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Entre haute couture et prêt-à-porter, le "prêt-à-couture" se fait une place

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15 janv. 2008

PARIS, 15 jan 2008 (AFP) - Quelle cliente est prête aujourd'hui à attendre plusieurs semaines pour une robe ? Pour répondre aux nouveaux mode de vie des femmes argentées, le "prêt-à-couture", intermédiaire entre prêt-à-porter de luxe et haute couture, se fait une place au soleil.


Chanel collection automne-hiver 2007/2008

"La haute couture, c'est Versailles : on est content qu'il y ait encore des gens qui viennent visiter le château", lance Jean-Jacques Picart, conseiller du groupe de luxe LVMH (Givenchy, Céline, Kenzo...) et de Dior. Mais le concept est "tellement obsolète en termes d'activité commerciale", estime-t-il.

Encore une centaine au lendemain de la seconde guerre mondiale, les maisons de haute couture ne sont plus qu'une poignée aujourd'hui et le nombre de femmes qui s'habillent uniquement en haute couture, c'est-à-dire en modèles exclusifs faits sur mesure, se compte en quelques centaines.

Les femmes n'ont "pas toujours envie de faire trois essayages et de mettre trois semaines pour avoir une robe parfaite", souligne le président de la Fédération française de la couture, Didier Grumbach.

D'où l'émergence d'une "hybridation" que les milieux de la mode italiens ont baptisée "prêt-à-couture", explique l'historienne de la mode Lydia Kamitsis.

"Il y a des solutions intermédiaires qui sont des concessions : un modèle pas tout à fait terminé qui peut donc être totalement terminé sur la cliente", précise M. Grumbach.

Le terme "prêt-à-couture" n'a "même pas deux ans", note Mme Kamitsis. Mais on retrouve un concept similaire chez les "nouveaux couturiers" des années 60, comme Pierre Cardin ou André Courrèges. Ils inventent alors "une ligne intermédiaire" : des vêtements en demi-mesure, fabriqués en petites séries, avec des ajustements pouvant être faits sur la cliente. C'est "de la haute couture, c'est-à-dire quelque chose d'un peu exceptionnel en termes de qualité, mais plus accessible du point de vue des prix" et destiné à une clientèle plus jeune.

L'objectif du "prêt-à-couture" est de s'adapter à la "nouvelle manière de vivre des femmes", à leur "mobilité", mais aussi de répondre à leur demande de "quelque chose d'unique" ou du moins "d'un peu particulier", souligne Mme Kamitsis. "On veut moins de la mode que du particulier, de l'exceptionnel", selon M. Picart.

Chez Chanel, "on s'est rendu compte qu'il y avait une demande de plus en plus importante de produits, pas exclusifs comme de la haute couture, mais un peu hors du commun, un peu exceptionnels, hors collections habituelles", explique une porte-parole de la griffe, Véronique Lopez.

Chanel propose donc, outre sa haute couture et son prêt-à-porter, une collection qui met en avant le savoir-faire de ses artisans (plumassiers, brodeurs...). "C'est du prêt-à-porter", souligne Mme Lopez, mais "sophistiqué", conçu "dans un esprit couture" et fabriqué "en édition relativement limitée".

Pour Lydia Kamitsis, cet "esprit de nouvelle couture" se développe surtout dans de petites maisons, chez des créateurs comme Gustavo Lins, Felipe Oliveira Baptista ou Richard René. Ils proposent des vêtements "beaucoup moins onéreux que la haute couture, mais avec la qualité, l'attention particulière portée à la clientèle de la haute couture", souligne-t-elle.

De même, la maison Margiela, avec ses pièces exceptionnelles en toutes petites séries, "ne fait pas de la couture mais quelque chose qui en est très, très proche", estime M. Grumbach. Comme Azzedine Alaïa, qui "ne fait pas à proprement parler de la haute couture mais adapte les modèles sur la cliente".

Pour le président de la Fédération de la couture, "il y a une tendance inéluctable au rapprochement" entre prêt-à-porter des créateurs et haute couture qui "petit à petit seront de plus en plus assimilables".

Par Dominique SCHROEDER

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