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28 févr. 2023
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Fausse fourrure: le français Ecopel entre au capital de l'espagnol Areto Textil pour construire un leader européen

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28 févr. 2023

Après avoir racheté l'espagnol Silmatex, le spécialiste français de la fausse fourrure Ecopel acquiert cette fois Areto Textil, discrète mais massive unité de production installée au nord-est d'Alicante. Un site que FashionNetwork.com a pu visiter à la veille de son acquisition (le montant de la transaction n'a pas été dévoilé, ndlr) et qui pourrait être les prémices d'une diversification des activités d'Ecopel.


Les fibres de laine et coton préparées pour rejoindre les machines à tricoter circulaires - Matthieu Guinebault/FashionNetwork


L'entreprise Areto Textil est installée dans la petite ville de Biar, construite au pied d'une des nombreuses forteresses sarrasines du Xe siècle gardant les collines valenciennes. L'entreprise a été fondée en 2007 par les trois frères Arenas Torres. Trois frères pour trois unités de production: tissage, teinture et fabrication de fausses fourrures.

Cette dernière activité a été un coup de cœur pour le dirigeant d'Ecopel, Christopher Sarfati, qui s'avoue avoir été étonné de découvrir en Europe une unité de cette envergure, alors même qu'il cherche à développer la production européenne de fausses fourrures en parallèle de ses productions chinoises.

Ecopel avait dans cette optique déjà racheté l'entreprise française Peltex en 2019, permettant de générer quelque 3% de la production hors de Chine. Puis vint la crise sanitaire qui, avec la fermeture de l'empire du Milieu, a dopé de 30% la demande de fausses fourrures, engendrant pour Ecopel un accroissement de 50% du chiffre d'affaires, et lui permettant de franchir la barre des 100 millions d'euros. Avec l'acquisition de Silmatex puis d'Areto, Christopher Sarfati espère voir un cinquième de ses fausses fourrures produites en Europe.

Site multifonction, champ de diversification



Sur site, laine et coton sont nettoyés de leurs impuretés, et les fibres lentement transformées en "boudins" destinés à alimenter une trentaine de machines à tricoter circulaires tournoyant dans une vaste et lumineuse pièce voisine. Les fibres y sont là mariées à une base de polyester pour constituer la forme brute d'une fausse fourrure, unie ou à motif jacquard.


Une trentaine de machines à tricoter circulaires réunissent une base en polyester et les fibres de coton et laine pour former une version brute de la fausse fourrure - Matthieu Guinebault/FashionNetwork


Une fausse fourrure dont la longueur sera par la suite égalisée selon l'effet recherché, assoupli ou "curly" (frisé) selon les besoins. Puis la matière est traitée dans une machine acceptant jusqu'à 3,20 mètres de largeur. "Là où nous travaillons sur 1,5 mètre en France, et 1,8 mètre en Chine", souligne Christopher Sarfati, par-dessus le ronronnement de sa future acquisition.

Reste qu'Areto Textil ne fait pas que de la fausse fourrure, et pourrait à ce titre marquer un tournant dans l'activité d'Ecopel. Deux autres unités voisines sont en effet respectivement dédiées au tissage et à la teinture.

Dans cette seconde section, parmi une vingtaine d'imposantes machines, dont une proposant un procédé de fixation via chaleur et humidité (ce qui se fait généralement à sec), l'entreprise cache trois rutilantes machines modernes d'impression digitale. De quoi donner l'idée à Christopher Sarfati de venir y chercher de nouvelles pistes de transformation pour ses fausses fourrures.


La fausse fourrure est taillée, assouplie ou "curly" (frisée) selon les longueurs et attributs recherchés - Matthieu Guinebault/FashionNetwork


De même, l'unité de tissage installée une centaine de mètres plus loin pourrait ouvrir la porte à des contre-collages de matériaux au revers des duvets, explique le dirigeant d'Ecopel. Et pourquoi pas aller encore plus loin: le site inclut un vaste terrain en jachère, parfait pour une éventuelle unité dédiée à la façon, qui créerait un site verticalement intégré de production de vêtements, de la matière au produit fini.

D'autres acquisitions en perspective 



Mais pour l'heure, Ecopel garde un œil sur l'Italie. Le projet de reprise du "plus gros fabricant local de fausse fourrure", qu'évoquait Christopher Sarfati pour FashionNetwork.com en juillet 2022, serait toujours en cours de négociation.


Areto Textil dispose de machines dédiées à la teinture. - Matthieu Guinebault/FashionNetwork


En parallèle de sa croissance via des acquisitions, Ecopel poursuit la transformation de ses matières. En 2019, la structure étrennait avec Stella McCartney sa fausse fourrure Koba, réalisée en résidus de maïs. Une matière qui pèserait désormais près du quart de l'activité, tandis que 40% du chiffre d'affaires viendrait des fausses fourrures en polyester recyclé.

Cette volonté de sortir de l'acrylique et du modacrylique amène aujourd'hui l'entreprise à étudier les possibilités ouvertes par le chanvre, les orties et autres matériaux organiques. Un défi proportionnellement complexe à la longueur des poils recherchés, indique l'entreprise, la longueur des fibres naturelles étant plus aléatoires que dans l'univers du synthétique.


Areto Textil dispose d'une unité de tissage, ainsi que de trois récentes machines d'impression numérique. - Matthieu Guinebault/FashionNetwork


Cette évolution d'Ecopel vers de nouveaux matériaux de base s'inscrit dans l'aspiration récente des consommateurs à plus de matières naturelles. C'est aussi travailler contre un argument des détracteurs de la fourrure synthétique, et en particulier les acteurs de la fourrure animale, qui pointent la pollution engendrée par les fourrures issues du pétrole. Des acteurs qui, comme les médias, voient désormais Ecopel être cité en exemple par les militants des droits des animaux de Peta France dans leurs derniers communiqués.

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