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Comité Colbert: "La contrefaçon tue la création"

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30 mai 2012


Le Comité, qui fédère l’industrie française du luxe, présentait le 30 mai au matin sa nouvelle campagne anti-contrefaçon. Campagne qui sera déployée dans les ports et aéroports français, ainsi qu’en Croatie, Hongrie, Roumanie, Slovaquie, République tchèque, et même en Italie.

"Ô miracle !" s’exclame à ce sujet Elisabeth Ponsolle des Portes, déléguée générale du Comité Colbert, lors de la présentation des sept slogans imaginés pour la campagne. Mettant en scène des produits dont la qualité ne laisse aucun doute sur la nature contrefaite, la campagne prend le parti de l’humour. De "Fausse Cartier, vrai casier" à "Êtes-vous prêts à en découdre ?", les slogans entendent prévenir touristes et autres consommateurs des dangers qu’ils encourent en acquérant des produits contrefaits.

Le Comité Colbert met en avant quatre arguments pour convaincre. Le premier n’est autre que le Made in France. "Je crois que c’est l’argument le plus important", indique Elisabeth Ponsolle. "Nous sommes très contents d’entendre parler de ré-industrialisation. Mais il ne suffit pas d’avoir le savoir-faire: il faut savoir le défendre".

L’emploi est ainsi un autre argument de dissuasion, avec une destruction estimée à 30-40 000 emplois par an en France, et 190 000 dans l’Union européenne. Un autre argument porte sur les revenus nationaux, avec 60 milliards d’euros de taxes perdues annuellement par les pays du G20. Argent qui profiterait en revanche aux trafiquants de tous bords. "La contrefaçon finance la criminalité organisée, et menace nos états de droits, pour le Comité Colbert.

Mais, pour Sidney Toledano, président de la Commission Pouvoirs Publics du Comité Colbert et patron de Dior, c'est au-delà des chiffres qu'il faut aujourd’hui toucher les consommateurs. "On sait malheureusement que les consommateurs et plus généralement nos concitoyens sont plus sensibles aux grands messages sur des valeurs que sur des chiffres", explique-t-il, lançant donc fermement son message: "La contrefaçon tue la création !"

Les sites marchands et banques épinglés

"C’est face à l'explosion sur Internet que nous avons voulu lancer cette nouvelle campagne", explique Elisabeth Ponsolle, soulignant la croissance constante du phénomène, devenu au passage plus difficile à appréhender que par le passé. "Il suffit de voir que nous recevons tous, aujourd’hui, des mails nous proposant des produits contrefaits".


Et le délégué général du secteur n’est pas tendre en évoquant les professionnels du e-commerce. La charte commune de lutte, instaurée en 2009 par Christine Lagarde, n’avait en effet été signée que par deux portails: PriceMinister et 2xMoinsCher. "Nous avons déploré l’absence de grandes plateformes, qui revendiquent pourtant le fait qu’elles ont en place des systèmes de vérification", s’étonne donc Elisabeth Ponsolle. "Ce n’est pas forcément un signe de leur bonne foi".

Les acteurs bancaires sont également épinglés, puisque n’ayant pas signé la charte de bonnes pratiques dévoilée le 7 février dernier. "Nous le déplorons d’autant plus que nos amis américains ont réussi à mobiliser les banques, et même Paypal, système de paiement du groupe eBay", rappelle Elisabeth Ponsolle. Reste une confiance certaine dans l’Union européenne, et les mesures préconisées en début d’année dans son Livre Vert. Un texte qui pourrait imposer le refus par les banques de toutes transactions effectuée sur des sites désignés comme illégaux.

En 1994, 200 000 saisies de biens contrefaits avait été menées. Dix-sept ans plus tard, le chiffre atteint les 8,9 millions de saisies, soit une multiplication par 44,5. En Europe, 85% des produits saisis proviennent d’Asie. Pour le Comité Colbert, 90% des contrefaçons de marques de luxe sont le fruit de criminels chinois.

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