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Cachemire indien : la mort de chèvres menace la production de pashmina

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11 mars 2013

SRINAGAR (Inde), 11 mars 2013 (AFP) - Près de 25000 chèvres pashmina sont mortes de faim au Cachemire indien après de fortes chutes de neige haut dans l'Himalaya et selon les autorités, une menace pèse désormais sur la production de laine qui sert à fabriquer de luxueux châles prisés dans le monde entier.

Photo : AFP


Des milliers de nomades élèvent ces petites chèvres sur les terres lunaires et inhospitalières de la région spectaculaire du Ladakh, dans l'Etat du Jammu-et-Cachemire (nord) proche de la Chine, connue pour la beauté aride de ses montagnes et ses monastères isolés.

Environ 50 tonnes de ce duvet très recherché, souvent appelé "l'or en fibre" pour la finesse de son toucher, sont produites dans cette région chaque année.

La laine est prélevée sur le cou de l'animal, là où elle est la plus douce, puis elle est envoyée dans la vallée du Cachemire pour être tissée et transformée en des foulards et châles pouvant atteindre la somme de 800 dollars (615 euros).

Plus l'altitude de l'élevage de l'animal est élevée, plus la qualité de la fibre est grande: à haute altitude, la chèvre produit une laine de meilleure qualité afin de lutter contre le froid.

Mais cette année, près de 25 000 chèvres sont mortes de faim sur le haut plateau du Changtang, à 5 200 m d'altitude: leur fourrage a été enseveli sous d'inhabituels monticules de neige, déplore Rigzin Spalbar, qui dirige le Conseil de développement du Ladakh, un organisme de gouvernance autonome de la région.

"Toutes les routes d'accès aux terres sont bloquées par la neige. Il y a une semaine, nous avons demandé au gouvernement de parachuter du fourrage et des suppléments alimentaires pour les chèvres qui ont résisté", a-t-il expliqué.

"Il m'a fallu sept jours de marche pour atteindre la zone et lorsque je suis arrivé, il y avait des cadavres de chèvres partout autour de moi", raconte-t-il, précisant que le seul contact avec les nomades s'effectue par téléphone satellitaire.

Environ 175 000 chèvres risquent en outre de connaître le même sort si elles ne trouvent pas un moyen d'avoir accès à la nourriture ensevelie sous 90 cm de neige, après l'une des plus fortes chutes de neige en près de cinquante ans, selon Rigzin Spalbar.

Pendant les mois d'été, il ne pleut quasiment jamais à Changtang, ce qui limite la quantité d'herbe. L'hiver, seuls cinq centimètres de neige recouvrent en moyenne le sol tandis que les températures peuvent chuter jusqu'à moins 50 degrés celsius.

"Nous sommes totalement démunis et nous essayons de trouver du fourrage sous forme compacte auprès de l'armée à Leh", la principale ville du Ladakh, à majorité bouddhiste, a indiqué Rigzin Spalbar.

Au cours des dernières années, en raison d'un manque de laine venant du Ladakh, les tisserands du Cachemire ont commencé à importer de la laine pashmina de Chine et de Mongolie pour répondre à une demande en forte croissance. Le nombre de nomades a aussi diminué au cours des dix dernières années, passant de 8 000 à 5 000 aujourd'hui.

La demande pour une laine de cette qualité exceptionnelle a augmenté dans le monde entier et en particulier en Inde, après un renforcement des restrictions sur le commerce illégal de shahtoosh, le "roi des laines" en persan, qui provient d'une espèce rare d'antilope tibétaine vivant à plus de 5 000 m d'altitude dans l'Himalaya.

Des scientifiques de l'université d'agriculture et de technologie de Srinagar, la principale ville du Cachemire, ont toutefois annoncé l'an dernier avoir réussi à cloner une chèvre pashmina, laissant entrevoir l'espoir de maintenir, voire d'augmenter, la population actuelle de chèvres.

La chèvre clonée, qui a bénéficié de l'argent de la Banque mondiale, a été baptisée Noori, "lumière" en arabe. Les scientifiques, qui utilisent une méthode nécessitant peu d'investissements, espèrent en cloner une nouvelle cette année.

Outre les chèvres pashminas, Rigzin Spalbar estime que 100 000 moutons, vaches et yacks risquent aussi de mourir de faim à cause des chutes de neige.

Par Parvaiz BUKHARI

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