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A Rome, l'atelier qui chausse divas et héritières ne connaît pas la crise

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5 déc. 2008

ROME, 5 déc 2008 (AFP) - Fidèle chausseur de pieds aussi illustres que ceux de Rita Hayworth ou Sophia Loren, l'atelier Dal Co' à Rome ne connaît pas (encore) la crise et ses modèles en python ou crocodile continuent à séduire des clientes qui n'hésitent pas à mettre le prix pour arborer un modèle unique.


Une ouvrière de l'atelier de chaussures Dal Co' à Rome, le 3 décembre 2008 - Photo : AFP

En plein quartier du luxe, Silvia Petrucci Dal Co' accueille ses clientes dans une boutique où des dizaines d'escarpins de rêve côtoient des modèles imaginés il y a des décennies par son grand-père Alberto Dal Co', fondateur de la maison à la fin de la seconde guerre mondiale.

"Dans les années 1960 et 1970, nos clientes étaient issues du monde du spectacle ou des actrices de Cinecitta, comme Sophia Loren, Gina Lollobrigida, Brigitte Bardot, Rita Hayworth. Avec le temps la clientèle a changé, à présent nous travaillons pour les épouses des armateurs grecs, la famille Agnelli ou encore la princesse Haya de Jordanie", raconte-elle à l'AFP.

"Une de nos clientes les plus fidèles est Nancy Kissinger, qui désormais commande ses chaussures par fax. Elle ne choisit que des modèles plats, des ballerines, qu'elle offre aussi à ses amies pour Noël", s'amuse Silvia, belle femme brune d'une quarantaine d'années.

Non loin de là, au cœur de l'atelier Dal Co', le temps semble suspendu: six salariés travaillent minutieusement à leurs commandes sur mesure devant des rayonnages entiers de rouleaux de cuir et de talons divers et variés, la radio Rai en fond sonore, sous un portrait du pape Jean-Paul II suspendu à côté d'une photo d'Alberto Dal Co'.


Un ouvrier fait un patron en papier pour une paire de chaussures dans l'atelier Dal Co', le 3 décembre 2008 à Rome - Photo : AFP

Privilège du sur mesure et du cousu main, chacune des clientes a l'empreinte de son pied rangée dans une petite pièce surnommée le "cimetière". Ses étagères débordent de formes en bois ou en plastique reproduisant fidèlement contour des orteils, cambrure de la plante et largeur du pied.

"Une fois le modèle choisi, on part de l'empreinte du pied et on fait un patron en papier à partir duquel on découpe les différentes pièces de cuir. On les assemble puis la cliente essaie le modèle, et si besoin est on procède à des modifications", explique Emilio.

"Les clientes recherchent la pièce unique, la créativité, quelque chose de spécial qu'elles ne verront pas aux pieds des autres comme des Chanel ou des Prada", souligne Silvia Petrucci Dal Co', qui indique qu'un paire peut être livrée en cinq jours.

Toutes les modèles Dal Co' - une trentaine de nouvelles créations sont présentées chaque saison - portent un nom, souvent un prénom de femme: Demetra, Nausicaa, Calliope ou encore Amanda. Les données de quelque 2 000 clientes figurent actuellement dans l'ordinateur de l'entreprise.


Une cliente essaie une paire dans la boutique du chausseur italien Dal Co', à Rome le 3 décembre 2008 - Photo : AFP

D'autres modèles sont plus surprenants, telle la chaussure "Paparazzo" (1953) avec une roue dentelée incrustée dans le talon et une autre posée sur la pointe du pied, "à utiliser en cas d'intrusion de photographes", selon la description donnée sur le site internet de la maison.

Pour ce qui est des prix, Dal Co', qui travaille aussi avec des grands noms de la mode tel Valentino, démarre à 400 euros, "ensuite cela va dépendre des modèles et des matériaux utilisés, et du temps passé à la conception. Tout est évidemment 100 % Made in Italy", indique-t-elle.

Et la crise ? "On ne connaît pas encore vraiment de problème, même si nos acheteuses américaines vont peut-être y regarder à deux fois maintenant", estime Silvia Petrucci Dal Co'.

"La crise c'est plutôt le métier qui se perd, on n'a plus les artisans d'autrefois et presque plus personne n'apprend à faire ce que nous faisons", résume Bruno, au service de la maison depuis dix-sept ans, avant de retourner à l'assemblage de sublimes bottes en daim noir délicatement martelé.

Par Katia DOLMADJIAN

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