PARIS, 1 juil 2006 (AFP) - La douceur des matières ou des couleurs règne en maître chez Jean Paul Gaultier, Pierre-Henri Mattout et Dries Van Noten, tandis que Kris Van Assche met en scène un gigolo raffiné, dans les collections présentées samedi à Paris lors des défilés de prêt-à porter masculin pour le printemps-été 2007.

Défilé Jean Paul Gaultier lors de la présentation des collections masculines printemps-été 2007 à Paris, le 1er juillet 2006 - Photo : Pierre Verdy/AFP

Jean Paul Gaultier voit l'été tout en fluidité et transparences qui contribuent à estomper une fois de plus les frontières entre masculin et féminin.

Le jean peut être noir et moulant mais sa rude étoffe se retourne largement sur de hautes espadrilles compensées, portées aussi bien par les hommes que par les femmes. Surtout, il s'accompagne d'un blouson gris transparent ou d'une tunique de soie rose dont les pans dépassent d'un gilet pailleté.

Les pantalons sont soyeux, amples pyjamas crème ou plus près du corps. Les bermudas larges et fluides, portés avec des marcels à poches, les shorts satinés complétés de débardeurs à rayures, les délicats hauts de mousseline imprimée d'effigies de rois ou de cavaliers des temps anciens dessinent des silhouettes souples et douces, prêtes pour une ballade en bord de mer, les mains dans les poches.

Défilé Jean Paul Gaultier lors de la présentation des collections masculines printemps-été 2007 à Paris, le 1er juillet 2006 - Photo : Pierre Verdy/AFP

Douceur aussi chez Pierre-Henri Mattout, qui a conçu un vestiaire tout en délicatesse, avec de petites vestes grises sur des chemises rose pâle, des bermudas roses portés sur des caleçons crème, des polos roses et gris sur lesquels se posent de petits noeuds papillon. La palette des couleurs affiche une douceur printannière: blanc, rose, bleu ciel, gris perle, jaune pâle...

Création de Pierre-Henri Mattout lors de la présentation des collections masculines printemps-été 2007 le 1er juillet à Paris

Les blousons à zips se ceinturent bas sous la taille, écussons ou impressions ("Motorcycles Mattout Rentals", "Born to ride") invitent à enfourcher une moto pour une chevauchée à travers les grands espaces.

Chez Kris Van Assche, l'homme joue l'"American gigolo", comme Richard Gere dans le film éponyme de Paul Schrader (1980). C'est "24 heures dans la vie d'un gigolo" qui, du matin, où il apparaît en slip de coton "pied de poule très bien repassé", jusqu'au soir à l'opéra, met "tout en oeuvre pour séduire", explique le créateur.

Défilé de Kris Van Assche lors de la présentation des collections printemps-été 2007, le 1er juillet 2006 à Paris Photo : François Guillot/AFP

Cet homme aime les détails soignés, les chemises blanches et fines, à jeux de transparences ou de nervures, les bandes de satin sur les cols des vestes le soir. Il retourne les manches de ses costumes au-dessus du coude, laissant voir la doublure. Il arbore des trompe-l'oeil qui donnent l'illusion d'un strict gilet ou d'une veste de costume par devant, d'un pull par derrière.

Défilé de Kris Van Assche lors de la présentation des collections printemps-été 2007, le 1er juillet 2006 à Paris Photo : François Guillot/AFP

Des femmes, somptueuses mais plus âgées que lui, l'acompagnent parfois, en costume masculin..

Ancien lauréat du festival de la mode d'Hyères (sud de la France), Romain Kremer a quant à lui donné libre cours à son imagination pour une garde-robe décapante destinée aux hommes qui ne veulent pas passer inaperçus.

Il propose ainsi une combinaison rose saumon, en tissu gaufré, à porter sur une vaste chemise de même couleur aux larges manches plissées, ou une combinaison-bermuda multicolore si échancrée qu'elle laisse apparaître le slip sur les côtés. Ailleurs, des boudins de tissu enserrent les chevilles. Plus sages, des pantalons blancs moulants, une chemise blanche à volants, un bermuda noir pailleté, une tunique de page bleue percée d'oeillets géants...

Inspiration cinématographique aussi chez Dries Van Noten, avec "Rusty James" ("Rumble Fish", 1983) de Francis Ford Coppola avec notamment Matt Dillon. Le film, histoire d'un jeune homme qui admire son frère, Motorcycle Boy, le roi de la ville, mais tentera de le remplacer, est tourné en noir et blanc avec des incrustations de couleur.

Défilé Dris Van Noten lors de la présentation des collections masculines printemps-été 2007 à Paris, le 1er juillet 2006 - Photo : François Guillot/AFP

Dries Van Noten propose de même une collection, sombre et grise au départ, qui va s'éclairant de notes de couleurs, jusqu'à des bermudas et des chemisettes aux imprimés colorés de style "surf", dans des nuances froides et pâles.

La garde-robe associe l'allure sportive et décontractée de pantalons de molleton gris au chic de chemises de coton, froncées à la taille dans le dos. Les pantalons ont la taille basse, les costumes se portent avec une chemise de popeline blanche et des tongs. Les ceintures marquent la taille sur les vestes ou les chemises.

Raf Simons propose de larges shorts aux coupes nettes et précises qui se portent avec chaussures de ville, socquettes et pulls blancs à cols roulés moulants. Des pantalons semblent un assemblage de pièces de tissu qui épousent au plus près le corps. Des tee-shirts bicolores sans manches éclairent d'étroits pantalons noirs, glissés dans des nu-pieds qui grimpent sur la cheville comme des bottines découpées.

Par Dominique SCHROEDER