Draeger, en procédure de sauvegarde, rationalise ses dépenses pour sortir de l'ornière

Auteur :

Marion Deslandes

Publié le
26 avr. 2023

Spécialisée dans la papeterie et la carterie depuis de nombreuses décennies, la société française Draeger s'est diversifiée en 2020 dans les accessoires de mode, en reprenant coup sur coup à la barre du tribunal les filiales françaises à la dérive des enseignes britanniques Tie Rack et Accessorize. Elle a ainsi fait naître en 2021 un réseau à l'enseigne Draeger Paris, commercialisant sacs, foulards, chapeaux et objets de papeterie dans 32 magasins. Mais, face aux difficultés, l'entreprise a sollicité auprès du tribunal de commerce de Paris l'ouverture d'une procédure de sauvegarde le 3 avril 2023.

"La dynamique de croissance de l'enseigne, qui a été forte ces deux dernières années (+24% de chiffre d'affaires depuis 2020), a été très affectée par l'impact du Covid-19 puis l'inflation, notamment l'importante hausse des coûts d'achat des matières premières en 2022", retrace le dirigeant Olivier Draeger.

"Cela a généré un déséquilibre financier. Même si nous avons pu négocier à l'amiable depuis plusieurs mois avec nos partenaires (l'État, les banques, les bailleurs), une des banques a dit non et j'ai préféré demander la protection du tribunal. Nous avons la trésorerie nécessaire pour affronter les prochains mois, l'objectif est d'anticiper un risque de cessation de paiements".

La procédure de sauvegarde signifie en effet qu'une société n'est pas en dépôt de bilan, mais qu'elle traverse une passe difficile nécessitant une réorganisation pour poursuivre son activité. Un plan de sauvegarde peut alors être mis en place par l'actionnaire, si le tribunal le valide. Une autre issue possible étant la conversion de la procédure en redressement judiciaire.

Olivier Draeger, qui continue de piloter l'entreprise, entend élaborer son plan de relance avec les créanciers afin de le présenter cet été au tribunal, et espérer sortir de cette procédure en fin d'année 2023.

Des efforts de rationalisation ont déjà été consentis. "Les charges fixes ont été réduites par des départs de salariés qui n'ont pas été remplacés, par un déménagement du siège pour un espace quatre fois plus petit en favorisant le télétravail, et par la fermeture de quatre magasins à Saint-Etienne, Rennes, Cergy et Montpellier", liste le président. Un million d'euros vont également être injectés dans l'entreprise en mai par les actionnaires, pour "envoyer un signal positif".

Car Draeger reste en croissance, affichant selon lui une hausse des ventes de 17% sur le premier trimestre 2023, par rapport à la même période en 2022. "Notre principal enjeu est aujourd'hui de traiter les pertes d'exploitation. L'entreprise a 130 ans d'histoire, elle a déjà connu des crises et montré sa résilience. Je suis confiant dans notre capacité à ajuster le modèle".

Côté offre, Draeger a opéré une "premiumisation" depuis octobre 2022, qui lui a permis d'augmenter son panier moyen. Un levier important alors que le trafic reste en berne dans les magasins de l'enseigne, souvent "situés dans des lieux très sensibles aux flux, comme à la Défense". De nouveaux fournisseurs ont aussi été contactés en direct, afin de se passer de certains intermédiaires.