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Clémentine Martin
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25 janv. 2022
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Arturo Obegero, Alled-Martinez et Oteyza habillent l'homme d'influences espagnoles

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Clémentine Martin
Publié le
25 janv. 2022

La création espagnole s’invite au calendrier de la dernière semaine de la mode masculine à Paris avec trois griffes reconnues. Des propositions très différentes qui, cependant, se rencontrent par la fraîcheur de leurs designs, mêlant la tradition profonde et l’irrévérence juvénile.


 


Dimanche 23 janvier, le créateur espagnol Arturo Obegero, originaire des Asturies, faisait son grand retour dans le monde des défilés physiques avec une présentation intimiste organisée au rez-de-chaussée du 3537, l’espace de Dover Street Market qui accueille depuis quelques jours des pop-ups et même une installation éphémère d’Instagram. Devant une poignée de spectateurs fidèles à la jeune marque et avec un quatuor à cordes en fond sonore, la griffe fusionnait un court-métrage avec un défilé traditionnel.

Violons et dentelle de Calais chez Arturo Obegero

Intitulée « Rue de Rome », la collection était présentée à l’aide d’une vidéo montrant les mannequins dans plusieurs décors typiques de la vie parisienne, comme le métro ou la terrasse d’un café. Les notes élégantes d’Azabache, le premier parfum d’Arturo Obegero présenté lors de la dernière fashion week féminine avec le spécialiste des fragrances Pigmentarium, étaient aussi présentes. Après une promenade au pas de course dans les rues de la capitale, les mannequins sont arrivés rue des Francs-Bourgeois quelques minutes avant le début du défilé physique.

Fidèle à son style exagéré et à son amour pour le théâtre et la danse, le créateur signe une collection d’une vingtaine de looks, plus mature, tournant autour de l’univers du violon. Entre deux rideaux rouges, les silhouettes masculines et féminines avançaient avec la sensualité propre aux défilés du designer espagnol, vêtues de noir sobre, de blanc et de vert émeraude. Des pantalons taille haute à ouvertures latérales, parfois en velours, rappelaient le costume des toréadors.

Des vestes courtes jouaient avec les volumes, avec des extensions de tissu rappelant des châles solennels. Des t-shirts en maille à col bateau cédaient parfois la place à des torses nus surmontés de dentelle noire, paraissant tatouée sur la peau. Les femmes, elles, arboraient des robes asymétriques inspirées d’une lingerie avant-gardiste, avec des cache-tétons provocants ou des bibis en plumes. Mention spéciale à une robe de cocktail pour mariée, première incursion formelle d’Arturo Obegero dans la mode nuptiale. La dentelle de Calais apparaissait dans de nombreux détails, comme les décolletés triangulaires dans le dos ou certains jeux de transparence, dont une réinterprétation sensuelle de la mantille espagnole traditionnelle.


Présentation d’Alled-Martinez au Palais de Tokyo - FNW


Sportswear homo-érotique chez Alled-Martinez



Quelques heures plus tard seulement, l’étage souterrain du Palais de Tokyo accueillait la présentation du designer barcelonais Alled-Martinez. À quelques pas du salon Tranoi, qui a eu lieu au même musée au cours des derniers jours, ce créateur sorti de la prestigieuse école de Central Saint-Martins a projeté un court-métrage de présentation de sa sixième collection depuis le lancement de sa firme éponyme, avec Pau Carrete à la réalisation. Intitulée « Enfant Terrible », la collection de ce créateur qui a fait ses classes chez Givenchy et a été nominé au prix LVMH en 2020 revient à la nostalgie des années 2000.

Inspiré d’une esthétique homo-érotique, le court-métrage idéalise l’adolescence dans une école privée masculine, où l’exploration sexuelle alterne avec des zooms sur des vêtements de style sportif. Un dandy queer vêtu de pièces rappelant l’esthétique des campus américains, où les marcels en coton et les polos rayés à manches longues abondent, côtoyant une surchemise en denim à manches courtes sensuelle, des shorts légers et des pantalons cargo aux tonalités beiges et bleu ciel. « Enfant Terrible » fait figure de logo et de fil conducteur, et signe des maillots de baskets ou encore un t-shirt rouge barré d’une croix blanche, évoquant le drapeau suisse.



Oteyza


Oteyza déroge à son style traditionnel



Fondée par Paul García de Oteyza et Caterina Pañeda en 2012, Oteyza a retrouvé la fashion week de Paris jeudi 20 janvier dernier, au format digital avec une vidéo évocatrice montrant un défilé sur un impeccable fond blanc. Une mise en scène minimaliste qui laisse la vedette aux lignes des silhouettes épurées, allant vers une orientation plus commerciale sans renoncer aux codes de l’élégance espagnole classique. Une évolution qui paraît logique, maintenant que le groupe Perfumes y Diseño est entré au capital de la griffe espagnole en avril dernier.

Depuis, Oteyza tente de se rapprocher du streetwear avec des looks plus décontractés intégrant même des baskets. Les vêtements se veulent plus tendance et plus simples pour continuer à conquérir l’étranger avec un positionnement luxe urbain.

Appelée « Marinas », la collection pour l’automne/hiver prochain cherche son inspiration du côté de l’océan Atlantique, avec des références à l’univers de la pêche ou à l’œuvre du peintre abstrait Nicolas de Staël. Le résultat : des vêtements faciles à porter, au caractère flexible et facilement interchangeables. À l’aide d’une palette de couleurs intégrant des nuances comme le bleu marine, le jaune moutarde, l’orange et les habituels tons noirs, gris et marron, Oteyza réinterprète ses manteaux et costumes classiques à travers un prisme moderne et les accompagne même de capes à capuche. Du côté des accessoires, pensez chapeaux bob, bottes de pluie et serviettes. Et du côté des matières, la laine, le mohair, le mérinos, les cotons égyptiens et le néoprène sont chargés de mettre en valeur les talents des artisans de la griffe.

Récompensée en 2021 du prix Madrid Capital de Moda, décerné par la Mairie de Madrid, la marque conserve son ambition de défiler à nouveau physiquement à Paris dès juin prochain.

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