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30 avr. 2020
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Centres commerciaux : les flagships vont-ils manquer le déconfinement ?

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30 avr. 2020

Les centres commerciaux de plus de 40 000 mètres carrés pourraient ne pas rouvrir le 11 mai, selon les choix des préfets. Sur les 835 centres commerciaux français, la mesure concernerait 13 % du parc. Soit un peu plus d'une soixantaine d'unités représentant un tiers de la surface des centres commerciaux français. Une mesure qui ne fait pas l'unanimité chez les professionnels, même si les bailleurs se veulent confiants.


Le centre commercial Porte d'Albi il y a quelques jours - Shutterstock


"S’agissant des centres commerciaux de plus de 40 000 mètres carrés, le Conseil National des Centres Commerciaux et ses adhérents s’attacheront dans les prochains jours à comprendre les raisonnements et modes de calcul retenus puis à apporter les réponses attendues par les préfets sur les questions de bassins de vie et leurs rapprochements avec les zones de chalandise de chaque centre commercial", indique le CNCC le 29 avril dans un communiqué.

Un décret doit préciser dans les prochains jours les détails de ce pouvoir donné aux préfets. Les retail parks échapperaient à la règle, la Direction Générale des Entreprises retenant dans son approche les critères d'un ERP, établissement recevant du public clos, couvert et fermé. La question reste entière pour des centres commerciaux mixtes proposant des parties ouvertes et fermées. Les centres commerciaux en plein échapperaient, si le décret confirme ce point, à l'épée de Damoclès préfectorale. Pour les autres grands centres commerciaux, le CNCC se veut confiant dans sa capacité à convaincre les autorités locales.

"Nous pensons que nous avons quelques arguments à faire valoir", explique à FashionNetwork.com son délégué général, Gontran Thuring. "Tout d'abord, le premier Ministre a évoqué comme critère une zone de chalandise qui n'est pas supérieure au bassin de vie. Or, quand on regarde les grosses agglomérations, où ces centres sont généralement situés, ce sont des bassins de vie énormes. Ensuite, ces centres ont des zones de restauration et de cinéma, qui resteront fermées pour l'instant. A ceci s'ajoute les touristes qui ne sont plus là dans les zones touristiques".

A ces éléments, le CNCC ajoute des considérations purement sanitaires. "Il faut garder à l'esprit ce que sont ces gros centres qui sont les plus équipés techniquement et humainement pour appliquer le protocole sanitaire", souligne Gontran Thuring. "Sans oublier les outils de mesure de fréquentation, les outils de climatisation les plus performants… Cela peut paraitre contre intuitif, mais ce sont eux les mieux équipés pour assurer la sécurité sanitaire de leurs clients".

"Qui profitera du report de fréquentation de ces grands centres ?"



Les professionnels de l'immobilier commercial et de la distribution n'ont pas manqué de commenter l'annonce d'Edouard Philippe sur les réseaux sociaux. "Qui profitera du report de fréquentation de ces grands centres ? Internet ? Les petits centres ?" s'interroge ainsi le dirigeant d'un cabinet spécialisé. " Un centre commercial de centre-ville de 10 000 mètres carrés va probablement accueillir une clientèle beaucoup plus dense qu’un centre de périphérie de 40 000 mètres carrés", s'agace de son côté un ancien cadre du CNCC, qui pointe une mesure "discriminatoire et dogmatique".

Du côté des enseignes présentes en centres commerciaux, cette nouvelle limitation est pointée du doigt comme un énième facteur d'incertitude entourant une relance. Comme le rappelait FashionNetwork.com, les règles sanitaires qu'il faudra respecter à compter du 11 mai ne sont toujours pas connues (relire notre dossier "Quelles règles sanitaires pour le commerce de mode ?"). Désormais, certains dirigeants de réseaux se préparent à devoir potentiellement se priver de leurs plus grosses unités, en termes de surfaces comme de chiffre d'affaires. Avec la peur de "rater le coche".

Au point que certains se mettent à évoquer la possibilité de n'ouvrir que quelques commerces de ces centres commerciaux, afin de contenter les préfectures. "Cela me parait compliqué : la règle du succès d'un centre commercial, c'est quand même d'avoir un jeu collectif de l'offre", pour Gontran Thuring. Une chose est certaine : les foncières vont s'atteler à convaincre les préfets. Le 30 avril, Unibail-Rodamco-Westfield annonce confier au bureau Veritas un audit sanitaire de ses centres, en vue d'en améliorer les dispositifs.

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