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22 avr. 2022
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Fashion Revolution Week: de nombreux changements nécessaires pour la filière mode

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22 avr. 2022

Du 18 au 24 avril s'est tenue la Fashion Revolution Week tricolore, qui offrait un vaste programme de conférences et visio-conférences dédiées aux enjeux durables du textile-habillement. Une multiplicité des sujets qui a souligné la lourde tâche attendant les professionnels, mais aussi les avancées et outils se créant autour de cette sensibilisation.


Fashion Revolution


A Paris, Lyon, Marseille, Nantes et Rennes, en passant par Angers et Clermont-Ferrand, les rendez-vous n'ont en effet pas manqué. Max Havelaar, Oxfam France, la Confédération du lin et chanvre (CELC), Clear Fashion, Fask Marseille, IFA Paris, Casa 93 et autres marques et instances ont échangé leurs vues pendant une semaine sur des enjeux allant de l'impact climatique de la filière, en passant par ses conditions de travail et inégalités de salaire, en passant par de nouveaux outils de traçabilité comme la blockchain, sans oublier le greenwashing.

Un point sur lequel Audrey Millet, auteure et chercheuse à l'Université d'Oslo, a insisté pour ceux qui croiraient à une amélioration de ces communications abusives. "C'est assez inquiétant dans la mesure où l'on a du mal à savoir ce qu'il se passe (sur le terrain, ndlr)", indique la spécialiste. "Des étapes de production, il y en a beaucoup: agir sur une seule ça ne suffit pas, mais c'est aussi important que les marques le fassent savoir. Nous sommes donc pris entre l'hypocrisie de certaines marques et la volonté de mieux faire d'autres marques".

Des points négatifs toujours bien présents dans la filière



"La fragmentation de la production de mode est un problème", pointe de son côté Valérie de Mazières. L'anthropologue spécialisée dans la mode et le luxe à l'EHESS pointe un maillage géographique dont la seule finalité est de pouvoir acheter toujours moins cher. "Les Britanniques achètent 40 tee-shirts par an, contre 16 pour les Américains, et 6 pour les Français (…). Dans cette logique de coût, on assiste dernièrement à une 'recolonisation' de l'Afrique, à qui on fait miroiter des emplois textiles via de lourds investissements industriels. Mais sans préciser les pauvres conditions de travail, dont on en vient à se demander si elles ne sont pas intrinsèques à la mode elle-même".  

Une internationalisation de la production derrière laquelle se cache l'une des principales révolutions en cours dans la filière: la traçabilité. Tardivement poussées par les États, les marques ont entrepris de cartographier le parcours de leurs produits. Domaine dans lequel la blockchain s'impose progressivement comme une solution à la fois sécurisée et transparente, mais pas sans limites. "Il y a des pays qui bloquent certaines remontées d'informations, comme la Chine", explique Sylvain Cariou, PDG du spécialiste Crystalchain, qui collabore notamment avec le groupe Chargeurs. "Il faut aussi savoir s'adapter à la multiplicité des process, avec parfois des lots de produits éclatés sur différents parcours. Se pose aussi la question de la compatibilité technique entre les différentes bases de données".

Si la RSE s'est invitée depuis plus d'une décennie dans les évolutions souhaitables de la mode, l'inclusivité a depuis rejoint la liste des révolutions qui attendent la filière. C'est dans ce cadre que Muriel Robine a présenté son association havraise Cover Dressing et son site BienaPorter, qui aide les clients à trouver marques et vêtements compatibles avec certaines contraintes physiques ou sanitaires. Cela inclut les besoins des paraplégiques s'habillant assis, des personnes souffrants d'amputation ou de syndrome du canal carpien, d'effets secondaires d'une mastectomie, de problèmes musculaires et autres.

"Les marques n'ont pas forcément le temps de se pencher sur ces questions", déplore Muriel Robine. "Or l'habillement est pour beaucoup de personnes une entrave dans leur vie quotidienne. Plus on parlera de nous, plus nous serons sexy aux yeux des marques !"

Certaines des conférences de la Fashion Revolution Week française sont à présent accessibles via les pages Facebook et Instagram de l'événement. L'édition 2023 aura quant à elle une teneur particulière: à l'origine des campagnes Who Made My Clothes, Fashion Revolution est en effet né suite au drame de Rana Plaza, effondrement d'une usine textile de Dhaka qui avait en 2013 fait plus d'un millier de morts et attiré l'attention sur les aspects les moins reluisants de la filière mode.

 

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