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E-commerce: la pénurie de main-d’œuvre fait débat

Publié le
4 mai 2011

Le 2 mai se tenait à l’Assemblée Nationale un colloque rassemblant élus et professionnels du e-commerce. Au centre des débats, la pénurie de personnel qualifié pour ce secteur qui pesait 60 000 emplois en 2010, et la crainte aujourd’hui de voir cette croissance compromise par la quête d'effectifs. Une question d’importance alors que 35% des entreprises du secteur annoncent une forte augmentation des effectifs en 2011.

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Sandrine Meunier, DRH d'Yves Saint Laurent, Eric Momboisse, président de la Fevad, Pierre Cannet, PDG du cabinet Blue Search Conseil, Rachel Marouani, directrice CRM et e-commerce de Sephora, et Patrick Seghin, PDG de Damart - Photo: Matthieu Guinebault/Fashionmag.com

Pour l’économiste du cabinet Astarès Nicolas Bouzoux, l’évolution du e-commerce est comparable à la révolution industrielle. "Il n’y a pas pour l’heure de ralentissement", explique-t-il, soulignant à quel point le secteur est vecteur d’embauche pour une population jeune et féminine. Cependant, la quête de personnel qualifié reste problématique. Pour Diane Rivière, DRH d’Amazon.fr, "la recherche porte sur des combinaisons de compétences, avec expérience du e-commerce et esprit d’entrepreneur". Un état d’esprit qui se ferait rare, à en croire Ingrid Tisserand, DRH de Pixmania. "On se retrouve face à des générations qui ne l’ont pas. (…) Il y a peut-être un problème d’éducation à revoir". Pour le consultant en stratégie Eric Marie Bion, "le niveau de jeu devient de plus en plus costaud", et les managers doivent donc être formés en conséquence.

D’où le cri d’alarme de Patrick Seghin, PDG de Damart: "Les démarches d’aides publiques à la formation sont beaucoup trop contraignantes", explique-t-il. "Il faut d’urgence un allègement de la paperasserie". En attendant, nombre d’entreprises ont instauré des formations en interne, à l’image du groupe PPR. "Nous allons lancer une Digital Academy destinée à l’ensemble des marques du groupe", confie ainsi Sandrine Meunier, DRH d’Yves Saint Laurent. "Elle aura pour but de sensibiliser les managers à l’économie numérique". Un travail d’implication qu’approuve Rachel Marouani, directrice CRM et e-commerce de Sephora, pour qui la participation des dirigeants au processus est primordiale. "Le plus gros risque, dans cette transition vers le web, est de voir les initiatives et développements bridés par l’organisation déjà en place".

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Eric Momboisse (Fevad), le Député Bernard Gerard, le Ministre Xavier Bertrand, et Marc Simoncini (Jaïna) - Photo: Matthieu Guinebault/Fashionmag.com

Mais la conversion du personnel existant au numérique ne suffira cependant pas à générer l’expansion voulue par le secteur. D’où la multiplication de nouvelles formations dédiées aux métiers du e-commerce. "Le drame d’Internet, ce sont ces développeurs web que l’on ne trouve plus", déplore Marc Simoncini, fondateur de Meetic et Jaïna Capital, qui souligne le risque de voir s’accélérer la délocalisation des savoirs techniques vers l’Asie. "Les grands succès Internet de demain partiront de Chine ou d’Inde" prévient-il. Un problème qui inquiète le député du Nord Bernard Gérard, alors même que "les entreprises du net ont la chance d’avoir des actionnaires qui les suivent". En clôture du colloque, le ministre de l’Emploi Xavier Bertrand assure les professionnels de tout son soutien. "L’objectif est que vous puissiez recruter ces personnes le plus rapidement possible", assure-t-il. "Voilà pourquoi je suis prêt à travailler avec vous à surmonter ces obstacles".

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