Arnaud Montebourg à la rencontre de la filière cuir

Auteur :

Matthieu Guinebault

Publié le
17 sept. 2013

Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a passé deux heures ce matin sur le salon Cuir à Paris. Une inauguration durant laquelle il a assuré de son soutien les présidents des fédérations du secteur, qui lui ont en retour adressé une série de demandes. Mais Arnaud Montebourg était lui aussi venu formuler une demande officielle.

Entouré le temps d'un café des représentants de la filière, le ministre en est très rapidement venu à évoquer la question de la formation. "Je vous demande de proposer un plan de formation concernant certains métiers, afin de reconstituer un savoir-faire là où nous ne l'avons plus. Vous avez le soutien des pouvoirs publics pour reconstituer une offre complète. Et je vais demander aux grands groupes de nous aider. En visitant une nouvelle usine Vuitton à Padoue, je leur ai dit de me faire la même en France. Mais ce n'est pas une question de prix mais de savoir-faire. Ce sera donc notre travail dans les prochains mois".

Un avis partagé par les professionnels, qui souligne les bienfaits d'une meilleure implication des commanditaires auprès de leurs fournisseurs. Soucieux de sécuriser leurs approvisionnements, les grands groupes ont en effet opté pour l'intégration de la production et la valorisation des savoir-faire en amont. Kering a ainsi racheté France Croco, tandis que LVMH rachetait les tanneries Roux. Pour le CNC (Conseil national du cuir), ces cas mettent en évidence la nécessité de tels rapprochements.

Mais les professionnels avaient également des demandes à formuler au ministre. Ils ont ainsi à plusieurs reprises sollicité une vaccination obligatoire des cheptels contre la teigne, qui amoindrit la qualité de peau au sortir des abattoirs. Une demande dûment notée par le ministre qui, rappelant ses origines rurales, a partagé ses doutes quant à l'acceptation d'une telle mesure par l'ensemble des éleveurs. En revanche, Arnaud Montebourg milite pour une meilleure information de ces derniers. "Beaucoup n'ont pas encore compris que le cuir leur permet de valoriser davantage leur production", déplore-t-il.

Les représentants de la filière ont en outre réclamé une diminution des charges sur le commerce et les industries. Le CNC se prononce au passage pour l'ouverture des commerces le dimanche et et la suppression des soldes flottants. Mais l'un des principaux sujets d'inquiétude demeure la non-réceptivité des banques face à la filière. "C'est la maladie du système bancaire français" pour le ministre, qui affiche d'entrée son soutien à la création d'un fond de garantie, actuellement à l'étude dans les fédérations, qui pourra recevoir le soutien des institutions et peut-être des grands groupes de maroquinerie.

Cette visite aura au final soulevé quelques espoirs chez les professionnels du cuir, les dernières visites de ministre sur le Cuir à Paris remontant aux calendes. "Je crois que la dernière visite d'un ministre sur le salon remonte à Jean-Pierre Chevènement dans les années 80", se souvient ainsi le président de la Commission sociale paritaire des cuirs et peaux, Serge Ramière. "Il y en avait eu d'autres, comme Giroux ou Fourcade. Lorsque le salon était à la Porte de Versailles, ces visites étaient systématiques. Mais le secteur et le contexte ont bien changé, depuis".

La filière française du cuir est aujourd'hui forte de 8 000 entreprises, 70 000 salariés, et génère chaque année un chiffre d'affaires de 15 milliards d'euros. En outre, elle exporte chaque année pour 7,8 milliards d'euros de produits. Ce qu'a bien noté Arnaud Montebourg. "Vous contribuez positivement à la balance commerciale, ce qui par les temps qui courent se fait rare", a-t-il souligné. "Notre objectif est donc de vous aider à exporter encore plus".