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Alberto Paccanelli: "Nous allons être submergés d’importations pakistanaises à bas prix"

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22 oct. 2012

Euratex
Alberto Paccanelli, président d’Euratex.
Jusqu’à fin 2013, le Pakistan pourra librement exporter vers l’Europe une série de produits, dont le textile et l’habillement. Censée aider ce pays suite aux inondations de 2010, cette mesure a été longuement combattue par Euratex, la confédération européenne du secteur. A l’occasion du Congrès bruxellois de la CELC (Confédération européenne du lin et du chanvre), son président Alberto Paccanelli revient sur les effets attendus de ce texte, ainsi que sur le futur libre-échange avec l’Inde.

FashionMag.com: Quel regard portez-vous sur ce texte, un mois après sa validation par Bruxelles ?
Alberto Paccanelli: Je pense que, durant les premiers six mois de 2013, nous allons sentir les premiers effets de cette décision. Du côté des importations, la Turquie ne sera probablement pas satisfaite du résultat, de même que l’Inde. Mais n’oubliez pas qu’il y a toujours beaucoup de manufactures en Europe et en Afrique du Nord qui seront affectées. Nous devrions soutenir la nouvelle révolution d’Afrique du Nord plutôt que de venir en aide au Pakistan. C’est ma vision. Nous allons être submergés d’importations pakistanaises à bas prix et de plus basse qualité. Et cela va une fois de plus ruiner le marché. Cela envoie un mauvais message à toutes les usines situées en Europe, et qui défendent leur position dans un secteur déjà très compliqué. Je pense que nous n’avions pas besoin d’un tel message de la part des politiques.

FM: C’est pour vous un échec de la politique industrielle européenne ?
AP: Les politiques revendiquent être les défenseurs de l’industrie manufacturière, alors que, dans le même temps, ils approuvent ce genre de choses. Nous sommes donc très déçus par cette politique, et par la logique qui en est à l’origine. Car il n’y avait absolument aucun besoin de soutenir l’industrie pakistanaise suite aux inondations. Il n’y a pas eu d’inondations là où se concentrent les usines. Et ces dernières n’ont pas besoin de soutien car elles sont déjà de très fortes compétitrices, avec de grandes entreprises très organisées. Euratex promeut des échanges libres et équitables sur une base de réciprocité. Donc nous ne pouvons accepter ce type d’échange avec certains pays.

FM: Des clauses ont été apportées sur les volets textile et habillement du texte. Les estimez-vous suffisantes ?
AP: Je pense que c’est une bonne chose. Nous avons poussé les choses afin d’obtenir ces armes pour nous défendre. C’est un bon outil car il nous permet d’avoir un système mis en place pour contrôler ce qui se passe. Mais la législation est là, maintenant. Nous devons désormais regarder quel sera son impact réel.

FM: Qu’en est-il du futur accord de libre-échange avec l’Inde que vous souhaitez voir aboutir avant fin 2013 ?
AP: Cet accord de libre-échange est, je pense, une très bonne opportunité pour les entreprises européennes. Car, comme vous le savez, les droits d’import/export en Inde sont toujours très forts. Le paragraphe relatif au textile a déjà été finalisé. Donc nous avons un accord sur le sujet. Mais nous attendons au final que soit trouvé un accord sur la section dédiée à l’automobile, qui pose toute une série de problèmes.

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