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Paul Kaplan
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10 juil. 2017
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Altaroma : une Fashion Week pour la jeunesse de la Ville Éternelle

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Paul Kaplan
Publié le
10 juil. 2017

La Ville Éternelle est jeune à jamais, comme l'ont montré les quatre jours de l'Altaroma, nouveau mélange de défilés haute couture, de présentations de jeunes talents, d'expositions et conférences réunissant les grands de la mode, du design et de la photographie.
 

Le défilé I’M Isola Marras à l'Altaroma 2017


Temps fort du programme, Who Is On Next ?, le plus important des prix italiens remis à la jeune création, suivi d'une soirée en l'honneur de la principale école de mode de la capitale italienne, l'Accademia Costume & Moda, qui ont ouvert un week-end chargé en événements divers jusqu'à dimanche soir.

Parmi eux, le passage de bâton d'une génération à l'autre, transmis d'un père à son fils : Antonio Marras a confié à son fils Efisio les rênes d'Isola Marras, sa ligne de vêtements orientée vers la jeunesse, lui permettant ainsi de signer sa première collection.

Défilé complètement déchaîné : les mannequins, des adolescents, garçons et filles, marchaient sur un rythme survolté autour d'un chantier, tirant à blanc avec des pistolets en plastique. Tableau final : après avoir retiré leurs manteaux et s'être complètement déshabillés, ils s'embrassaient en sous-vêtements. La mise en scène aurait pu être grotesque si les vêtements n'étaient pas aussi réussis : des mélanges de vestes denim en cuir, avec des poignets à imprimés floraux, dans des tons ocre, jaunes, menthe et vieux rose; des cardigans en maille, à motif Pop Star; et des brassières de sport, avec un nouveau logo Isola Marras, I'M. 

« Je n'avais pas prévu de prendre la relève de mon père, mais c'est lui qui l'a, en quelque sorte, décrété. Pour mon défilé, je voulais des personnes "vraies", un décor ambigu, des vêtements de tous les jours, avec des formes et des proportions faciles. Mon père n'a jamais été un fan de logos, contrairement à moi. Alors c'est parti ! » s'est réjoui Efisio Marras, avant de fêter son premier succès en courant tout autour du podium, entouré de ses mannequins.
 
« Je suis juste ici pour donner un coup de main en coulisses », s'est amusé Antonio Marras, après avoir lui-même donné le départ aux mannequins pendant le show.

Le défilé avait lieu au District Guidon Reni, une caserne militaire réaménagée située en face du Maxxi, le nouveau musée d'art moderne de Rome, dessiné par Zaha Hadid.

Les nombreux baraquements accueillaient une série d'expositions, notamment A.I. Prove Techniche di Transmissione, où de jeunes créateurs qui travaillent avec des matériaux innovants présentaient leurs travaux aux côtés de costumes créés par de célèbres costumiers de théâtre. Clou du spectacle, plusieurs tenues Art Déco incroyables et des tenues de touristes exotiques, toutes dessinées par le fameux Gianluca Falaschi.

Une autre petite exposition nous a marqué : appelée Vanitas, elle présentait la collection privée d'une famille d'historiens de l'art, les Nobile Mino. Installée dans un immense hangar vide, elle était composée de deux immenses assemblages magnifiques, d'oeuvres d'art et d'objets, qui se faisaient face - dans un rapport d'opposition. D'un côté, des peintures à l'huile de riches Romains, fiers et prospères, mettaient en valeur leur sens de l'économie et du succès financier. De l'autre côté, des cardinaux, des princes de l'Église et des saints, dont le choix des vêtements soulignait leurs vertus de sérieux et de sainteté.

La Fashion Week de Rome ne dispose évidemment pas du même budget que les opulentes semaines de la mode à Milan, Londres ou Paris, mais la localisation au District Guido Reni donne clairement un nouveau souffle à la mode romaine.
 
Une série de conférences et de débats a eu lieu au cours du week-end, notamment une table ronde à laquelle participaient des grands noms de la photographie, comme Giampaolo Barbieri. Par ailleurs, le défilé commun des finalistes du concours Who Is On Next ? a lui aussi été organisé au Guido Reni et comptait, parmi son premier rang, trois créateurs romains : Pierpaolo Piccioli, Giambattista Valli et Marco Di Vincenzo.

Le passé est toujours dans les parages à Rome - on le sent très clairement à l'Accademia Costume & Moda, qui a lancé une initiative appelée Factory, une porte ouverte sur une série de projets réalisés par ses étudiants de premier cycle et de master. Le plus mémorable : une série de tenues créées en collaboration avec Brioni; des toiles ultra théâtrales, inspirées par Le Jeu de l'Amour et du Hasard de Marivaux, et des caftans teints impressionnants, créés avec l'oeuvre de Klimt pour point de départ, suspendus dans la cage d'escalier de cette école unique située au bord du Tibre - en face du Vatican et du Château Saint-Ange. L'omniprésent passé pour raconter un futur en perpétuelle évolution.

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