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30 nov. 2021
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A Paris, la vacance commerciale évolue de façon contrastée selon les artères

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30 nov. 2021

Le bilan du second semestre 2021 publié par le spécialiste de l'immobilier Knight Frank témoigne des vents contraires qui balaient le secteur commercial parisien, entre rebond -pour certains- et spectre de la crise toujours présent. "Depuis quelques mois, le contexte s’était amélioré et nous pouvions observer un certain regain d’activité sur le marché des commerces, notamment illustré par l’accélération des premières ouvertures d’enseignes étrangères. Ainsi, alors que nous n’en avions recensées que 16 à Paris en 2020 puis 8 au 1er semestre 2021, le nombre d’arrivées de nouveaux entrants s’élevait à 23 à la fin du mois de novembre", observe Antoine Salmon, directeur du retail leasing chez Knight Frank France. 


Pixabay


Un chiffre qui reste inférieur au niveau de 2019 (37 arrivées), mais qui reste significatif. Parmi ces arrivées, citons cette année l'installation du concept store italien MODES ou encore du label américain Kith, ayant tous deux ciblé le VIIIe arrondissement.  

Affecté par la chute de fréquentation des touristes internationaux, le créneau du luxe affiche lui une certaine stabilité, avec 28 ouvertures depuis début 2021. Soit un niveau égal à celui de 2020 mais moins bon qu'avant-crise, où l'on recensait en moyenne 45 ouvertures chaque année entre 2015 et 2019. En outre, les ouvertures nettes ne concernent que 21% de ces installations, les autres étant des rénovations-extensions ou relocalisations.


Evolution du nombre de nouvelles enseignes étrangères à Paris - Knight Frank


"Loin de la phase d’expansion du début des années 2010, qui avait notamment vu l’arrivée de nouvelles enseignes étrangères et l’exploration de 'nouveaux' territoires comme la rive gauche et le Marais, le marché du luxe parisien est aujourd’hui dans une phase de consolidation. Accélérée par la crise sanitaire, cette tendance se caractérise par une surreprésentation des grands groupes et un resserrement de la géographie du luxe au profit des emplacements les plus prestigieux", analyse Knight Frank.

En outre, l'univers du luxe n'est pas épargné par la hausse de la vacance commerciale, même si elle reste globalement contenue, le rapport note un taux de locaux vides proche de 15% pour la rue du Faubourg Saint-Honoré (majoritairement situés près de l'Elysée) et une vacance bondissante rue de la Paix.


Taux de vacance au deuxième semestre 2021, comparé au premier - Knight Frank


Si l'on considère l'ensemble des artères parisiennes, la vacance commerciale est actuellement orientée à la hausse: depuis la fin du 1er semestre 2021, on note environ six départs pour quatre arrivées sur l'ensemble des mouvements recensés sur les grandes rues prime. Pour Antoine Salmon, "s’il reste assez modéré, ce déséquilibre reflète les difficultés d’enseignes et surtout les stratégies de rationalisation menées par nombre d’entre elles, entre transferts sur de meilleurs emplacements ou fermetures pures et simples".

La situation parisienne est toutefois contrastée. Le taux de vacance demeure élevé sur certains axes, comme le boulevard Saint-Michel "où il frôle les 18% malgré une baisse de près de deux points en six mois, et tend à augmenter dans les rues voisines d’artères prime ou sur leurs portions les moins attractives". D'autres voies commerçantes conservent leur attractivité, comme la rue de Passy (1%), ou la rue vieille-du-Temple (un peu moins de 5%).

Quelques artères, en difficulté depuis plusieurs années, signent une reprise encourageante, à l'instar de la rue de Rivoli qui affichait un taux de vacance proche de 13% fin 2020, tombé aujourd'hui à 8%. "Les nouvelles conditions de circulation ne se sont pas traduites par la hausse du nombre de locaux vides sur la rue de Rivoli, souligne Antoine Salmon. Par ailleurs, la finalisation de projets structurants tels ceux d’Ikea, de la Samaritaine et d’Uniqlo contribuent à renforcer l’attractivité de cet axe structurant de la rive droite". 


Mouvements à Paris par univers - Knight Frank


Même constat pour le renouveau de la rue de Rennes, passée de 10% de locaux vides fin 2020 à moins de 7% maintenant. Précisons ainsi les arrivées de Foot Locker, Altermundi, Tezenis ou encore Alinea. Les conditions de bail y ont été favorables aux preneurs, avec une baisse des loyers de 15 à 30% pour cette artère moins soumise au recul de la clientèle étrangère. "D’autres axes prime sont dans le même cas, ajoute-t-il. Cette correction et l’octroi de mesures d’accompagnement plus généreuses contribuent également à diversifier l’offre commerciale".

Une aubaine pour les acteurs de la maison, de la culture ou des loisirs. Néanmoins, si le secteur mode, en difficulté, représente la majorité des départs (35%), il signe en revanche toujours la plus grande part des arrivées (26%).

Alors que le risque d'une cinquième vague se répand dans l'Hexagone, son éventuel impact "est encore impossible à évaluer", mais, selon le cabinet de conseil, le risque est "potentiellement plus élevé à Paris. Son marché des commerces est en effet le plus exposé à la rechute du tourisme international et à la généralisation du télétravail".

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