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19 nov. 2018
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Gilets jaunes : -39 % de fréquentation dans les centres commerciaux le samedi

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19 nov. 2018

La fréquentation des centres commerciaux a chuté de 39 % samedi 17 novembre, jour de mobilisation des gilets jaunes, selon le Conseil National des Centres Commerciaux (CNCC). L’Alliance du Commerce évoque pour sa part des enseignes ayant perdu 50 % de leurs ventes sur la journée, d’autres connaissant même des ventes nulles. Le tout sur fond d’inquiétude quant à la suite du mouvement.


Blocage de la zone commerciale de Vendenheim, au nord de Strasbourg, le 17 novembre - AFP


Si quelques commerces avaient annoncé qu’ils resteraient portes closes, nombreux sont ceux qui ont ouvert le week-end dernier. Le CNCC évoque un recul de 39 % sur la journée du samedi, après une hausse de 13 % par rapport au niveau habituel le vendredi après 18h pour des « achats de précaution », puis une nouvelle hausse de 54 % pour les commerces ouvrant le dimanche pour des « achats de rattrapage ». Soit, sur les trois jours, une fréquentation en baisse de 18,5 % par rapport aux niveaux habituels. Des chiffres qui cumulent les données recueillies auprès de quelque 170 centres commerciaux, galeries marchandes et parcs d’activité commerciale cumulant plus de 10 000 commerces.

« Il y a eu d’une part les clients qui se sont retrouvés coincés à des barrages, mais il y a aussi eu ceux qui ont eu peur d’être bloqués et ne se sont pas déplacés », indique Yohann Petiot, délégué général de l’Alliance du Commerce, qui intègre notamment la Fédération des Enseignes d’Habillement (FEH). « Les centres-villes étant moins touchés, les centres commerciaux ont été principalement impactés. Le fait que le mouvement ne soit pas réellement encadré et structuré, et que quelques personnes suffisent pour bloquer un accès, il y a une vraie inquiétude quant aux suites du mouvement. Surtout que cela se poursuit ce matin (19 novembre, ndlr), avec des enseignes nous indiquant ne pas être accessibles. »

« Les commerçants ont d’ores et déjà subi samedi une baisse de chiffre d’affaires comprise entre 20 % et 50 %, voire près de 75 % pour certaines enseignes », pour William Koeberlé, président du Conseil du Commerce de France (CdCF). « Au global, sur le week-end, la perte de chiffre d’affaires est d’au moins 30 %. Sans compter les commerçants qui ne sont pas ouverts le dimanche et pour lesquels tout est définitivement perdu. En cette période de préparation des fêtes de fin d’année, les prochaines semaines constituent la principale période d’activité du commerce, celle qui permet aux commerçants d’équilibrer leur compte d’exploitation. »

Du côté des centres commerciaux, le timing malencontreux de la mobilisation est également pointé du doigt. « Nous sommes à la veille des achats de Noël et, plus immédiatement, du Black Friday, explique à FashionNetwork.com Gontran Thüring, délégué général du CNCC. C’est une période stratégique, à forte fréquentation. Ce serait donc très douloureux que les blocages se poursuivent. Ceetrus (qui gère les galeries marchandes d’Auchan, ndlr) a eu au total 12 sites bloqués. Sachant que nous avions eu un très mauvais mois de septembre et qu’en octobre nous sommes repartis sur une bonne tendance, il ne faudrait pas que ce mouvement interrompe cette tendance. »

L’inquiétude des commerçants est particulièrement grande dans l’habillement. Secteur qui, après un début d'année très morose (-4 % sur neuf mois), a connu une chute de 16,2 % des ventes en septembre, puis une hausse de 4,8 % en octobre ne compensant pas le fossé de 14,5 % creusé en octobre 2017. Le mois de novembre, qui marque le début des ventes de Noël, était donc attendu de pied ferme pour tenter de redresser la barre. Et notamment le Black Friday, week-end de promotion qui se tiendra du vendredi 23 au lundi 26 novembre, auréolé de nombreuses promotions supplémentaires. Un rendez-vous qui, si les blocages devaient se reproduire samedi, profiterait davantage à la vente en ligne.

Les espaces commerciaux des périphéries de grandes villes et villes moyennes sont apparus comme étant les cibles les plus visées par les manifestants, notamment car leur desserte via rocade offre des possibilités de blocage simplifiées. A ceci s'ajoute le fait qu'ils concentrent une grande partie de la circulation périurbaine le samedi. En outre, le dégagement de l'accès à ces zones ne serait pas considéré comme prioritaire par les préfectures, nous indique une source.

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