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Crise financière : le luxe fait toujours recette, mais la confiance vacille

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8 oct. 2008

PARIS, 8 oct 2008 (AFP) - L'industrie du luxe résiste pour l'instant à la crise, mais n'échappe pas à un ralentissement de son activité et craint que la tourmente financière ne pousse ses riches clients à limiter leurs achats.


Créations Cartier

Le ralentissement du marché mondial du luxe, à l'oeuvre depuis le début 2008, est aujourd'hui "aggravé" par la crise, mais "il devrait être beaucoup moins marqué que dans d'autres secteurs", explique Annie Girac, conseillère chez l'assureur-crédit Euler Hermes: le marché devrait encore croître d'un honorable 5 % sur l'année, contre 9% en 2007.

"Ce secteur traverse généralement très bien les crises", souligne-t-elle: il peut compter sur une clientèle très aisée, qui accepte sans rechigner des hausses de prix et sur la soif de consommation des classes supérieures des pays émergents, toujours plus nombreuses.

"Nos membres ne rapportent actuellement aucun élément négatif en ce qui concerne leur chiffre d'affaires", assure aussi Elizabeth Ponsolle des Portes, déléguée générale du Comité Colbert, qui représente 70 entreprises françaises, du joailler Cartier au maroquinier Louis Vuitton en passant par Yves Saint Laurent.

"A ce stade, la crise n'a pas d'impact fort et mesurable sur notre activité", confirme Julien Rousseau, directeur marketing de l'orfèvre Christofle, dont les pièces affichent un prix moyen de 100 à 5 000 euros.

Armen Petrossian, président du groupe éponyme, premier exportateur de caviar au monde, affirme lui aussi que l'impact de la crise "n'est pas sensible" sur ses activités.

La belle confiance affichée jusqu'à présent par certaines maisons de luxe semble toutefois vaciller.

"On ne peut être que préoccupés par la situation actuelle", reconnaît Elizabeth Ponsolle des Portes.

"Je ne me hasarderai pas à vous dire que nous avons une confiance en béton armé", confie Bruno Paillard, PDG du numéro deux mondial des champagnes, Boizel Chanoine Champagne, alors que les producteurs de boisson à bulles prévoient pour 2008 une baisse de leurs ventes mondiales de 2 à 3 %, après une année 2007 record.

Principale crainte: que la crise finisse par ébranler les habitudes de consommation des clients fortunés.

"Dans les mois à venir, elle pourrait avoir un impact psychologique très fort sur le client", explique Julien Rousseau.

Fin septembre déjà, le patron de Gucci, Robert Polet, remarquait que "les gens (étaient) plus prudents, surtout pour des achats impulsifs".

"Si avant une grosse acheteuse voulait s'offrir quatre sacs à main, maintenant peut-être qu'elle n'en achètera que trois", expliquait-il dans le quotidien italien La Repubblica.

De même, "le banquier qui avait les moyens de s'acheter un sac à 6 000 euros va raisonnablement attendre un an ou deux avant d'en racheter un", estime Grégory Jette, de la maison de courtage Jefferies.

Le numéro un mondial du luxe, le français LVMH, qui dévoilera jeudi son chiffre d'affaires du troisième trimestre, s'est refusé à tout commentaire. Les dirigeants d'Hermès n'étaient pas non plus disponibles.

Face à la crise, les groupes ne sont pas égaux. "Nous qui sommes plus petits sommes plus fragiles", reconnaît le directeur marketing de Christofle, qui a réalisé 90 millions d'euros de ventes en 2007, loin des 16,5 milliards de LVMH.

"Ceux qui ont une capacité d'investissement élevée, qui peuvent continuer à s'implanter dans les pays émergents, ont un avantage incontestable", explique Annie Girac.

Résister à la crise sera aussi plus facile pour les marques les plus connues, qui pourront faire accepter de nouvelles hausses de prix.

Par Gaëlle GEOFFROY

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