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Traduit par
Paul Kaplan
Publié le
9 juil. 2020
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À Paris, la saison masculine s'ouvre sur une foule de nouveautés stimulantes

Traduit par
Paul Kaplan
Publié le
9 juil. 2020

Enfin ! Après une saison Haute Couture paradoxalement dépourvue de nouveaux vêtements, la Fashion Week masculine a démarré jeudi à Paris, levant le voile sur une foule de nouveautés souvent stimulantes — à commencer par le duo EGONlab, à la tête d'une jeune maison qui explore sous un biais artistique les codes du tailleur traditionnel.
 

EgonLab PE 2021 - DR



Là où de nombreuses maisons de couture se concentraient sur les pièces "image" et des vidéos très courtes, les créateurs de prêt-à-porter masculin semblent bien décidés à créer des films à part entière, avec des collections complètes, filmées avec élégance, le tout accompagné par des bandes-son étonnantes. Shazam avait bien du mal à reconnaître les titres originaux diffusés sur les vidéos de jeudi matin, le jour d'ouverture de cette Fashion Week de cinq jours dont le calendrier officiel comporte 68 événements.

La journée a commencé avec panache, avec Etudes, la marque du trio inventif composé d'Aurélien Arbet, Jérémie Egry et José Lamali. Un long travelling de 11 minutes à travers Paris — des ruelles verdoyantes, des escaliers pavés de pierre, des voies ferrées désaffectées ou encore des tours couvertes de graffiti, le tout filmé dans les collines du nord de la capitale — dans le 20e arrondissement plus précisément — par le cinéaste indépendant Grégoire Dyer, dont la patte évoque celle d'Orson Welles. Le titre de la collection ? Yes Future.

La vidéo s'ouvre sur des blouses blanches surdimensionnées, suivies par de volumineuses parkas, des chemises rayées imprimées d'images de Keith Haring, des pantalons en denim décolorés à l'acide et des costumes droits en laine gris clair, portés avec des bottes lacées. Et de superbes chemises en patchwork de photos d'oiseaux et de couchers de soleil, tirées d'images du photographe Roe Etheridge. Qui a d'ailleurs réalisé le lookbook de la collection. En un mot, des vêtements streetwear avec une touche artistique, photographiés par un artiste. Une manière astucieuse d'utiliser les médias numériques pour présenter une collection.
 
Chez CMMN SWDN, dont la vidéo a été tournée dans un studio d'un blanc immaculé parsemé de ballots de paille, on a pu voir de superbes blazers et costumes tailleur en lin à rayures cricket. Ajoutez à cela quelques chemises seconde peau en veau velours avec des imprimés floraux scandinaves de l'artiste suédois Carl Larsson, quelques robes de chambres à écussons universitaires : un style détendu et élégant parfait pour l'été. Saif et Emma, le duo créatif à la tête de la marque, ont dessiné la collection alors qu'ils étaient confinés dans un petit chalet sur la côté suédoise.


Etudes printemps-été 2021



Note maximale pour EGONlab, qui a dévoilé Renewal, une vidéo de premier ordre, tournée en collaboration avec l'artiste Kisol. Basé dans le Marais, EGONlab est l'un des nouveaux labels les plus intéressants sur la place de Paris ; la marque fusionne vêtements utilitaires, détails militaires et motifs graphiques percutants pour un effet optimal. Leur première présentation sur le calendrier officiel de Paris, intitulée The Myth of Renewal, avait un bel air d'utopie, et mettait en scène des smokings sculptés de stars de cinéma, des gilets "harnais de survie", des vestes de chasseur strictes et des chemises à motif bucolique. EGONlab a également collaboré avec Sergio Tacchini sur une collection de sweatshirts et des vestes de baseball imprimées de chats. Une marque qui déborde de bonnes idées, attachée aux influences streetwear : on n'a pas fini d'entendre parler d'EGONlab et de ses deux créateurs, Florentin Glémarec et Kévin Nompeix. Voilà une première apparition réussie !
 
La matinée s'est achevée sur la présentation de Wooyoungmi. La talentueuse Coréenne a présenté une vidéo plutôt modeste, sur laquelle on voit de jeunes gens aux cheveux longs déambulant autour d'une scène aux murs rouges, ou debout sur des chaises. Des costumes croisés en laine fine, des pantalons cargo en denim à poches plaquées pour les hommes et des robes droites ou des chemises militaires kaki pour les femmes, l'effet général manquait cruellement d'audace. Wooyoungmi ferait bien de se remettre à travailler sur sa planche à dessin... numérique ou non.

Blue Marble a tout misé sur l'inclusivité, avec un casting contrasté de skateurs hippies chics filmés à Paris et dans les environs. De superbes tee-shirts boutonnés tie-dye, d'amples pantalons de survêtement, des manteaux matelassés et de remarquables chemises en soie aux imprimés dignes de Mati Klarwein. La vidéo s'achève sur une promenade vers une plage au bord d'un lac, dans une ambiance triomphale. Le chic psychédélique et moderne à son plus haut niveau.

Ironiquement, c'est le créateur le plus célèbre de notre époque — Jonathan Anderson — qui s'est contenté d'un simple teaser. Ou plutôt d'un "photobook" de la collection printemps-été 2021, qu'il avait déjà dévoilé la semaine dernière en ligne, depuis son studio londonien. Aujourd'hui, on a pu admirer pendant trente-cinq secondes le charmant artiste Carlos Maria Romero, cheveux bouclés et torse nu, étendu sur une série d'images de la collection, épinglant patiemment photos, échantillons de tissus, croquis et fleurs séchées selon son envie. Ces éléments disparates sont tirés du colis envoyé la semaine dernière par JW Anderson aux rédacteurs en chefs et aux acheteurs VIP. Une démarche déroutante, certes, mais pas déplaisante.

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