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Arnaud Montebourg se drape du "soutien-gorge tricolore" chez les Lejaby

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20 janv. 2012

Yssingeaux (Haute-Loire), 20 jan 2012 (AFP) - Arnaud Montebourg, envoyé vendredi 20 janvier par François Hollande auprès des ouvrières de Lejaby en Haute-Loire, dont l'usine ferme, a défendu le "soutien-gorge tricolore" et promis sous les acclamations que la gauche au pouvoir engagerait un "mouvement de relocalisation".


Arnaud Montebourg. Photo : AFP

A son arrivée vendredi matin à Yssingeaux, 7.200 habitants, sur le dernier site de production du fabricant de lingerie en France, l'élu socialiste de Saône-et-Loire est applaudi par les 93 salariés de l'atelier d'assemblage qui vont recevoir leurs lettres de licenciement dans les prochains jours.

Il fait le tour de l'usine, dont certaines employées sont là depuis l'ouverture en 1973, saisit des soutien-gorges qui arrivent ici en kits avant d'être montés, prend la pose en tenant un carton "made in France".

Pour les ouvrières, retrouver un emploi dans la région ne sera pas aisé, d'autant que leur moyenne d'âge s'élève à 52 ans.

"Vous symbolisez la situation du pays", qui a perdu "750.000 emplois industriels en cinq ans", mais "il n'y a pas de fatalité", leur dit-il sous les câbles des machines à coudre, en pointant la responsabilité de "beaucoup d'industriels et financiers qui rachètent les entreprises pour avoir la marque et les brevets, et délocaliser".

Il vise le repreneur de Lejaby, Alain Prost, désigné mercredi par le tribunal de commerce de Lyon, qui garde 194 des 450 salariés en France, au siège à Rillieux (Rhône), mais va produire à l'étranger. Ce dernier assure dans un entretien à l'AFP vendredi n'avoir eu d'autre "choix" que de fermer cette usine.

Est également dans sa ligne de mire le groupe autrichien Palmers, propriétaire de Lejaby depuis 2008, qui a licencié 197 personnes en 2010.

"Il y a beaucoup d'argent en France lorsqu'il s'agit de faire des plans de sauvetage et de renflouement du système financier", mais non pour l'industrie, stigmatise aussi M. Montebourg, dénonçant un gouvernement qui n'a "rien fait" pour empêcher la "désindustrialisation" du pays.

Se réclamant à plusieurs reprises du candidat socialiste à l'élection présidentielle, qui souhaite aussi rencontrer les Lejaby, il explique que le projet socialiste "vise à engager un mouvement de relocalisation des activités qui ont été perdues ces dix dernières années".

Pour cela, "il faudrait amplifier l'action des fonds souverains" tels que la Caisse des dépôts, afin d'investir, et de "mieux se protéger contre la concurrence mondiale déloyale", selon ce chantre de la démondialisation.

L'ex-candidat aux primaires socialistes vante également les reprises d'entreprises par les salariés eux-mêmes. Mais un tel projet n'a pas eu le temps d'émerger à Yssingeaux.

"Ca fait mal, ça arrache les tripes" cette fermeture, témoigne Marie-Claude Jouve, 52 ans dont 32 chez Lejaby, qui veut que la "vie de famille" qui existait dans l'entreprise perdure.

"Nos doigts de fée, il faut qu'on les mette en valeur", ajoute-t-elle. A côté de la corseterie, "le costume d'Arnaud c'est facile !", lui lance Bernadette Pessemesse, de la CGT. Et toutes passent des larmes au rire.

Pour saluer le départ de l'homme politique, les "filles" entonnent sur l'air d'une chanson des Enfoirés : "Tout va en Tunisie, et pour la France tout est fini... On dit merci à Sarko, la France est bien pourrie".

Elles ont voté en assemblée générale le principe d'une occupation du site "le plus longtemps possible", afin notamment de garder les machines. A Rillieux, les personnes licenciées étaient désignées ce vendredi.Par Anne-Pascale REBOUL

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