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22 sept. 2015
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Bernard Arnault : "Le groupe LVMH devrait être géré comme une start-up malgré sa taille"

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22 sept. 2015

Au premier rang du défilé Givenchy de Riccardo Tisci : son patron, Bernard Arnault. Les équipes de CNN Style l’ont rencontré pour parler de Givenchy bien sûr, mais aussi de le place de l'innovation au sein du groupe. Un entretien rediffusé par FashionMag.com
 
 

Sur le succès de Riccardo Tisci

Le talent d’un styliste est primordial, mais cela n’est pas suffisant, c’est pourquoi je pense qu’il y a toujours ce risque d’échec. Il y a de nombreux exemples dans l’univers de la mode : de talentueux stylistes qui collaborent avec de très bonnes marques, mais parfois ça ne prend pas. Les clients ressentent ce qui est vrai, la relation de proximité avec le designer et la marque.

Le défilé de Riccardo est contemporain, mais vous gardez toujours en mémoire Hubert de Givenchy et c’est ce qui explique sa réussite. Parmi les marques que j’ai la chance de gérer, je peux vous dire que le succès se traduit par un mélange entre histoire et modernité, mais aussi quand la créativité du styliste est naturellement liée à la marque. C’est ce qui fait la magie de Givenchy.
 
Sur l’ouverture d’un flagship Givenchy sur Madison Avenue
 

Pour le groupe LVMH, les Etats-Unis sont le marché numéro 1 au monde, puis arrivent l’Europe et l’Extrême-Orient. Aujourd’hui, la croissance en Chine est un peu lente comparée aux dix dernières années, mais on ne devrait pas surestimer ce ralentissement. Peut-être que leur croissance est passée de 7 % à 4 ou 5, mais cela reste un rythme de croissance que nous souhaiterions avoir en Europe.
 
L’innovation au cœur de LVMH

Je dis souvent que le groupe LVMH devrait être géré comme une start-up malgré sa taille. C’est la raison pour laquelle nous pouvons attirer les meilleurs jeunes talents sortis d’écoles et les motiver. Je viens d’embaucher un manager venu d’Apple. Il nous apportera l’agilité, la mobilité et la connaissance d’Internet.

Nous voulons nous éloigner de cette grande organisation basée sur le marketing, et nous concentrer davantage sur une mentalité de start-up.

Lors de mes interventions auprès d’étudiants d’écoles de commerce, la première chose que je dis c’est de ne pas s’attendre à ce que je leur parle de marketing parce que je déteste ça. Notre but c’est de créer des produits, d’inventer, et c’est ensuite le client qui vient chercher le produit qu’il aime. Mais si vous commencez par faire des études de marché, ou des études sur les goûts des consommateurs, très souvent vous allez être perdu avec un produit qui n’est pas celui que vous avez imaginé. Je pense que les très bons produits sont totalement nouveaux.

Nous devons produire, délivrer, expédier et vendre le produit. C’est un travail très organisé, et c’est cette organisation du travail qui doit cohabiter avec la créativité, ce qui dans l’essence, est désorganisé, mais c’est ce qui en fait sa beauté.
 
La plus grande force de Givenchy : son ADN historique

Je me souviens avoir eu une discussion avec Steve Jobs à propos de ses produits. Je lui ai demandé s’il pensait que son téléphone rencontrera le même succès dans 30 ans, ce à quoi il m’a répondu qu’il ne savait pas. Il m’a posé la même question en retour et je lui ai dit : « Steve, je pense que mon Dom Pérignon sera encore utile dans 30 ans. Nous vendons un pan de l’histoire. »

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