Par
AFP
Publié le
27 oct. 2015
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Abus de faiblesse sur Liliane Bettencourt : l'ex-infirmier Alain Thurin relaxé

Par
AFP
Publié le
27 oct. 2015

La justice a relaxé lundi Alain Thurin, ex-infirmier de la milliardaire Liliane Bettencourt, qui avait été jugé début octobre pour « abus de faiblesse », soupçonné d'avoir tenté d'obtenir frauduleusement un legs de 10 millions d'euros de l'héritière de L'Oréal.


L'Oréal


Alain Thurin, 65 ans, pour lequel l'accusation elle-même avait requis la relaxe, faute de « suffisamment d'éléments de preuve », s'était défendu à son procès d'avoir jamais voulu ce legs de sa richissime employeuse, dont il était très proche.

Même si le tribunal correctionnel de Bordeaux a relevé cette proximité hors normes, ce « rôle bien au-delà de celui d'infirmier », il a surtout établi qu'"aucun témoignage ni élément matériel ne permet d'attester la volonté du prévenu de s'accaparer les biens de Liliane Bettencourt », a déclaré le président Denis Roucou en lisant le jugement. En conséquence, « la relaxe peut être prononcée ».

Le tribunal a également prononcé la relaxe pour ses coprévenus Pascal Wilhelm et Patrice Bonduelle, anciens mandataire et notaire de Liliane Bettencourt, jugés pour complicité. Ces relaxes mettent fin à un quatrième chapitre du feuilleton judiciaire Bettencourt. Ou plus précisément un sous-chapitre.

Car dans ce volet, Alain Thurin avait été jugé distinctement du procès-fleuve de cinq semaines en janvier-février derniers, car, à la veille de ce procès, il avait fait une tentative de suicide par pendaison, restant plusieurs jours dans le coma. Quand il a finalement comparu en octobre, l'ex-infirmier, sous médication anxiolytique, était apparu très affaibli par les séquelles de son geste, répondant assis aux question du tribunal, d'une voix hésitante.

Son avocat a prédit « un sourire et un grand soulagement » pour Alain Thurin, absent lundi au tribunal, mais qui va mieux depuis le procès, selon Benoît Chabert. « ll avait envie de parler, il voulait s'exprimer et en cela l'audience était très importante pour lui », a expliqué Benoît Chabert à des journalistes après le jugement. « Le tribunal l'a entendu, la relaxe est prononcée. En fait, le tribunal dit à un homme : "Voilà, relève la tête, avance, nous considérons que tu es innocent." »

Le volet « abus de faiblesse » pas clos

Mais les sept principaux prévenus de ce procès pour « abus de faiblesse » - portant sur plusieurs centaines de millions d'euros - doivent être rejugés en appel du 10 au 27 mai. En première instance, certains ont été condamnés à de la prison ferme et à des dommages et intérêts chiffrés en dizaines de millions d'euros.

Parmi eux, l'ex-confident de Liliane Bettencourt, l'artiste et photographe François-Marie Banier, condamné à trois ans de prison, dont six mois avec sursis, et l'ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre, condamné à 30 mois de prison, dont un an avec sursis. Pascal Wilhelm avait lui été condamné à 30 mois de prison, dont un an avec sursis, et Patrice Bonduelle à six mois avec sursis.

La relaxe prononcée pour Alain Thurin met hors de cause un acteur marginal de la galaxie Bettencourt, mais dont le procès a permis, lui aussi, d'éclairer le singulier écheveau de sollicitudes en 2010-11 autour de la vieille dame à la santé déclinante. Agée de 93 ans à présent, elle souffre de la maladie d'Alzheimer et est sous tutelle.

Cette patronne, qui rémunérait son infirmier à raison de 18.000 euros mensuels, l'appelait « par habitude » André, du nom de son époux défunt. En retour, l'infirmier l'appelait « ma petite mère », lui écrivait « je t'aime » dans un courrier. Le tribunal a considéré qu"il n'y avait aucun sentiment ni aucune connaissance » par Alain Thurin « de tout ce qui pouvait se tramer » autour de Liliane Bettencourt, a noté Benoît Chabert.

Un prochain volet de l'affaire, dit des « écoutes », portant sur les faits « d'atteinte à l'intimité de la vie privée », doit être jugé à Bordeaux du 3 au 5 novembre, avec pour prévenus l'ex-majordome de Liliane Bettencourt, Pascal Bonnefoy, auteur d'enregistrements clandestins au domicile de la milliardaire, qui avaient précipité l'affaire. Cinq journalistes du Point, dont Franz-Olivier Giesbert, directeur à l'époque, et de Mediapart, dont son directeur Edwy Plenel, comparaîtront pour avoir publié des extraits de ces enregistrements.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.