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Paul Kaplan
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21 oct. 2020
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Face à la baisse des exportations, l'inquiétude des travailleurs textiles au Bangladesh

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Paul Kaplan
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21 oct. 2020

Shahidullah Azim, le propriétaire d'une usine de vêtements au Bangladesh, a licencié 20% de ses employés suite à la première vague de la pandémie de coronavirus. Témoin impuissant de la deuxième vague qui se propage actuellement en Europe et aux États-Unis, celui-ci redoute "une crise sans précédent".


Reuters


Et il n'est pas le seul. Au Bangladesh, le deuxième producteur mondial de vêtements après la Chine, le secteur textile tout entier s'inquiète car que les détaillants internationaux retardent ou annulent leurs commandes, exigent des réductions de prix importantes, ou s'abstiennent tout simplement.

"C'est un désastre. Nous prenons des commandes juste pour survivre", se désole Siddiqur Rahman, qui fabrique des vêtements pour le compte de grandes enseignes internationales, dont H&M et GAP ."Nous avions prévu que les commandes reprendraient avant la période de Noël, mais non."

Les clients de Siddiqur Rahman exigent parfois des remises allant jusqu'à 15%, rendant la reprise encore plus difficile pour le fabricant.

Au cours de l'exercice décalé qui s'est terminé en juin, les exportations de vêtements du Bangladesh ont atteint 27,94 milliards de dollars (23,6 milliards d'euros), en baisse de 18% par rapport à l'exercice précédent.

Certes, il y a eu un rebond de moins de 1% au cours du trimestre de juillet à septembre, grâce à une augmentation de la demande pour les articles en maille, qui représentent la moitié des exportations totales de vêtements du Bangladesh.

Mais près de la moitié des usines fabriquant des produits en jersey et en maille (comme des t-shirts et des pulls) ont du mal à maintenir l'activité, tempère Selim Osman, le président de l'Association des fabricants et exportateurs de maille du Bangladesh. Celui-ci avertit d'ailleurs qu'"une deuxième vague pourrait retarder davantage la reprise des activités".

Le Bangladesh a bâti son secteur de l'habillement — qui représente 4000 usines employant 4 millions de travailleurs — grâce à des salaires bas. La confection de vêtements est un pilier de son économie, contribuant à près de 16% du PIB du pays, selon la banque centrale.

Shahidullah Azim, qui fournit des détaillants européens et nord-américains, a été obligé de supprimer un emploi sur cinq dans son usine. "Et c'est comme ça pour la plupart des usines", précise-t-il. "Maintenant, la deuxième vague a commencé. Nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve".

Les experts craignent que le pays d'Asie du Sud ne soit lui-même confronté à une nouvelle poussée d'infections pendant l'hiver. Le Bangladesh a enregistré jusqu'ici 390.206 cas, dont 5.681 décès.

Environ un tiers du million de travailleurs mis à pied ou licenciés ont été réembauchés depuis juillet, selon les dirigeants syndicaux. Mais de nombreux travailleurs ont du mal à survivre sans la rémunération des heures supplémentaires, qui représente d'ordinaire 20% de leur revenu mensuel.

"Sans heures supplémentaires, il devient trop difficile de joindre les deux bouts", confesse Banesa Begum, une employée de Gazipur, une ville à la périphérie de la capitale, Dhaka."Je prie pour que mon usine reçoive plus de commandes, afin que nous puissions survivre."

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