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Paul Kaplan
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10 févr. 2019
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Chez Jeremy Scott, les tabloïds envahissent le podium

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Paul Kaplan
Publié le
10 févr. 2019

Tout comme Tom Ford, il semble que Jeremy Scott se préoccupe aussi des articles qu'on écrit sur lui. Mais là où Tom Ford préfère se créer un espace de réconfort loin des gros titres, Jeremy Scott en a profité cette saison pour les faire exploser et se complaire dans leur absurdité, dans une collection justement intitulée « Controversy » (Controverse).


Jeremy Scott - Automne-hiver 2019 - Prêt-à-porter féminin - New York - © PixelFormula


Présentée à l'intérieur des Spring Studios à New York, dans une salle blanche qui donnait sur l'Hudson, la collection mixte automne-hiver 2019 du label propre de Jeremy Scott était une explosion ininterrompue de silhouettes ultra-graphiques en noir et blanc - seuls quelques looks gris-bleus s'aventuraient en dehors de la palette principale, aux couleurs du papier journal.

Conçue en collaboration avec l'artiste Aleksandra Mir, la collection était presque intégralement imprimée de couvertures de tabloïds, motifs tirés directement du New York Post et du New York Daily News. Les mots « tragic », « killer », « scandal », « psycho » et « meltdown » (« tragique », « tueur », « scandale », « psychopathe » et « effondrement ») éclaboussaient les robes, les manteaux amples, les trench-coats, les shorts élastiqués (...), tantôt à la manière de grandes taches d'encre, tantôt dans des typographies effet « bulles » qu'on trouve dans les journaux pour adolescents. Ces tenues étaient souvent complétées par des couvre-chefs imprimés : des bérets, des bonnets, des nœuds et bien sûr des casquettes. 

Ces messages intenses étaient imprimés sur du vinyle brillant, du denim vieilli, des bustiers ajustés, des tutus mousseux et des cottes de mailles incrustées de Swarovski, des matériaux qui donnaient une impression générale remplie de frénésie et la sensation étrange d'avoir de la fumée dans les yeux.

La collection se veut « une réfutation de notre obsession collective à l'égard des gros titres outranciers, des fausses informations et du sensationnalisme de certains journaux, qui provoquent des tensions et finissent par nous diviser, non seulement dans la sphère politique, mais aussi dans la culture pop », glisse le créateur dans son  laïus de présentation.

Dans l'ensemble, cependant, le spectacle était empreint d'un bon sens de l'humour - les invités du premier rang ont même eu droit à des chocolats au cannabidiol (pour « se détendre ») et le message de la collection a été diffusé devant un public qui comprenait des anonymes, mais aussi des célébrités qui ont fait les frais des tabloïds - Courtney Love, Hennessey, la jeune sœur de Cardi B, ou encore Rich the Kid.


Jeremy Scott - Automne-hiver 2019 - Prêt-à-porter féminin - New York - © PixelFormula


En plus de sa marque, Jeremy Scott est toujours le directeur créatif de la maison de couture italienne Moschino. Depuis sa nomination à ce poste en 2013, le designer a mené la marque vers de nouveaux sommets, transformant Moschino en l'un des labels les plus performants de l'écurie de sa société mère, Aeffe.

En 2015, l'année même où il a lancé la première collection masculine chez Moschino, Aeffe a signé un contrat de licence pluriannuel avec Jeremy Scott pour produire et distribuer sa griffe, un vote de confiance envers le créateur qui semble toujours d'actualité.

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