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Du corset au "corps souverain", une histoire de la silhouette féminine

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2 févr. 2006

PARIS, 2 fév 2006 (AFP) - Du corset du XIXe siècle au "corps souverain" de notre temps, la mode épouse besoins et désirs de chaque époque, comme en témoigne une exposition, "Corps de mode (s)", qui retrace l'évolution de la silhouette féminine depuis 150 ans.

L'exposition, inaugurée jeudi par Pierre Cardin et le président de la Fédération française du prêt-à-porter, Jean-Pierre Mocho, au salon du prêt-à-porter à Paris, met en scène une dizaine de bustes portant chacun une robe noire représentative d'une époque.

Elle démontre que de nouveaux canons esthétiques, reflétant les moeurs de la société, se définissent périodiquement. "De tout temps, le corps, pour se socialiser, s'est déformé", explique Catherine Ormen, spécialiste de l'histoire de la mode.

En 1855, sous le Second Empire, la bourgeoisie, en pleine expansion, "fixe les normes, dicte les modes". La bourgeoise "confinée dans un univers domestique, assujettie à la bienséance" est "étranglée dans un corset, entravée par une crinoline, brimée physiquement et psychologiquement, réduite aux fonctions de génitrice et de vitrine sociale", souligne Mme Ormen. Le corset affine la taille, maintient le buste, des mètres de crinoline composent "une cage articulée" qui maintient l'homme à distance.

Au tournant du siècle, "la sinuosité de l'Art Nouveau gagne l'architecture et les arts appliqués, animant la silhouette féminine d'ondulations végétales. La minceur s'impose comme un signe d'élégance", explique Mme Ormen. "Un long corset tord le corps en S, projetant en avant la poitrine rassemblée en un seul sein, enserrant la taille, amincissant les hanches pour mieux faire saillir la croupe".

Il faudra attendre encore quelques années après la première guerre mondiale pour voir disparaître le corset. Les femmes se sont affranchies pendant le conflit des normes de séduction imposées par les hommes. "Flottant et non plus ajusté, le vêtement dissimule le corps, mais révèle les jambes", les cheveux sont coupés, apparaît la "garçonne".

En 1935, les couturiers élaborent "une silhouette radicalement différente". "La femme, telle une statue, se dessine en trois dimensions. La mode rallonge, épouse de nouveau les formes du corps", la gaine "sépare les seins" et amenuise les rondeurs, relève Mme Ormen.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, "les épaules s'arrondissent, la poitrine est proéminente, les hanches délicatement arrondies et les jambes, perchées sur de fins talons sont couvertes par une ampleur virevoltante ou une jupe entravée".

Pendant les années 60, "la jeunesse, nombreuse, dotée d'un fort pouvoir d'achat, impose des canons à son image: une silhouette adolescente, déliée et plate, presqu'androgyne".

Quinze ans plus tard, la Française a grandi et grossi. "Le muscle a remplacé le corset et, contrairement aux époques précédentes, c'est le corps qui, désormais, donne sa forme au vêtement", souligne Mme Ormen.

Enfin, à l'aube du XXIe siècle, "le corps souverain exige souplesse, douceur et confort. Les seins se moulent dans les T-shirts, "le ventre, les hanches, le nombril se découvrent", la peau apparaît, éventuellement "tatouée et piercée".

Par Dominique SCHROEDER

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