. Mais tandis que la première présentait sa meilleure collection de prêt-à-porter à ce jour, l’autre perdait complètement le cap sous la houlette d’un nouveau directeur artistique.

Tod’s : cool et ultra crédible 


Tod's - Printemps/été 2022 - Photo: Tod's - Photo: Tod's


Les matières techniques sont souvent délicates à manier pour les créateurs, mais ne semblent poser aucun souci à Walter Chiapponi, qui a présenté une collection à la fois cool et ultra crédible pour Tod’s, par un vendredi matin ensoleillé à Milan.

Le créateur maîtrise les tissus à effet bulle, les polyamides et les nylons de pointe, qu’il marie aux cuirs classieux de la maison, sans que l’ensemble ne paraisse artificiel ou trop rigide.  

L’ambiance était pleine de fraîcheur et les pièces courtes, à la fois pratiques et sophistiquées. Comme cette robe en nylon matelassé gris colombe, avec un décolleté festonné, ou encore les parkas et robes du soir sans manches en coton enduit matelassé, et la formidable robe manteau en jute, avec des poches en diagonale.

Walter Chiapponi rajeunit carrément la manière dont la maison traite le cuir. Avec une fabuleuse veste d’escrime en cuir écru aux manches agrémentées de cuir clouté de caoutchouc gommino, la marque de fabrique de Tod’s, ou une sculpturale robe du soir bustier en daim noir avec un "T" géant dans le dos.

Beaucoup de panache aussi, comme pour cette brillante robe en panneaux de crochet beige, avec en guise de finitions des franges à la pelle, ou bien ces fabuleux coupe-vents, micro justaucorps et parkas façon papier bulle, dont la pièce portée par Gigi Hadid pour clôturer le défilé.

Le tout était complété par des bottines de boxeuses en nylon technique, très classes, et des compensées à semelle de crêpe dense, avec des boucles "T Timeless". Ou encore de spectaculaires nouvelles maxi sandales, ornées de clous gommino oversized.

Avant le défilé, le directeur général Carlo Alberto Berretta, nommé en février, a accueilli les rédacteurs et les célébrités vêtu d’un fantastique costume beige à veste croisée. Interrogé par un invité qui voulait connaître le nom de son excellent tailleur, il a pu répondre: "Je suis en Tod’s de pied en cap".

Le défilé était présenté sur fond d’impressionnantes vocalises de Rosalia, les spectateurs juchés sur des tabourets blancs cylindriques. Le défilé s’est achevé alors que l’ensemble des mannequins sortaient du Padiglione D’Arte Contemporanea dans un jardin ensoleillé, sous des applaudissements prolongés.

Tod’s a connu de nombreux créateurs depuis que le gérant et principal actionnaire de la maison Diego della Valle a décidé d’engager quelqu’un à plein temps: de Derek Lam à Alessandra Facchinetti, en passant par une équipe en interne, avant la nomination de Walter Chiapponi il y a deux ans.

En toute franchise, les collections Tod’s étaient assez inégales jusqu'alors. Mais celle présentée aujourd’hui par Walter Chiapponi est un indéniable succès. En résumé, la collection la plus imaginative et certainement la plus cohérente jamais proposée par Tod’s.
 

Missoni fier à bras mais pas très classe



Gros changement de braquet chez Missoni, mais pas vraiment dans la bonne direction.

A l’occasion du premier défilé de la marque depuis qu’Angela Missoni a cédé les rênes de la création, cette maison spécialisée dans la maille, autrefois authentique, familiale et valorisant le savoir-faire, se retrouve métamorphosée en griffe grand public aux ambitions débordantes.


Missoni - Spring/ Summer 2022 - Photo: Missoni - Photo: Missoni


Quand la famille des fondateurs a vendu une part minoritaire de blocage de la maison au groupe d’investisseurs FSI, il n’a pas fallu longtemps aux nouveaux propriétaires pour brandir la hache. C’est d’abord Margherita, la fille d’Angela, qui est partie, avant la nomination d'Alberto Caliri au poste de créateur. Angela et sa mère Rosita, qui fonda la maison en 1953, étaient tout de même au premier rang ce matin.

Il s’agissait du premier défilé sur podiums pour Alberto Caliri, qui avait manifestement reçu pour instruction d’augmenter la dose de sex appeal. Le résultat paraissait néanmoins extrêmement forcé.

De ces robes du soir en chenille simplement coupées en diagonale, avec un ourlet effiloché, à ces micro-bikinis en crochet, le tout était un poil trop vulgaire. Quand le créateur veut coordonner les couleurs, le résultat est une robe bleu argentée beaucoup trop décolletée dans le dos, fendu tout du long pour révéler la culotte assortie.

Quand aux culottés looks monogrammés Missoni en marron et noir – et notamment un soutien-gorge qui ressemblait à une ceinture et que le mannequin portait manifestement à contrecœur – mieux vaut ne même pas en parler.

Il y avait quelques signes de mauvais augure avant le début du défilé, qui se tenait dans une vaste et humide usine désaffectée, en banlieue nord de Milan. Les choses ont commencé avec une heure de retard, pendant laquelle les invités ont été contraints d’écouter une bande-son digne d'un déluge biblique. Le public avait tellement hâte de s’en aller que des dizaines de personnes étaient déjà parties quand les mannequins ont fini par sortir de l’usine.

Pas très poli, la tradition voulant que personne ne quitte les lieux avant le salut du créateur. Mais c’était malheureusement compréhensible, au vu de cette collection.
 

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