Ami: Alexandre Mattiussi nous offre un look plus doux, plus tendre

On peut toujours compter sur Alexandre Mattiussi pour proposer un super défilé Ami, même après le chaos des grèves ce jeudi à Paris, les manifestations et les stations de métro fermées. Sa collection classieuse était présentée à l’Opéra Bastille.

Difficile de croire que des dizaines de milliers de gens se pressaient place de la Bastille il y a à peine deux heures pour protester contre le projet du gouvernement Macron visant à repousser l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. À 20h30, à l’intérieur de l’opéra, tout n’était que nonchalance et raffinement, jusqu’au point d’orgue du tout dernier look: une veste bleu nuit oversized au drapé élégant, sur un pantalon assorti. C’est Charlotte Rampling qui l'arborait, et elle a récolté un tonnerre d’applaudissements spontanés.

Le défilé était présenté sur la scène monumentale, grande comme un terrain de football, avec la salle en guise de décor. Tout le gratin de la mode parisienne occupait les quatre longues rangées de chaises d’écolier anciennes en bois.

La collection elle-même incarne une maturité nouvelle dans le style d’Alexandre Mattiussi, qui a vraiment grandi par son sens du volume majestueux, ou ses tissus de plus en plus luxueux.

Mais précisément parce que tout semble naturel et sans efforts, les talents de couturier d’Alexandre ne sont pas aussi reconnus qu’ils le devraient. Son idée ingénieuse et toute simple de décaler les coutures sur des manches amples leur offre un tomber impeccable, pour donner qu'un seul exemple.

"J’ai baptisé cette collection "Prélude", comme si je prenais un nouveau début. J’ai demandé à mon équipe de me traiter comme si j’étais le nouveau directeur d’Ami, et que l’ancien avait été viré", expliquait le créateur, en ajoutant que la soudaine maladie qui a frappé son père l’été dernier, à l’âge de 84 ans, a totalement bouleversé sa vision du monde.

Rien que des bons basiques, porté par un casting de visages neufs et de nombreux tops historiques de grande réputation: Mariacarla Boscono en veste boyfriend couleur mastic, avec un pantalon bouffant. Saskia de Brauw en veste militaire Eisenhower de flanelle blanche, Audrey Marnay en trench décontracté lui tombant sur les chevilles. Et même Scott Barnhill, le top model masculin phare des années 1990, avec sa mâchoire taillée à la serpe, vêtu de boots vraiment mastoc et d’un énorme imper bleu de prusse.

Alors que le monde de la mode est régulièrement pointé du doigt pour son obsession de la jeunesse, à Paris en particulier, tout le monde adore retrouver d'anciennes stars sur les podiums – les actrices comme les mannequins ombrageux.

"J’adore mon travail, j’ai eu une année formidable : Cannes, le Met Gala, de nouvelles ouvertures de magasins, un défilé au Sacré Cœur… mais j’avais envie d’entamer un nouveau chapitre : de la gentillesse, de l’amour, des murmures et de la chaleur", expliquait Alexandre à FashionNetwork.com lors d’une avant-première privée avant le défilé, dans le marais.

Un changement marqué aussi par une palette plus douce – bleu ciel ou pigeon, sable doux, citron passé, mastic ou boue séchée. Même le logo Ami a été adouci. Comme avec cette nouvelle version du sac Paris, où l’emblème Ami en forme de cœur est réduit à la taille d’un bouton de manchette.

Tout bien considéré, cette collection était la quintessence du style français: avoir l’air chic sans efforts superflus, voire sans efforts du tout.

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