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Paul Kaplan
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15 sept. 2017
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Coton : l'Inde très courtisée après les ouragans aux Etats-Unis

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Reuters
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Paul Kaplan
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15 sept. 2017

Les plus grands acheteurs de coton mondiaux se ruent sur l'Inde pour sécuriser leurs approvisionnements, après que les récentes tempêtes qui ont frappé les États-Unis, plus gros exportateur mondial de coton, ont affecté la taille et la qualité de la moisson.


En une semaine, l'Inde a vendu trois fois plus de coton que sur l'ensemble des deux semaines précédentes. - Reuters


En une semaine seulement, l'Inde, deuxième exportateur mondial de coton, a signé des contrats pour vendre environ un million de balles de coton (unité de mesure du coton, ndlr) à la Chine, à Taïwan, au Vietnam, au Pakistan, au Bangladesh et à l'Indonésie - importants fabricants de vêtements pour des marques comme H&M, Zara (Inditex) ou Walmart. Un chiffre considérable, comparé aux 300 000 balles vendues les deux semaines précédentes.

Les négociants pensent que la tendance devrait se prolonger les mois prochains, ce qui pourrait gonfler de 25 % les exportations indiennes pour la saison 2017/18, qui commence en octobre. « Le coton indien a toutes ses chances cette année », a commenté Chirag Patel, directeur exécutif de Jaydeep Cotton Fibers Pvt Ltd, l'un des plus gros exportateurs indiens. « Les acheteurs asiatiques se tournent vers le coton indien et délaissent celui des États-Unis ».

Les ouragans Harvey et Irma ont provoqué des dégâts généralisés aux plantations du Texas et de Géorgie, principaux états producteurs de coton, le Texas étant tout particulièrement touché, selon les négociants. « Il ne fait aucun doute que nous avons perdu beaucoup de coton au Texas. Probablement 500 000 ou 600 000 balles », précise Peter Egli, gestionnaire de risques chez Plexus Cotton Limited, un détaillant basé à Chicago. En 2016, les États-Unis ont exporté 86 % de leur production de coton, dont 69 % en Asie, selon le ministère de l'agriculture.

D'autres producteurs de coton, comme le Brésil ou l'Australie, pourraient aussi bénéficier des déboires météorologiques des États-Unis, mais il leur sera compliqué de s'aligner sur les prix indiens, encore plus compétitifs grâce à une récolte exceptionnelle.

En Inde, premier producteur de coton mondial, les négociants ont vendu leur coton à 80 centimes par livre (en prix coût et fret), soit 2 centimes de moins que les approvisionnements venus des États-Unis. Mais l'Inde pourrait bientôt baisser encore ses prix. En effet, les agriculteurs indiens pourraient bien récolter, sur la saison 2017/18 qui commence ce 1er octobre, 40 millions de balles de coton, un record - ce qui ferait baisser les prix sur le marché intérieur, et rendrait l'Inde encore plus compétitive à l'exportation, selon Chirag Patel.

Selon le ministère de l'agriculture indien, près de 12,1 millions d'hectares de coton ont été plantés pour 2017/18, soit une augmentation de 19 % par rapport à l'an dernier. En 2016/17, l'Inde a récolté près de 34,5 millions de balles de coton. Cette récolte abondante pourrait permettre à l'Inde d'exporter 7,5 millions de balles sur le marché international en 2017/18, contre 6 millions cette année, selon Nayan Mirani, associé de Khimji Visram & Sons, gros exportateur de coton indien. Certains négociants parlent même de 8 millions de balles exportées, à condition que la Chine, le plus grand consommateur de coton, augmente ses importations sur la période. 

Prix attractifs, proximité géographique

Pékin, qui a commencé à vendre du coton de ses réserves depuis le 6 mars, a décidé de mettre un terme à ses enchères journalières à la fin du mois d'août, avant de décider finalement de prolonger ses ventes pour un mois supplémentaire, face à la hausse des prix causée par un approvisionnement plus faible, afin de reconstituer les stocks.

Un négociant basé à Bombay, à la tête d'une compagnie de négoce international, a annoncé avoir reçu une rafale de commande ces dernières semaines, en particulier pour les expéditions trimestrielles de décembre. Ce dernier a souhaité rester anonyme.

Entravée par la hausse du roupie et des prix internationaux peu attrayants, l'Inde avait des difficultés à conclure des accords d'exportation jusqu'à ces dernières semaines. Mais le nivellement récent des prix à l'échelle mondiale a rendu le pays plus compétitif. Outre les prix attractifs, c'est aussi la proximité géographique qui a encouragé les acheteurs asiatiques à se tourner vers l'Inde. Tandis que les cargos en provenance de États-Unis mettent 50 jours à atteindre les côtes du Vietnam, du Bangladesh et du Pakistan, ceux qui viennent d'Inde n'ont besoin que de deux semaines...

De plus, la nouvelle récolte indienne sera disponible à partir d'octobre, alors que les approvisionnements américains n'arriveront sur le marché qu'au mois de janvier, précise Mirani, qui travaille pour Khimji Visram, un exportateur de premier plan.

Les tendances actuelles du marché donnent l'occasion aux acheteurs de se tourner vers des fournisseurs différents, selon Vu Duc Giang, président de la Vietnam Textile and Apparel Association. Et les prévisions d'une production en hausse à l'échelle mondiale devraient soulager les inquiétudes à propos de l'approvisionnement en fibres de coton, toujours selon Giang. Le ministère américain de l'agriculture a annoncé cette semaine que la production de coton aux États-Unis devrait atteindre 21,76 millions de balles en 2017/18, à comparer avec les 20,55 millions prévus le mois dernier.

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