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Marguerite Capelle
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22 févr. 2019
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Bottega Veneta : Daniel Lee fait ses débuts avec énergie et maturité

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Marguerite Capelle
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22 févr. 2019

Le principal lancement de Milan cette saison était chez Bottega Veneta, où le jeune créateur britannique Daniel Lee a présenté une déclaration de mode pleine d’énergie et de chic brut de décoffrage, jouant sur de nombreux codes de la marque pour mieux les révolutionner.


Bottega Veneta - automne-hiver 2019 - Womenswear - Milan - © PixelFormula

 
Daniel Lee, qui arrivait d’un poste auprès de Phoebe Philo, a le grand mérite d’avoir proposé quelque chose de tout à fait personnel. Il n’a pas tenté d’imiter une ambiance à la Céline, ni suivi aveuglément des idées préconçues sur l’ADN de Bottega Veneta.

Le résultat était un véritable saut quantique pour se distancer de son prédécesseur et c’est exactement ce qu’il fallait à la maison, avec tout le respect dû à Tomas Maier, qui a gouverné brillamment la maison pendant une décennie.

Le look signature de Daniel Lee était sans doute cette policière sexy, qui paradait en jupe de cuir matelassé et chemise de smoking d’homme en cuir piqué. Elle était suivie par de nombreuses madones à la Matrix, vêtues de trenchs en cuir matelassé cintrés à la taille par de grosses ceintures à boucles en V et associées à de grosses rangers, ou encore des filles à mobs en mini-blousons de motarde et pantalons de cuir Harley Davidson. Curieusement, pour ce défilé mixte, plusieurs hommes portaient presque exactement les mêmes manteaux.

Daniel Lee a aussi fait forte impression avec des cache-poussière métalliques, des robes en tricot à la silhouette svelte, vraiment élégantes, et quelques supers accessoires – notamment les ceintures multiboucles et les escarpins à bout carré rallongés. Le tout, tout à fait net et très adulte.

Tout ne fonctionnait pas – un manteau en laine écru avait l’air d’avoir été ajusté complètement de travers. Et les podiums multiples semaient une grande confusion chez les mannequins, dont plusieurs avaient l’air vraiment perdus. D’autre part, le choix de mise en scène était assez malheureux : Daniel Lee a érigé une tente en plastique géante sur la Piazza Sempione, où le public est resté à griller sous l’intense soleil hivernal de la matinée pendant une demi-heure avant le défilé. Ce qui n’a fait que souligner encore un autre petit défaut : beaucoup des pièces fabriquées dans le fameux cuir « intreccio » de Bottega Veneta avaient l’air assez lourdes.


Bottega Veneta - automne-hiver 2019 - Womenswear - Milan - © PixelFormula


Mais ceci étant, c’était là des débuts plein de courage, par un créateur qui a une esthétique singulière et le cran de l’assumer. « Je ne suis pas très doué avec les mots. J’ai fait de mon mieux. C’est un processus qui a commencé en avril dernier. Je suis heureux de la façon dont ça s’est passé. J’imagine que mon point de départ était : de quoi parle-t-on quand on dit mode italienne ? » a expliqué Daniel Lee.

« L’objectif était d’essayer de faire de beaux vêtements. Mais au moins, j’ai ramené le soleil à Milan », a souri le créateur roux, dans des coulisses totalement sens dessus dessous, où l’équipe de RP passait son temps à répéter à une dizaine de rédacteurs qu’ils ne pouvaient pas poser de questions alors qu’ils le faisaient tous.

« J’ai trouvé ça très, très bon. Une puissante déclaration de mode », a déclaré le grand patron de Daniel Lee, un François-Henri Pinault manifestement ravi. Et qui semblait cependant encore plus enchanté de parler de football. Son équipe familiale, Rennes, a vaincu le Real Betis 3-1 en Ligue Europa, une formidable victoire à l’étranger. Il y a des choses qui sont tout aussi importantes que la mode.

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