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28 avr. 2014
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Carol Lim et Humberto Leon: "Tous les jeunes veulent rejoindre les grandes marques"

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28 avr. 2014

Samedi 26 avril à Hyères, et quelques heures avant leur délibération finale, FashionMag a rencontré les présidents du jury de la partie mode du festival. Amis depuis l'adolescence, le duo américain partage une passion pour la mission de dénicheur de talents, comme pour son travail chez Kenzo qui fait l'objet d'une exposition à la Villa Noailles, à Hyères jusqu'au 25 mai 2014.


FashionMag.com:
Quelle a été votre intention avec cette installation Kenzo à la Villa Noailles ?
Carol Lim et Humberto Leon: Le processus de cette exposition était très intéressant. La première chose que nous avons faite à notre arrivée chez Kenzo, fut de visiter les archives. Nous voulions nous assurer que, quoi que nous fassions, nos vêtements portent en eux l'essence de la marque Kenzo. Ce qui est intéressant, c'est que depuis, nous n'y sommes plus jamais retournés ! L'idée était de déterminer les pièces que nous estimions les plus représentatives de notre identité. Par la suite, notre équipe a été chargée de fouiller dans les archives pour tenter d'établir des ponts. Les archives Kenzo sont immenses et chaque pièce est soigneusement protégée, il vous faut des jours pour trouver quoi que ce soit. Nous avons trouvé génial de sortir des silhouettes mêlant des imprimés différents, et de les placer face à notre dernière collection automne-hiver, qui joue justement avec cette juxtaposition de prints (photo).

L'expo Kenzo à la Villa Noailles à Hyères (83) (DR)


FM: Quelles furent vos directives à votre arrivée chez Kenzo ?
CL et HL: Nous avons eu une liberté totale. Nous sommes venus avec notre propre ambition de rendre hommage à la Maison. C'est ce que nous avons fait par exemple en nous disant "Et si l'on proposait aux hommes l'imprimé 'nuages' que Takada avait proposé aux femmes", pour vous citer un des exemples les plus parlants. "Et au lieu de l'exprimer sur une blouse en soie, si nous le traitions de façon structurée ?" Il était l'un de ces designers qui a marqué les décennies 70, 80 et 90, et aussi le genre de personnes dont on avait envie d'être l'ami. Notre mission, c'est de traduire cette énergie pour aujourd'hui, et aussi pour demain.

FM: L'attrait commercial des projets des finalistes a-t-il prévalu dans vos choix, vous qui possédez la double casquette de créatifs et commerçants ?

CL et HL: Les seuls designers pour lesquels la question nous a semblé importante sont ceux qui souhaitent lancer leur propre griffe. L'une des finalistes (Yulia Yefimtchuk, lauréate de la mention spéciale Opening Ceremony, ndlr) a d'ailleurs déjà commercialisé deux saisons. Nous avons demandé à chacun d'entre eux s'il aimerait fonder sa propre ligne ou s'il préférait rejoindre le studio d'une maison. Seul un (ou peut-être deux), a dit qu'il voulait absolument se lancer en solo. Tous les autres veulent travailler pour les marques.

L'imprimé "nuages" de Takada face à celui du duo Lim & Leon (DR)



FM:
Comment se passent les discussions avec le jury que vous avez composé ?

CL et HL: A quelques heures de la délibération finale, je peux déjà vous dire que cela ne va pas être facile car, même si ce sont des amis, chacun d'entre eux a une personnalité et des opinions très marquées. Tant mieux, d'ailleurs, puisque c'est aussi pour ça que nous les avons choisis. Je pense toutefois que les délibérations risquent d'être particulièrement houleuses (rires).

FM:
Vous avec fondé Opening Ceremony à New York il y a plus de dix ans. Aujourd'hui, il y a des antennes à L.A., Londres et Tokyo. Pourquoi pas encore à Paris où vous passez l'essentiel de votre temps ?

CL et HL: La France a une réputation difficile pour l'entrepreneuriat, en particulier pour les jeunes qui souhaitent se lancer. C'est assez dissuasif de constater cela. Mais nous allons poursuivre les recherches afin de voir si nous pouvons trouver le bon emplacement...

FM: Dans quel coin de Paris verriez-vous s'ouvrir un Opening Ceremony ?
CL et HL: Cela pourrait être dans le Marais bien entendu, mais aussi dans le Xe arrondissement, près du Canal Saint-Martin par exemple. Nous aimons beaucoup cet arrondissement que nous fréquentons depuis bien avant de lancer Opening Ceremony. Nous y avons nos repaires comme "Thanks God I'm a VIP", une boutique vintage (rue de Lancry, ndlr) où nous shoppons régulièrement...

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