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A Roissy, la lutte sans fin des douaniers contre la contrefaçon

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8 juin 2011

AEROPORT DE ROISSY, 8 juin 2011 (AFP) - Un logo mal imité, une étiquette avec des pictogrammes chinois, une forte odeur de colle... En quelques minutes, les douaniers de Roissy bloquent un faux sac de luxe, fragment infime du gigantesque et mouvant réseau de la contrefaçon.

contrefaçon
Un gendarme des Douanes devant des produits contrefaits avant leur destruction. Photo Jacques Demarthon AFP

Au coeur de la zone de fret de l'aéroport, le hangar est immense. A plusieurs mètres de hauteur, les paquets défilent sur un tapis roulant. Selon des critères qui échappent à l'oeil novice, certains sont exfiltrés en bout de piste.

D'un coup de cutter, le carton en provenance de Chine est fendu. Un douanier en sort des paires de baskets sommairement emballées dans des sacs plastique.

"C'est très grossier. Rien que le conditionnement montre que ce sont des contrefaçons", explique Michel Horn, secrétaire général des douanes de Roissy.

Deuxième carton: en vrac des vêtements, des sacs, des casquettes affichant des logos divers. "Il n'y a pas d'emballage, la qualité des fermetures et des matières est mauvaise, il y a une odeur de colle", détaille Marc Mossé, secrétaire général de l'Union des fabricants (Unifab), tenant un faux sac Vuitton.

A l'occasion de la journée mondiale de la lutte contre la contrefaçon, des industriels sont venus rencontrer les douaniers, les aider à démasquer les copies les plus sophistiquées.

Les objets se succèdent et ne se ressemblent pas: médicaments, jouets, chaussures, logiciels, lunettes de soleil, pièces automobiles... Les produits illégaux se diversifient sans cesse au gré des modes, des saisons, des nouveautés.

"L'industrie de la contrefaçon va suivre les tendances et s'adapte au marché avec une vraie réactivité", raconte M. Mossé. Sans surprise, internet a été un important "accélérateur de cette tendance".

Face à des faussaires qui espionnent ce que font les entreprises, les douaniers arrêtent désormais des contrefaçons au moment même où les originaux arrivent sur le marché. Parfois, les copies débarquent même avant.

Dans le hall de Roissy, le carton suivant regorge de copies de toupies très à la mode chez les enfants. Dans ces faux jouets, des pièces risquent de se détacher et d'être avalées, la colle peut être toxique.

Pour toujours compliquer la chasse des douaniers, les fabricants de contrefaçons recourent de plus en plus au "déconditionnement". Les aiguilles d'une fausse montre partent dans un colis, le cadran dans un autre et le bracelet dans un troisième. Le tout est assemblé en Europe.

En 2010, les douaniers de Roissy ont saisi près de 1,4 million d'articles contrefaits et cette quantité augmente d'environ 10% chaque année, indique Michel Horn.

Si la Chine est particulièrement montrée du doigt, les origines du faux varient: l'Inde pour les médicaments, la Turquie pour l'alimentaire ou la Russie pour les cigarettes et l'alcool, cite comme exemple l'Unifab.

"C'est un jeu du chat et de la souris avec les contrefacteurs. Une lutte sans fin... mais pas inutile", estime anonymement le responsable de la lutte anti-contrefaçon chez Renault.

Selon lui, en France, entre 5% et 10% des pièces automobiles sont contrefaites, alors que dans des pays moins sévères, cela peut monter à 50%.

Au bout du hangar, derrière une grille barrée d'un panneau "Bloqué Douane" s'entassent sur des étagères des cartons de toute taille. Ils attendent d'être identifiés formellement comme contrefaçons et que la justice décide de leur sort: la destruction.

Par Marie JULIEN

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